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Alors que la consommation apparente d’argent métallique diminue continuellement aux États-Unis, les importations du métal précieux, quant à elles, ne cessent de progresser sans que l’on sache véritablement où part la différence.

En 2016, certains observateurs un peu curieux ont constaté un phénomène pour le moins intrigant concernant les importations d’argent aux États-Unis. En effet, alors que la consommation du métal précieux a considérablement diminué, notamment dans l’industrie, le pays en a néanmoins importé une quantité record l’an dernier.

Une demande en baisse et un cours de l’argent maintenu à un niveau modeste

Depuis le temps qu’on dit que l’argent va manquer, que les gisements s’épuisent, que le recyclage n’est pas rentable et que la majeure partie du métal extrait du sol disparaît littéralement, au sens réel du terme, dans de multiples processus industriels et chimiques, de nombreux efforts ont été réalisés pour renouveler ces industries et diminuer leurs besoins en argent. Certaines ont même complètement éliminé ce métal de leurs chaînes de production, en le remplaçant notamment par d’autres catalyseurs. De son côté, encouragé par un prix de l’argent maintenu au ras des pâquerettes par le jeu subtil des manipulations sur les marchés à terme, le petit monde des investisseurs peine à se passionner pour ce métal aux vertus patrimoniales pourtant pluri-millénaires.

Au final, on arrive donc à une situation plutôt banale de demande en baisse soutenue par un cours modeste (comptez moins de 20 euros l’once en moyenne). Par conséquent, on a un peu de mal à comprendre ce récent rapport sur les importations d’argent américaines qui montrent une forte augmentation des achats de métal alors même que les besoins sont en forte baisse. Cela pourrait-il signifier que la différence est stockée quelque part ?

Une hausse inexpliquée des importations d’argent métal

D’après le très officiel Mineral Commodity Summaries 2017 publié par le non moins respectable U.S. Geological Survey (USGS), les importations d’argent aux États-Unis ont atteint un sommet record de 6 300 tonnes en 2016, soit une augmentation de 6% par rapport à 2015 et des quantités supérieures de 25% à la moyenne pour 2012-2014. Dans le même temps, l’USGS a calculé que la consommation d’argent des États-Unis est passée de 8 000 tonnes en 2015 à 7 230 tonnes en 2016, soit une baisse de 10%.

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Certains ont avancé l’idée selon laquelle les mines d’argent américaines ne produisaient plus assez de métal pour maintenir le niveau habituel des importations. C’est faux. Même si les USA ne sont plus en tête du palmarès des pays producteurs d’argent dans le monde comme c’était le cas dans les années 1960, ils restent néanmoins à la 7e ou la 8e place et n’ont pas à rougir de leur production. Du reste, l’USGS précise bien que la consommation apparente a diminué de près de 800 tonnes en 2016, en particulier grâce aux efforts également accomplis en matière de recyclage.

Une mesure de protection face à un possible effondrement des marchés ?

Où sont alors partis ces 400 tonnes d’argent importées en plus par rapport à l’année précédente, alors même que les besoins ont baissé sur la même période ? Selon des sources américaines, il semble que certaines grandes entités ou institutions du pays aient décidé d’acheter beaucoup d’argent à bas prix avant que les marchés boursiers ne s’effondrent. Cette vision hautement spéculative (et surtout assez pessimiste !) peut paraître farfelue au regard de la situation actuelle des marchés. Mais n’oublions pas que ces mêmes marchés ont jusqu’ici été maintenus sous « perfusion » de devises par les banques centrales et il est de plus en plus évident que le château de cartes menace aujourd’hui sérieusement de s’effondrer à tout moment.

On pourrait aussi s’étonner de cet intérêt pour l’argent alors que l’or serait un bien meilleur réservoir de richesses. Mais là encore, il faut garder à l’esprit deux notions essentielles ; tout d’abord, du fait de sa valeur moindre, l’argent est toujours plus liquide que l’or et circule plus facilement au sein de la population en favorisant les transactions du quotidien ; ensuite, si les marchés finissent par s’effondrer, l’or ne suffira peut-être pas et il n’y aura jamais trop d’actifs de haute qualité pour permettre aux épargnants de transférer leurs fonds.

 

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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