Quelle place pour l’or dans un portefeuille d’investissement personnel ?

par | 23 Juin 2025 | Or | 0 commentaires

Temps de lecture : 5 minutes

Quelle proportion d’or mettre dans son patrimoine ? Les réponses les plus fréquentes sont de trois ordres : « autant que vous en avez besoin pour dormir tranquille » (l’or en tant qu’anxiolytique financier) ; « 5 à 10% » (sans que l’on nous explique pourquoi…) ; « autant que vous pouvez » (sous-entendu : puisque le reste du monde va s’effondrer demain).

Aujourd’hui, je vais vous présenter le point de vue de 4 auteurs ayant adopté une position beaucoup plus élaborée que les clichés ci-dessus.

le portefeuille robuste de Didier Darcet face aux crises

Commençons avec un classique.

25% d’or dans un « portefeuille permanent » orienté Etats-Unis ? (Harry Browne)

L’idée développée dans les années 1970 par cet écrivain et homme politique libertarien américain est tout ce qu’il y a de plus simple. Il s’agit de répartir un capital entre 4 classes d’actifs qui tendent à être corrélées négativement les unes avec les autres quelle que soit la conjoncture économique (croissance inflationniste ; croissance désinflationniste ; stagnation désinflationniste ; stagnation inflationniste). L’objectif recherché est la réduction de la volatilité, et la stabilisation de la performance sur le long terme. 

Très bien, mais comment ce portefeuille fonctionne-t-il en pratique ?

Là encore, c’est très simple. Voici ce que j’en disais dans le 2ème chapitre de mon livre : « L’or est l’une des quatre composantes du « portefeuille permanent » (25% d’or, 25% d’actions, 25% d’obligations et 25% de liquidités) théorisé par Harry Browne. Ce portefeuille est dit permanent car son unique règle de gestion est un rééquilibrage annuel de ses quatre compartiments à 25% dès lors que l’un d’entre eux a diminué à moins de 15% ou représente plus de 35% du portefeuille. » 

Et la performance, dans tout cela ?

Un épargnant qui aurait investir 10 000 € selon cette stratégie en 2006 se retrouverait en avril 2025 avec 38 126 €, soit un taux de croissance composé (TCAC) de +7,20% par an, avec très peu d’à-coups en termes de volatilité.

Le « portefeuille robuste » de Didier Darcet

Présenté au public d’AuCOFFRE.com en novembre 2024, ce portefeuille intégrait alors 30% d’or.

Il s’agit d’une variante du portefeuille d’Harry Browne, que j’ai présentée en détails dans un précédent billet.

Points communs avec le « portefeuille permanent » d’Harry Browne :

  • Il a également à sa disposition 4 classes d’actifs ;
  • Il implique très peu de rebalancements.

Différences avec le « portefeuille permanent » d’Harry Browne :

  • C’est un portefeuille orienté France et non Etats-Unis. En dehors de l’or, actif neutre par excellence, ce sont donc des actifs français qui sont pris en compte ;
  • Alors que la stratégie de gestion d’Harry Browne repose purement sur le calendrier et peut donc être automatisée (un seul éventuel rééquilibrage annuel), celle de Didier Darcet implique d’identifier dans quel type de conjoncture économique (dans quel « quadrant économique ») nous nous trouvons, afin d’exclure l’actif ou les deux actifs qui n’ont aucune chance de bien performer dans cet environnement.
  • Il s’ensuit que ce portefeuille ne comporte que 2 ou 3 classes d’actifs, et non 4, comme le portefeuille d’Harry Browne.

Laquelle de ces deux approches est supérieure en termes de performance ?

Sans conteste, c’est la stratégie de Didier Darcet.

Le « Nouveau portefeuille 60/40 » d’Incrementum

Tout le monde a déjà entendu parler du « portefeuille 60/40 ». Il s’agit de la stratégie de gestion financière la plus traditionnelle qui soit, dans laquelle un investisseur alloue 60% de son portefeuille à des actions et 40% à des obligations. Cette allocation est considérée comme équilibrée en cela qu’elle offre un mélange de croissance potentielle (actions) et de revenu régulier (obligations), tout en réduisant le risque global grâce à la diversification.

Seulement voilà : cette stratégie, adaptée au monde d’avant, n’est plus adaptée au monde d’aujourd’hui, ont expliqué Ronald Stöferle et Mark Valek (S&V) dans le rapport In Gold We Trust 2024 

Mais le monde d‘avant quoi, au juste ? Les deux Autrichiens font ici référence au monde d’avant la fin de la Grande modération. La Grande modération désigne la période de l’Histoire économique de l’Occident qui a débuté au milieu des années 1980, et qui a été caractérisée par des taux d’intérêt en décroissance, ainsi qu’une faible pression inflationniste et une diminution de la volatilité de l’inflation. Produit de la mondialisation, cette ère de calme avait des airs de « fin de l’Histoire économique et financière ». C’est dans cette atmosphère engourdissante que les banques centrales européennes ont vendu une grande partie de leurs réserves d’or.

