Les investisseurs redĂ©couvrent le rĂŽle de valeur refuge de lâor. Si lâor franchit la moyenne mobile de 100 jours, il pourrait retrouver son intĂ©rĂȘt aux yeux du plus grand nombre, investisseurs institutionnels et particuliers. Voici tous les principaux indicateurs qui concourent actuellement Ă la hausse de lâor. Et celle-ci pourrait bien se poursuivre⊠Interview sur BFM Business, Benjamin Louvet (gĂ©rant chez OFI Asset Management) apporte un Ă©clairage trĂšs intĂ©ressant sur lâor, cet « instrument de politique monĂ©taire ».
Les métaux précieux reprennent des couleurs
RenforcĂ© par le dernier discours de la FED, le cours de lâor, en euros et en dollars, a poursuivi son ascension cette semaine, comme le montrent ces deux graphiques (cotation AuCOFFRE.com).
« Le sentiment que la Fed patientera jusqu’en 2016 pour resserrer sa politique monĂ©taire gagne du terrain, ce qui profite au cours de l’or », dĂ©clare cette dĂ©pĂȘche de Reuters.
« Les derniers signes de faiblesse de lâĂ©conomie amĂ©ricaine ont renforcĂ© lâidĂ©e que la hausse pourrait ĂȘtre repoussĂ©e Ă dĂ©cembre ou mĂȘme au mois de mars, et les acheteurs tirent profit de ce sentiment », explique par ailleurs Alp Kocak dans DailyForex.com.
La question est de savoir si cette tendance va se confirmer.
« Du cĂŽtĂ© des mĂ©taux prĂ©cieux, lâor a grimpĂ© de 4% entre le premier octobre et la fin de la semaine derniĂšre, effaçant la plupart des pertes enregistrĂ©es en septembre et atteignant 1159 dollars lâonce vendredi. Il a ainsi enregistrĂ© sa meilleure performance trimestrielle depuis le premier trimestre de lâan dernier. Cette hausse est intervenue aprĂšs la dĂ©cision de la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale de reporter une Ă©ventuelle levĂ©e de ses taux dâintĂ©rĂȘt et le ralentissement de lâĂ©conomie chinoise. Les investisseurs ont Ă©tĂ© incitĂ©s Ă se tourner vers les mĂ©taux prĂ©cieux pour rĂ©duire les risques, en particulier pendant la pĂ©riode actuelle », analyse Daleen Hassan sur Euronews.
Sans vouloir nous poser comme devins, il existe un faisceau dâindicateurs qui portent Ă croire quâun changement de cap profond et Ă long terme est en train de sâopĂ©rer pour lâor.
Or et Argent â Changement de cap long terme ?
CMC Markets France pose la question dans une communication du 12/10/2015 (reprise sur Sicavonline.fr). AprĂšs avoir brillĂ© pendant 10 ans dans un rallye quasiment ininterrompu, lâor a ensuite consolidĂ© pendant prĂšs de 4 ans.
Prudent, Nicolas ChĂ©ron de CMC Markets, ne sâengage pas sur les termes dâune vraie reprise, mais Ă©voque « les prĂ©misses dâun retournement ».
Parmi les indicateurs, la moyenne mobile 100 jours est de plus en plus attaquée et les cours clÎturent de plus en plus de fois au-dessus de cette derniÚre.
ParallĂšlement, le ratio Or/Argent, dĂ©mesurĂ©ment grand et intenable, semble plaider pour une reprise des cours des mĂ©taux. « En effet, lorsque le ratio arrive en zone basse, comme en 2003 et 2009, il existe une corrĂ©lation des phases dâapprĂ©ciation des mĂ©taux » poursuit lâanalyste de CMC Markets.
Depuis la dĂ©monĂ©tisation des mĂ©taux prĂ©cieux en 1873, le ratio or/argent est de 70/1 (câest-Ă -dire 70 onces dâargent pour 1 once dâor), alors que son niveau historique Ă©tait plutĂŽt de 16/1, voire 12/1. Cela signifie que le prix de lâargent est largement infĂ©rieur Ă celui de lâor et quâil est pour le moment trĂšs accessible, mais aussi que ce ratio nâest pas tenable.
« La situation est Ă peu prĂšs la mĂȘme quâen 1936 »
Dans lâinterview quâil a accordĂ©e Ă BFM Business, Benjamin Louvet, spĂ©cialiste des matiĂšres premiĂšres, gĂ©rant chez OFI Asset Management explique pourquoi lâor nâest pas un mĂ©tal prĂ©cieux comme les autres. Les dĂ©clarations de la FED en termes de politique monĂ©taire ont une influence sur le cours de lâor. En ça, l’or est un instrument de politique monĂ©taire.
