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LE G20 fait son cinéma à Cannes

Les 3 et 4 novembre prochains la France aura « l’honneur » d’accueillir à Cannes le Sommet du G20 2011. Ce Sommet qui rassemble les puissants de ce monde (il est composé des membres du G8 , de dix pays émergents ainsi que du Président du Conseil européen qui représente l’Union Européenne) vise à « faciliter la concertation internationale en matière économique ».
Le Sommet 2011 viendra clore la Présidence française du G20, celle-ci avait pris les rênes de l’organisation en novembre 2010.

Un parfum de crise

Ce Sommet du G20 aura lieu dans un contexte pour le moins particulier au vu de la situation économique mondiale et de la crise financière qui fait rage en Europe. Il est certain que l’avenir de la Grèce et le spectre de la dette seront au centre de toutes les préoccupations.
Le Sommet 2011 est donc très attendu et une certaine pression pèse sur les épaules des dirigeants. La Chine et les Etats-Unis exigent des réponses et des solutions de la part de l’Union Européenne. La France et l’Allemagne, en leur qualité de « leaders européens », ont obligation de résultats pour enrayer la crise de la zone euro.
Sur le papier le Sommet du G20 est pavé de bonnes intentions, la France s’était imposée un cahier des charges pour le moins ambitieux pour son année de Présidence. Au menu des priorités fixées par la France en 2011 on retrouve ainsi la réforme du SMI (Système Monétaire International) et le renforcement de la régulation financière. Le contexte économique actuel ne permet pas de réellement attester de l’efficience de ces réformes… Alors ce Sommet du G20 serait-il le Sommet de la dernière chance pour le duo franco-allemand ?

En apparence les politiques semblent mettre beaucoup de bonne volonté et ne cessent de mettre en avant l’importance de l’évènement. C’est donc tous ensemble qu’ils souhaitent apporter une solution à la crise que traverse actuellement le monde économique. Idéalement l’objectif serait de travailler à la réforme du système monétaire international et de renforcer les « filets de sécurité financière pour les pays confrontés à la volatilité des flux internationaux de capitaux ». En façade les Etats font front commun face à la crise mais qu’en est-il réellement ?

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20 pays et autant d’intérêts divergeants

Le G20 regroupe, comme son nom l’indique, 20 pays et c’est donc autant d’intérêts individuels et enjeux économiques différents. Il est certain qu’une solution satisfaisant l’ensemble des acteurs ne pourra être trouvée. Il devient donc important d’instaurer une gouvernance économique : L’Euro ne pourra être maintenu sans une économie commune au sein de la zone euro. Le Sommet a donc plus l’allure d’un débat dans lequel chaque intervenant souhaite imposer sa solution qu’une grande messe collaborative dans laquelle les Etats sont fédérés pour une cause commune comme on voudrait nous le faire croire. Le G20 est donc un grand jeu d’influence où chacun défend avant tout ses intérêts personnels : on veut trouver une solution mais on n’est pas prêt à faire toutes les concessions.
D’autant que contrairement à ce que veulent nous faire croire les politiques, les Etats n’ont pas les coudées franches en termes de décisions économiques.

Le G vain ?

Concrètement, les Etats peuvent-ils trouver un accord pour sauver le marché ? Peuvent-ils introduire de la régulation ? De quels moyens disposent-ils ? En ont-ils réellement le pouvoir ?
Il est important de comprendre ici que les Etats sont instrumentalisés, qu’ils sont prisonniers d’un système dans lequel ils ne sont que des pantins et que les véritables marionnettistes ne sont autres que les banques.
Les politiques sont clairement inféodés aux banques, soumis aux institutions financières dont elles sont totalement dépendantes. Le monde ne traverse pas seulement une crise économique mais bel et bien une crise systémique. Les banques possèdent plus de pouvoir que les Etats, ce sont elles qui régissent l’économie mondiale et la société : c’est tout un système qu’il faut remettre en cause. Il est indéniable que depuis que ce sont les banques qui créées les monnaies et non les Etats, ce sont elles qui détiennent le pouvoir économique. Du coup il est évident que le G20 ne révolutionnera pas l’ordre économique mondial. La seule solution actuellement consiste à recapitaliser les banques, mais pour combien de temps ? Cela n’est pas viable et suffisant sur le long terme (une recapitalisation ayant déjà eu lieu en 2008 pour les résultats que l’on sait).
Alors en effet, nationaliser les banques constituerait vraiment une solution efficace pour enrayer cette crise et permettre à l’Etat de reprendre réellement le contrôle de l’économie mais les Etats ne semblent aujourd’hui pas capables de prendre une telle décision.
Le simple fait de recapitaliser les banques atteste cette crise systémique : les banques sont dans l’impunité totale, elles ne sont pas régulées et ne sont pas « régulables ».
Réguler les banques signifierait pour elles de faire moins de profits, or les banques sont dans un système concurrentiel et elles sont donc obligées de faire du profit.

