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Plusieurs indices semblent montrer que la situation économique actuelle se rapproche de celle qui était en vigueur à la fin des années 1970, ou encore dans les années 2000, et qui avait alors propulsé le cours de l’or vers des sommets.

Il n’aura échappé à personne que, depuis quelque temps, les différents modèles prévisionnistes en matière économiques ne semblent plus vraiment tenir la route. Tous les signes qu’on pourrait pouvait auparavant considérer comme précurseurs d’une évolution dans un sens ou dans un autre n’ont apparemment plus les mêmes effets. Et c’est valable aussi pour l’or.

Un cours de l’or devenue moins sensibles aux marqueurs traditionnels

L’année 2017 a été particulièrement significative en la matière. Habituellement, une économie traditionnelle en berne tendait à favoriser les métaux précieux, tandis qu’une embellie sur les marchés action avait pour effet de désengager les investisseurs de leurs positions sur les valeurs-refuges.

Or là, que les marchés aient monté ou baissé, même brutalement, l’or a continué son petit bonhomme de chemin, modestement mais régulièrement, presque sans à-coups et surtout sans quasiment jamais réagir aux mouvements boursiers, politiques ou géo-stratégiques.

Des coupables faciles mais pas crédibles

Certains ont dit que le bitcoin et les cryptomonnaies avaient remplacé l’or dans son rôle de « tampon régulateur » auprès des investisseurs. Mais plusieurs études ont montré que ceux qui avaient acheté des cryptos n’avaient pour la plupart rien à voir avec ceux qui achètent de l’or en général. Donc, difficile d’expliquer la relative atonie du cours de l’or par un éventuel déplacement des acheteurs potentiels vers le bitcoin.

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De la même façon, malgré les soubresauts des différentes places boursières dans le monde, l’année 2017 a été marquée par un retour plus ou moins net de l’inflation. Et on a pu dire que cette même inflation a plus ou moins lissé les cours de l’or, en incitant les investisseurs à ne pas trop s’en désengager quand la bourse remontait (histoire d’anticiper un éventuel emballement à venir), mais aussi à ne pas trop solder leurs autres positions lorsque les indices plongeaient car les prix continuaient à grimper en tirant derrière eux un certain rendement pour pas mal de catégories d’actifs traditionnels.

Le cours de l’or est sensible au niveau de rendement réel des investissements

Sauf que l’inflation n’a jamais vraiment été un indicateur fiable pour l’or. Par exemple l’or a connu une forte poussée de ses cours à la fin des années 1970, alors que l’économie connaissait une inflation annuelle à deux chiffres. Mais l’or a également explosé entre 2005 et 2011, jusqu’à atteindre des records plus jamais égalés, alors même que l’inflation était inexistante, voire parfois négative.

Restent les taux d’intérêt. Et c’est vrai qu’ils peuvent expliquer certaines choses. Ainsi, on l’a dit, les années 1970 ont connu une inflation qui dépassait les 10% par an. Mais dans le même temps, les taux d’intérêt des placements restaient en-dessous de ce seuil, ce qui se traduisait par un rendement réel négatif. Dans ce contexte, l’or offrait alors une alternative intéressante à la détention de liquidités et d’autres instruments à revenu fixe qui souffraient de la répression financière. N’oublions pas que l’or est lui aussi une monnaie, même sans rendement.

En fait, quand les rendements sont positifs, c’est difficile de justifier la possession d’or. Mais faites descendre les rendements en territoire négatif, comme ce fut le cas à plusieurs reprises dans la dernière décennie, et l’or devient soudain beaucoup plus attrayant. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé dans les années 2000 : l’inflation était faible, mais les taux d’intérêt encore plus faibles, générant l’un des plus grands marchés haussiers de métaux précieux de tous les temps.

Le cours de l’or sur le point de repartir à la hausse ?

D’ailleurs, on pourrait imaginer que dans un avenir proche, alors que la croissance recommence à s’installer doucement un peu partout, y compris en Europe, et que l’inflation semble renouer avec un rythme de croisière au-dessus de 1% (après +0,2% en 2016 et 0% en 2015…), le cours de l’or reparte lui aussi à la hausse.

