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Récemment, on me demandait lequel des deux principaux métaux précieux (l’or ou l’argent) était à privilégier pour protéger ses avoirs en cas de crise institutionnelle grave. La réponse est simple : « les deux, mon général », mais pas pour les mêmes raisons, et pas non plus de la même façon.

Avant toute chose, établissons une bonne fois pour toute ce qu’on entend par « crise institutionnelle grave ». Non, ce ne sera pas la découverte d’une nouvelle liaison cachée du président de la République ou la révélation de ses factures de toilettage. Ce ne sera pas non plus l’énième valse (j’ai résisté au jeu de mots) des portefeuilles ministériels dont certains observateurs désœuvrés semblent faire l’alpha et l’oméga de leurs analyses politiques. Enfin, si on s’attache aux seules institutions non-politiques (donc financières et économiques pour la plupart), l’éclatement d’une bulle spéculative à la bourse, un renversement brutal de la législation sur les finances privées ou encore une nouvelle réglementation bancaire beaucoup plus contraignante ne constituent pas non plus ce qu’on serait en droit d’appeler une « crise institutionnelle majeure », n’en déplaise à certains éditorialistes férus de sensationnalisme. Une sacré coup dur, certainement, mais pas une faillite des institutions.

En revanche, un effondrement global et systémique des marchés internationaux, une guerre ou une catastrophe naturelle de grande ampleur survenant sur le territoire français au point de désorganiser les autorités, une banqueroute générale des réseaux bancaires, voilà par exemple ce qui pourrait entraîner une crise majeure des institutions. Nous ne sommes donc pas dans le même registre.

Stratégie de survie et valeurs-refuge

Mais qu’à cela ne tienne, imaginons que nous soyons frappés par une véritable faillite du système économique, politique et financier de notre pays (l’un n’ira pas sans l’autre, de toute manière). Comme la nature a horreur du vide, nous n’aurons pas à attendre bien longtemps pour voir s’affronter, au sens propre comme au sens figuré, diverses forces antagonistes (dont certaines sont d’ores et déjà à pied d’œuvre pour tenter de détruire, non seulement nos économies occidentales, mais également notre système sociétal dans son ensemble), venant de l’intérieur comme de l’extérieur de nos frontières, dans le but de prendre le contrôle de la situation. Sans chercher plus loin à faire de la politique-fiction ni à écrire un mauvais scenario de film catastrophe d’anticipation, on peut toutefois affirmer sans trop se tromper que, pour la population civile (vous, moi…), l’heure sera à la survie, purement et simplement.

Historiquement, dans ce genre de situation, l’or et l’argent ont toujours été des valeurs refuges. Et l’histoire humaine pour le moins mouvementée a eu maintes fois l’occasion d’éprouver cette qualité. En effet, l’or et l’argent, inaltérables et parés de leur valeur intrinsèque hors de tout système bancaire ou financier, permettent tous deux de stocker la richesse en attendant des jours meilleurs. Plus généralement (et sans pour autant plonger dans les affres d’une apocalypse institutionnelle), l’or et l’argent sont réputés pour suivre les mouvements financiers, économiques ou politiques de leur temps, tout en préservant le pouvoir d’achat de leurs détenteurs dans le temps.

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Deux approches différentes

Néanmoins, même s’il est donc particulièrement recommandé d’investir dans les deux métaux nobles, ils ne doivent pas être considérés de la même façon selon ce qu’on sera amené à en faire en cas de problème. Ainsi, l’or est un formidable outil de « stockage » patrimonial, en ce sens qu’il peut représenter une grande valeur dans un petit volume. Cet aspect a l’air trivial, mais en cas de troubles graves, il est essentiel de pouvoir déplacer et protéger rapidement son capital sans avoir besoin d’emprunter un semi-remorque. Mais ce qui fait sa force constitue également sa faiblesse car même une toute petite unité, comme une pièce d’or par exemple, n’est pas aisément négociable pour les besoins du quotidien. Acheter du pain ou de l’eau avec une once d’or non fractionnable n’a guère de sens. C’est là que l’argent devient indispensable car, du fait de sa valeur moindre, une pièce d’argent (ou même un petit lingot…) correspond davantage à des usages courants : se nourrir, se vêtir, se soigner.

D’ailleurs, nos ancêtres l’avaient bien compris car, en temps de guerre comme en temps de paix, si l’or servait bien aux échanges internationaux et aux opérations de négoce entre grands acteurs marchands (armateurs, producteurs, voire industriels), les transactions du quotidien, quant à elles, faisaient surtout intervenir des pièces d’argent et de cuivre. À chaque métal son usage.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

1 COMMENTAIRE

  1. Bonjour,

    Et si l’état obligent aux transactions électroniques uniquement ?
    (certains articles circulent à ce sujet avec comme date de changement Juillet 2022)

    Avoir de l’argent liquide preserve-t-il ?
    L’état peut il anéantir toute valeur des pièces et billets à court, moyen, long terme ?

    merci

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