La taxe Tobin : pour un semblant de régulation ?

La grande tendance de cette saison c’est le retour de la taxe Tobin. La taxe sur les transactions financière est clairement à la mode, la Chancelière allemande, Angela Merkel, en a d’ailleurs fait son cheval de bataille ces derniers mois.
La taxe Tobin n’est autre qu’une taxation des transactions monétaires internationales afin de ne plus inciter à la spéculation à court terme. C’est donc un frein à la spéculation et son faible taux (de 0,05% à 1%) ne découragerait pas les transactions non-spéculatives.
Concrètement la mise en place d’une telle taxe est-elle envisageable ? Et permettrait-elle de réguler les transactions financières ?
Angela Merkel, elle, le croit et elle a d’ailleurs annoncé faire la proposition de l’adoption d’une telle taxe (une alternative à la taxe Tobin) au Sommet du G20.
Il est certain qu’une telle proposition ne va pas faire l’unanimité auprès des membres de l’organisation. D’une part l’adoption d’une taxe sur les transactions financières ne correspond pas, idéologiquement parlant, à une économie libérale. La Chancelière allemande risque ainsi de se heurter au refus catégorique des Etats-Unis qui ne souhaitent pas voir apparaitre une telle taxe qui va à l’encontre de leurs « principes économiques ».
D’autre part la fiabilité et l’efficacité d’une taxe sur les transactions financières ont déjà par le passé été remises en cause. Ainsi, en 2009, Dominique Strauss-Khan s’était prononcé défavorable à l’adoption d’une telle taxe au Royaume-Unis. L’ancien directeur général du FMI avait ainsi évalué qu’une taxe sur les transactions financières serait inefficace du fait que ces transactions soient très difficiles à mesurer et qu’une telle taxe serait très facile à contourner.
La situation s’annonce donc complexe pour la Chancelière allemande qui va devoir faire force de persuasion pour faire adopter sa proposition… Mission impossible ?

La Révolution n’est pas en marche…

Il est clair que si le G20 continue de capitaliser les banques, l’économie mondiale va réellement se tirer une balle dans le pied (or cela risque fort d’être la solution adoptée le 4 novembre prochain). On va donc continuer à entretenir la crise systémique et ainsi faire gonfler la dette.
On peut envisager que Lehman Brothers n’était pas un cas isolé en 2008 et que d’autres banques suivront sans doute le même chemin. De plus il y a fort à parier qu’après l’échec du Démocrate Barack Obama on assiste au retour des Républicains et donc l’arrivée d’un néo-libéralisme encore plus cynique.
Quelle serait la solution ?
Assurances vie, épargnes, actions tout doit disparaître ou être fortement taxé ! Il est clair que les produits bancaires sont en péril si les banques ne sont pas nationalisées. Le Québec a su récemment prendre cette décision en nationalisant les banques et cela s’avère être une excellente solution et un plan de relance on ne peut plus efficace en repartant sur des bases économiques beaucoup plus saines.
Les produits bancaires n’étant pas des valeurs sûres, que reste-t-il ?
Il reste l’immobilier évidemment mais celui-ci ne constitue pas un bien liquide. Mais il reste aussi et surtout l’or, le survivOR, la seule véritable valeur refuge, toujours présente en temps de crise et qui est une véritable monnaie d’échange.
Concrètement si les politiques ne peuvent pas prendre les bonnes décisions et protéger le peuple, ce sera au peuple de s’y préparer !

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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