Car, pour ne prendre que l’exemple français, quand l’inflation commence à dépasser le rendement moyen des placements classiques, on se retrouve dans la même situation de rendement net négatif, comme à la fin des années 1970 ou dans la première décennie du XXIe siècle. On pense bien évidemment au livret A et à ses 0,75% par an, mais aussi à tous les autres placements qui se voient lourdement impactés par une kyrielles de taxes sur les plus-values, de charges sociales, etc, au point qu’à la fin, c’est à peine si on parvient à préserver la valeur de son capital investi en tenant compte de l’inflation.

Dans ces conditions, il ne serait pas étonnant d’assister à un nouvel essor des métaux précieux, et de l’or notamment.

L’avenir n’est jamais acquis, surtout en économie

Enfin, au même titre qu’on a pu se tromper récemment sur l’importance des marqueurs qui jusqu’ici sous-tendaient le marché de l’or, il est possible qu’on se trompe tout autant sur certaines projections qu’on considère aujourd’hui comme acquises.

Par exemple, si au lieu de continuer à croître, l’économie chinoise connaissait une phase de ralentissement ? Ce qui ne serait pas anormal par ailleurs, de manière à consolider une croissance qui n’a eu de cesse de franchir des sommets depuis pas mal de temps déjà, au risque de ne pas avoir suffisamment étayé les acquis obtenus au fur et à mesure, fragilisant du même coup les fondations d’un formidable bond économique. Dans ce cas, l’économie mondiale n’en serait-elle pas affectée ?

De la même façon, combien de temps Donald Trump peut-il encore espérer maintenir le climat d’euphorie économique qu’il a suscité auprès des marchés américains depuis son élection il y a quinze mois ? On commence déjà en effet à voir les limites de sa politique va-t-en guerre qui oublie que la finance est aujourd’hui mondialisée et qu’aucun pays, fût-il aussi puissant que les États-Unis, ne saurait régler à lui tout seul le pas de l’économie mondiale.

La Fed va-t-elle remonter ses taux autant que prévu ?

En cas de ralentissement, qu’en sera-t-il des prévisions de hausse de taux de la Fed ? On peut imaginer que, spontanément, le nouveau patron de la Réserve fédérale américaine voudra jouer la prudence pour ne pas hypothéquer sa légitimité toute neuve, et qu’il décidera de reporter, voire d’annuler tout ou partie des augmentations de taux prévues.

Certes, il pourrait aussi se dire que le trou d’air n’est que provisoire et continuer à devancer la courbe haussière en poursuivant la politique initiée par Janet Yellen et procéder, comme plus ou moins attendu, à trois ou quatre hausses de taux en 2018. La propension qu’ont désormais les principaux acteurs économiques à réagir impulsivement aux stimuli immédiats, plutôt que de pondérer et d’anticiper, laisse tout de même penser que cette seconde option est peu probable…

L’histoire se répète-t-elle en faveur de l’or ?

Au final donc, avec un marché américain qui est en train de s’orienter vers un nouveau protectionnisme (lequel est inflationniste par nature) et un possible ralentissement des hausses de taux d’intérêt, on risque forte de se retrouver dans une situation similaire à celle qui a permis à l’or, il y a près de 10 ans, de décoller pour atteindre près de 2000 dollars l’once.

Car n’oublions pas que, si le dollar n’est plus indexé sur l’or depuis presque cinquante ans, l’or quant à lui est toujours largement « libellé » en dollars. Et s’il y a bien un indicateur qui reste encore particulièrement fiable pour appréhender la valeur de l’or, c’est bien la valeur du dollar. Une once d’or reste une once d’or, seule la devise américaine fluctue dans le temps. Lorsqu’elle est élevée, il en faut moins pour acheter une once d’or. Mais lorsqu’elle baisse (et elle a déjà perdu 90% de sa valeur depuis 1970), il faut beaucoup plus de dollars contre une once de métal jaune.

Par conséquent, si la Fed devait revenir sur le nombre de remontées des taux prévues pour 2018, et si l’inflation tant attendue depuis des années devait effectivement repointer le bout de son nez de manière affirmée, alors il serait plus que prudent de se repositionner sur l’or tant qu’il est encore accessible.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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