« Le premier reproche que lâon fait Ă lâor, câest quâil est improductif, quâil nâa pas de rendement, contrairement aux actions et aux obligations », explique-t-il. Comme les taux sont actuellement Ă zĂ©ro, et que lâon a mĂȘme commencĂ© Ă Ă©voquer des taux nĂ©gatifs et un nouveau QE (Quantitative Easing), cela remet lâor en position de force.
Pour ce qui est de lâanalyse technique, il y a un signal fort sur la moyenne mobile de 100 (MM100) sur laquelle lâor se reprend. LâintĂ©rĂȘt des positions acheteuses est en train de se reconstituer.
Benjamin Louvet explique aussi quâil y a un lien sur le long terme entre les taux dâintĂ©rĂȘt rĂ©els et le cours de lâor. La remontĂ©e des taux dâintĂ©rĂȘt amĂ©ricains va ĂȘtre difficile et si les taux continuent de baisser, cela signifie que lâĂ©conomie amĂ©ricaine ne se porte pas trĂšs bien et vu quâelle est censĂ©e ĂȘtre notre locomotive⊠Lâor retrouve en toute logique son intĂ©rĂȘt.
Pour rappel, en 2013, la croissance de lâĂ©conomie amĂ©ricaine Ă©tait de 2,3%, en 2014 de 2,4% et en 2015, la FED attend une croissance de 2,1%. Ce nâest pas ce que lâon peut vraiment appeler une accĂ©lĂ©rationâŠ
Le gĂ©rant dâOFI AM exprime ensuite ses doutes sur la capacitĂ© des banques centrales Ă gĂ©rer cette sortie dâune politique monĂ©taire accommodante.
Selon lui, les « drivers » actuels, câest-Ă -dire les facteurs favorables Ă lâor (comme la baisse des taux), permet juste Ă lâor de maintenir ses coĂ»ts de production actuels et empĂȘchent simplement lâor de baisser.
« Mais la question fondamentale aujourdâhui, câest le rĂŽle de lâor en tant que valeur refuge », poursuit-il.
« En 2008 par exemple, les actions ont perdu 40% sur lâannĂ©e, et lâor a fait 3% ». Et nous ne parlons mĂȘme pas des primes des piĂšces dâor dâinvestissement comme les NapolĂ©on 20F qui ont littĂ©ralement explosĂ© durant cette mĂȘme pĂ©riode.
La crise de confiance que le monde traverse actuellement prĂ©sente des similitudes avec celle de 1936. « Les taux Ă©taient Ă zĂ©ro, on a fait des QE, la FED a essayĂ© de remonter les taux, la machine sâest enrayĂ©e et lĂ , on sâest retrouvĂ© un peu dans la situation que lâon voit ces derniers jours. La FED a commencĂ© Ă dire aux politiques qui lui demandaient de remettre une couche de QE et de rebaisser les taux : « Jâai fait mon travail, maintenant câest aux politiques de prendre le relais ». Et câest lĂ que lâor va pouvoir retrouver tout son intĂ©rĂȘt ».
Si l’on franchit les indicateurs comme la moyenne mobile de 100 jours, on pourrait trouver un nombre plus importants dâinvestisseurs particuliers.
En conclusion
Si le rallye se poursuit vers le cap des 1200$, il est encore temps dâacheter de lâor Ă bon prix. En rĂ©alitĂ©, il existe tout un tas dâautres indicateurs favorables Ă une hausse du cours de lâor. Comme nous lâexpliquions dans la Revue du Web du 09/10 dernier, ce qui se passe en Syrie, les minikrachs successifs de la Chine, le « dieselgate » de Volkswagen, un probable effondrement du Yen stipulĂ© par Natixis faisant part de son inquiĂ©tude sur le Japon… Tous ces Ă©vĂ©nements concourent au cours Ă©levĂ© de lâor. Le fait quâil arrive Ă peine Ă couvrir les frais de production est la preuve que son cours est manipulĂ©. Mais face Ă tous ces mauvais signes, le stratagĂšme devient grossier et surtout inutile. Viendra bien un moment oĂč les banquiers ne pourront plus continuer de fixer un cours arrangeant.
Que faire en attendant ? « Priez⊠ou achetez de lâor » dit Philippe BĂ©chade dans La Bourse au Quotidien.
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