Au plan financier, cette période s’est caractérisé par une corrélation négative entre les actions et les obligations, laquelle est la fondation du portefeuille 60/40. Or comme l’indiquaient S&V en mai 2024 : « la phase de Grande modération est enfin terminée. Pendant 4 décennies, les taux d’inflation et les taux obligataires ont évolué structurellement à la baisse jusqu’à passer en-dessous de zéro. Le niveau d’inflation plus élevé s’accompagnera d’une plus grande volatilité de l’inflation. Les investisseurs doivent faire face à cette nouvelle réalité, à cette nouvelle règle du jeu. »

La conséquence pratique de ce changement de cadre théorique est la fin de la corrélation négative entre les actions et les obligations, trop souvent considérée comme acquise. Autrement dit : c’est la mort du portefeuille 60/40.

Voilà pourquoi les deux analystes d’Incrementum ont proposé en mai 2024 un « Nouveau portefeuille 60/40 », adapté à l’« Ère des taux d’inflation élevés ».

Comment se constitue se portefeuille ?

  • 45% d’actions ;
  • 15% d’obligations :
  • 15% d’or valeur refuge (or physique) ;
  • 10% d’or de performance (actions minières et argent-métal) ;
  • 10% de matières premières ;
  • 5% de bitcoin.

Très bien, mais qu’a donné ce portefeuille en termes de performance ? Dans le rapport In Gold We Trust 2025, S&V montrent que depuis qu’ils ont proposé leur Nouveau portefeuille 60/40 en mai 2024, celui-ci a significativement surperformé le portefeuille 60/40 traditionnel : +14% de performance pour le premier, contre +6% de performance pour le second. Pas étonnant, quand on sait comment l’or et le bitcoin ont performé entre les deux dernières éditions du rapport In Gold We Trust.

Et ensuite ? « Les conditions actuelles suggèrent que cette tendance devrait se poursuivre », indiquent les deux Autrichiens.

Gold : est-ce rentable d’investir dans l’or ?

La réponse est clairement oui. Sur toutes les durées, le métal jaune fait l’objet de performance éblouissantes.

Sur le très long terme, face à l’euro, son taux de croissance annuel composé depuis son creux de 1999 est par exemple supérieur à +10%.

En 2025, sa performance est déjà supérieure à +19%.

Ndlr. : La performance de l'or évoquée dans cet article c'est la plus-value éventuelle basée sur le cours de l'or au moment de l'achat et son évolution au moment de la revente. Pour rappel, l'or ne produit pas de dividendes, de loyers ou d'intérêts.

Valeur : faut-il acheter de l’or en ce moment ?

Quel est le prix de l’once, du gramme, du kilo d’or ou d’une pièce d’or ?

Le 13 juin, l’once d’or a clôturé la semaine à 2980 €. Cela porte le gramme à 95 €, et le kilo à 95 000 €.

Placement : combien coûte un lingot d’or ?

Pour acquérir un lingot d’1 kg, comptez dans les 99 000 €.

Investir : comment acheter de l’or, en pratique ?

En 2025 : investir du cash dans l’or papier ou dans l’or physique ?

Si vous considérez l’or comme une assurance patrimoniale, c’est avant tout vers l’or physique qu’il faut vous tourner.

Achat d’or en ligne : pièces ou lingots d’or ?

Chacun présente des avantages et des inconvénients.

Les pièces se distinguent néanmoins par leur plus grande accessibilité en termes de prix, et par le fait qu’elles permettent d’épargner progressivement dans le temps.

Certaines d’entre elles font par ailleurs l’objet de toute une série d’avantages qui favorisent une fiscalité douce lors de la revente.

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Perrin, Nicolas
Diplômé de l’IEP de Strasbourg, du Collège d’Europe et titulaire d’un Master 2 en Gestion de Patrimoine, Nicolas Perrin a débuté sa carrière en tant que conseiller en gestion de patrimoine. Auteur de l’ouvrage de référence "Investir sur le Marché de l’Or : Comprendre pour Agir", il est désormais rédacteur indépendant. Il s’intéresse au libéralisme, à l’économie et aux marchés financiers, en particulier aux métaux précieux et aux crypto-actifs, sans oublier la gestion de patrimoine. Twitter : @Nikookaburra

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