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On peut voir dans l’augmentation de près de 75% en six ans de la possession d’or de la Chine, un désir de diversification de ses dirigeants, ceux-ci cherchant à se débarrasser de leurs Dollars ou au moins à ne pas baser leur économie sur cette seule monnaie.

La monnaie chinoise a cependant un statut particulier face au Dollar : pas totalement convertible mais loin d’être déconnectée. Comme l’explique Agnès BENASSY-QUERE (Station Météo sur France Culture) « le Yuan n’est pas totalement inconvertible, les exportateurs chinois peuvent reconvertir leurs Dollars en Yuans et inversement. Il y a certainement des procédures avec des autorisations administratives, mais ce n’est pas inconvertible. Le Yuan n’est non seulement pas indépendant du Dollar, mais totalement lié à lui. Le problème principal des autorités chinoises aujourd’hui, ce n’est pas tant le statut des monnaies, ni de prendre une place sur la scène internationale et rester intégré car cela la Chine a su le faire même avec une monnaie inconvertible. Le problème principal, les autorités chinoises étant à la tête d’un stock de 2000 milliards de Dollars, c’est le « risque dollar » et comment sortir de cette situation. »

Rappelons tout de même que les taux de change du Yuan sont fixés par les autorités chinoises, cette convertibilité non totale permettant de garder un Yuan bas face au Dollar évitant la spéculation sur la monnaie. Le coût de la main d’œuvre reste ainsi très bas et les prix compétitifs. Rendre le Yuan totalement convertible reviendrait pour l’économie chinoise à se tirer une balle dans le pied puisque « les Chinois seraient piégés et ne pourraient rien faire pour miner la valeur du Dollar, sinon ils verraient détruire tous leurs investissements et toute la valeur des Dollars qu’ils détiennent. D’une certaine façon, l’économie américaine et l’économie chinoise sont intimement liées, les deux pays sont condamnés à vivre ensemble à tel point que la politique étrangère des États-Unis avec la Chine va plutôt être menée par le Trésor que par le ministère des Affaires étrangères » déclare Steven EKOVICH.

C’est ainsi que les Chinois se décarcassent pour trouver des idées de diversification de leur capital. Le G20 avec l’émission de l’équivalent de 250 milliards de DTS (panier des 5 principales monnaies : Dollar, Yen, Franc suisse, Euro, Livre sterling) a satisfait les autorités chinoises qui ont vu là une manière d’échanger leurs Dollars, toujours au nom de la fameuse diversification.
Le stock de Dollars « chinois » est aujourd’hui estimé à hauteur de 2000 milliards. Il est en aucun cas question pour les Chinois d’échanger l’intégralité de ce stock mais de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier…

L’or rentre clairement dans cette logique de diversification, mais pas seulement. En effet, la Chine voit en l’or une valeur stable dont elle a on ne peut plus besoin aujourd’hui. Passés 1ers producteurs mondiaux avec une production de 282t en 2008, 5èmes détenteurs cette année, les Chinois sont clairement attirés par le métal jaune. Il y a une volonté de détenir assez d’or pour pourvoir à leur appétit grandissant : or physique pour le placement mais aussi augmentation de la production de produits à haute valeur ajoutée (électronique notamment), bijouterie, autant de secteurs que l’économie chinoise cherche à développer…et qui nécessite son pesant d’or !
Il ne faut pas se limiter à la question de la diversification pour expliquer l’augmentation du stock d’or chinois. Il faut y voir une volonté de se placer sur la scène internationale au niveau de la production de biens mais aussi d’avoir un pouvoir de négociation ainsi qu’une autonomie face au Dollar accrus.

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Pour autant, il convient d’être prudent et de ne pas s’emballer. La part de ses réserves de change détenue en or ne représente que 1,6% de ses réserves totales, contre presque 80% pour les Etats-Unis.
Bien que tout récent (donc à relativiser), l’avertissement est clair pour les Etats-Unis : augmentation du stock d’or, diminution des achats de T-bonds, échange de DTS…Bien que très liée à elle, l’économie chinoise est bien déterminée à montrer à sa grande sœur américaine qu’elle peut s’émanciper si l’envie lui en prenait.

Anaïs BOURDON

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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