Publicité

Alors que l’once d’argent se négocie actuellement aux alentours de 16 dollars, plusieurs éléments de marché incitent de nombreux analystes financiers à juger ces cours, non seulement particulièrement sous-évalués, mais également susceptibles d’une forte hausse dans les deux ans à venir pour atteindre des niveaux compris entre 20 et 30 dollars l’once.

Historiquement, le rapport entre le prix de l’or et celui de l’argent a toujours été de l’ordre de 16 pour 1. Ainsi, de l’Antiquité à l’époque moderne, sauf à quelques moments très précis de l’histoire (et généralement pour des raisons politiques) une once d’or a toujours représenté environ 16 onces d’argent. Pourtant, depuis quelques décennies, on constate que la valeur financière de l’argent tend à s’éroder progressivement par rapport à celle de l’or au point qu’une once d’argent ne représente plus aujourd’hui que 1/75e de la valeur d’une once d’or !

L’or et l’argent : deux métaux précieux qui se différencient par leur rareté

Le ratio historique de 16:1 entre les deux métaux précieux ne doit rien au hasard. En effet, dès les premiers âges, les hommes avaient constaté que l’argent, même s’il restait très rare, était malgré tout plus fréquent que l’or. Géologiquement, on considère en effet que la quantité d’argent présente dans la croûte terrestre équivaut, encore aujourd’hui, à 16 fois la quantité d’or pur (on parle de 15 à 20 fois mais ça ne change pas grand chose). De la même façon, la production minière d’argent a toujours plus ou moins respecté ce ratio de 16 pour 1 par rapport à la production aurifère. Sauf depuis quelques années !

Depuis plusieurs années en effet, le secteur de l’argent connaît un déficit d’approvisionnement par rapport à la demande qui, elle, ne cesse d’augmenter. Depuis 2000, il n’y a eu que quatre années où les producteurs mondiaux d’argent ont dégagé un excédent, mais d’une manière générale l’offre ne peut plus suivre la demande. On pourrait croire qu’une telle situation serait de nature à faire flamber les prix du métal blanc, comme c’est le cas dans n’importe quel secteur de l’économie de marché. Et pourtant, il n’en est rien, l’argent reste extraordinairement « bon marché » au regard d’une situation de pénurie croissante.

Une pénurie d’argent organisée

Le coupable, on le connaît : l’argent-papier, ces fameux contrats négociés sur le Comex qui jouent sur les variations présentes et à venir des cours des métaux précieux, et qui ont pour effet délétère de gonfler artificiellement la quantité de métal réellement en circulation.

Publicité

Certes, ces contrats sont théoriquement assortis d’une obligation de livraison physique mais elle n’est jamais demandée ; les contrats se négocient entre les investisseurs pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des paris de plus en plus déconnectés de la réalité. Ainsi, il est désormais possible de négocier plus d’un milliard d’onces d’argent par jour avec ces instruments purement spéculatifs, alors que c’est tout juste si la production mondiale atteint ces quantités en une année entière (et on parle ici des meilleurs années). On comprend ainsi qu’avec une quantité théorique d’argent plusieurs dizaines de fois supérieures à la quantité réellement en circulation, le cours de l’argent physique est artificiellement maintenu au plus bas.

Conséquence directe, alors qu’aucun nouveau gisement massif n’a été découvert depuis quasiment 5 ans, les activités d’exploration de la plupart des entreprises ont été complètement arrêtées en raison du faible prix de l’argent. L’exploitation n’est plus rentable, même au Mexique, premier producteur mondial, en dépit des faibles salaires et d’une technologie vieillissante largement amortie.

Une demande qui existe pourtant et qui ne cesse de croître

Pourtant, les besoins en argent massif existent bel et bien et 60% de la demande provient des industries nouvelles en pleine expansion. Avec une conductivité électrique et thermique plus élevée que n’importe quel autre métal et une capacité de réflexion optique sans pareil, les propriétés uniques du métal précieux le rendent indispensable dans les domaines de l’électricité, de l’électronique et de l’optique ainsi que dans dans l’électrotechnique (soudures hi-tech), dans les matériaux de contact (principalement dans les relais) ou encore dans la fabrication de matériaux conducteurs. Mais la demande devrait surtout exploser avec la montée en puissance des nouveaux secteurs industriels comme par exemple celui des véhicules électriques (autonomes ou non) ou encore celui des énergies renouvelables.

