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Ces derniers temps, en gros depuis le début de l’année, le mot « rebond » est celui qui apparaît le plus souvent dans le discours des journalistes comme des analystes qui ambitionnent de comprendre les marchés (et accessoirement de nous les expliquer, mais là, c’est déjà une autre histoire). Qu’il s’agisse de notre sacrosaint CAC40 ou encore du prix du baril de pétrole par exemple, chacun des « diseurs de bonne aventure boursière » écumant nos médias y est allé au moins une fois de son couplet sur le « rebond » dès qu’un tressaillement positif venait réveiller les indices concernés. Comme si 0,1% de hausse sur une journée pouvait brusquement effacer 20% de baisse en 3 mois (dans l’esprit des gens, en tout cas). Eh bien, vous savez quoi ? Ça marche ! Le public suit comme un seul homme.

À vos souhaits !

Je ne nie pas l’effet bénéfique des bonnes nouvelles, à plus forte raison lorsque le climat est morose. Mais on a parfois l’impression que certains veulent manipuler les cours par la seule force de leur pensée positive. C’est vrai aussi que, parfois, une phrase, un mot, un chiffre, peuvent faire évoluer une valeur boursière sans qu’il y ait pour autant de véritable déclencheur économique ou financier objectif. Que Mario Draghi éternue un peu fort en sortant de son bureau à la BCE, qu’une virgule soit mal placée sur un communiqué de la Banque fédérale américaine ou encore qu’un blogueur influent décide de régler ses comptes avec une marque automobile parce que sa voiture personnelle est tombée en panne pour la troisième fois en un mois, et c’est brusquement tout un pan de l’économie qui vacille, montant dans les tours de manière inconsidérée (au point de faire craindre une énième bulle prête à éclater) ou au contraire s’effondrant sur elle-même en tutoyant des plus bas historiques propres à pousser certains traders à rejouer la balade des lemmings sur le toit de leur immeuble de bureaux.

Bref, tandis que tout le monde serre les dents (et pas que) à chaque baisse des indices, le moindre frémissement à la hausse déclenche une vague de féroce optimisme auprès des observateurs, à grands coups de « Ooooooh ! » et de « Aaaaaaah ! » admiratifs. Rebond, rebond, rebond ! Tout le monde s’extasie à l’envi devant chaque rebond, chaque soubresaut, même un tout petit hoquet.

Retour sur Terre

Mais, au fait, si je me souviens bien de mes cours de physique, tout objet lâché d’une certaine hauteur ne pourra rebondir que jusqu’à un niveau inférieur à celui de départ, de moins en moins élevé à chaque rebond d’ailleurs. Ce qui rebondit doit naturellement retomber. Avant éventuellement de remonter, certes, mais chaque fois un peu moins haut (on appelle cela une tendance baissière).

Alors, sincèrement, doit-on vraiment se réjouir de voir notre économie… « rebondir » ?

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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