Depuis 2011, le secteur photovoltaïque représente une part importante de la demande d’argent et constitue même désormais la technologie la plus prisée des investisseurs avec 167 milliards de dollars investis en 2017. La Chine, en particulier, souhaite augmenter sa capacité photovoltaïque à environ 110 gigawatts d’ici 2020, ce qui va exiger une utilisation accrue d’argent pour les années à venir.

Ainsi, ce sont près de 600 millions d’onces d’argent qui sont demandées chaque année par tous ces secteurs, sur une production qui, on l’a dit plus haut, peine à atteindre les 1000 millions d’onces (en 2016, la production d’argent a atteint « seulement » 880 millions d’onces), tout en sachant que l’argent disparaît purement et simplement dans la plupart des processus industriels et qu’il est de toute façon presque impossible à recycler.

Un cours de l’argent particulièrement sous-évalué

Pour toutes ces raisons, sans la stratégie d’étouffement organisée par les banques et les fabricants d’argent-papier, le cours du métal précieux devrait atteindre des sommets. D’autant que le ratio de production qui a pendant des millénaires servi de jauge à la valorisation de l’argent par rapport à l’or n’est plus de 16 pour 1. En 2017, il parvenait à peine à la moitié seulement : 25 000 tonnes d’argent produites contre 3150 tonnes d’or, soit 8 fois plus seulement (et non plus 16). Rien que sur ce ratio, la valeur de l’argent devrait se situer au double de ce qu’elle est aujourd’hui. Mais compte tenu de la demande croissante pour le métal blanc dans un très grand nombre de domaines en forte progression, en considérant l’argent comme aussi précieux que l’or à la différence près qu’il est moins rare, le cours de l’argent devrait naturellement être 8 fois moins élevé que celui de l’or, soit avoisiner les 150 dollars l’once !

Pour autant, on se doute bien que ce niveau a peu de chance d’être atteint. Néanmoins, en raison de l’instabilité désormais chronique des marchés financiers et d’une volatilité qui revient en force à mesure que s’accroissent les risques politiques et économiques un peu partout sur la planète, les actions risquent de connaître une nouvelle crise majeure avant longtemps, laquelle n’épargnera pas les fameux « métaux-papier » au profit des métaux physiques dont les cours devraient remonter mécaniquement.

De la même façon, on peut supposer que, stimulées par l’illusion d’avoir sauvé l’économie mondiale à court terme, les banques centrales du monde entier relanceront leur politique monétaire expansionniste en injectant toujours plus de monnaie sans contrepartie significative dans un système financier mondial délabré. À moyen ou long terme, une telle stratégie ne peut avoir que des conséquences désastreuses qui nous ramèneront un siècle en arrière, à l’époque des grandes dépressions. Là encore, les métaux précieux pourraient figurer parmi les gagnants de cette fuite en avant suicidaire.

Un énorme potentiel de rattrapage pour le cours de l’argent dans les années à venir

Enfin, sans pour autant imaginer le pire, il va arriver un moment où l’industrie ne pourra tout simplement plus accepter de voir son évolution bridée par une question de pénurie d’argent métallique principalement due à des cours maintenus artificiellement trop bas pour permettre une exploitation rentable des gisements existants.

Les exemples de disruption industrielle ont été nombreux ces dernières années, et il n’est pas impossible que l’exploitation minière fasse partie des prochains secteurs investis par de grands groupes privés issus des nouvelles technologies, lesquels viendront alors court-circuiter les réseaux traditionnels et redonner aux métaux précieux la place qu’ils méritent, hors des tractations douteuses d’un monde financier devenu dépendant de la seule dette.

Ainsi, un cabinet suisse spécialisé dans les placements miniers a récemment étudié les prévision de 30 analystes différents sur la question des cours à venir pour les métaux précieux. La prévision moyenne situe un prix de l’argent à 20 dollars l’once d’ici 2020. Mais les analyses les plus complètes, qui prennent en compte tous les arguments développés ci-dessus et qui s’appuient sur un potentiel de rattrapage significatif de l’argent par rapport à l’or, envisagent davantage une brusque remontée de l’argent métal qui pourrait atteindre 30 dollars l’once dans les deux ans qui viennent… avant peut-être une progression bien plus importante encore au cours de la prochaine décennie en raison de l’importance fondamentale de l’argent dans les technologies des années 2020.

Article précédentRevue du web du 6 avril : Montagne d’or en Guyane, monnaie locale à Paris
Article suivantRevue du web du 13 avril : cours de l’or, fiscalité et investissement
Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Veuillez entrer votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici