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Depuis quelques semaines déjà, voire quelques mois, si vous contemplez le ciel économique international un peu avant l’aube, c’est-à-dire avant que ne s’éveille toute la flopée d’analystes exaltés dont la cacophonie de prévisions et d’interprétations rend  incompréhensibles la plupart des marchés, vous pourrez assister à ce que les économistes appellent un alignement des planètes. En effet, une conjonction particulièrement intéressante d’évènements majeurs pourrait bien avoir des conséquences bénéfiques pour les plus prévoyants d’entre nous.

Voyez plutôt. Indépendamment des motifs ayant poussé la Banque fédérale américaine à remonter récemment ses taux directeurs (bon, on parle de +0.25% hein, pas de quoi casser trois pattes à un canard), on sait qu’elle ne pourra pas reconduire l’opération en 2016 sans mettre en péril l’économie américaine surendettée. Attention, ça ne veut pas dire qu’elle ne le fera pas : la FED a déjà prévu de remonter ses taux encore une ou deux fois d’ici le mois de décembre prochain. Mais justement, ça risque très probablement de faire craquer aux coutures la politique financière américaine (le déficit budgétaire de l’Oncle Sam devrait ainsi passer de 7 200 milliards de dollars en 2015 à plus 25 000 milliards en 2025 !).

En marge de cela, on assiste à une crise des matières premières, pas vraiment nouvelle mais quelque peu exacerbée par un baril de pétrole oscillant autour des 30 dollars (sachant qu’il s’échangeait à plus de 110 dollars il y a un an). Et le retour de l’Iran sur le marché des producteurs de pétrole ne va franchement pas arranger la situation.

Du côté des investisseurs, les plus agressifs (et aussi les plus versatiles par nature) que sont les hedge funds ont décidé de couper leurs positions à long terme pour se concentrer sur le court terme, ne sachant pas trop comment anticiper la hausse probable (et forcément risquée) des taux d’intérêt américains.

Enfin, après les manipulations monétaires de ces derniers mois et l’utilisation des mécanismes de quantitative easing mis en place par les banques centrales, il y a beaucoup d’huile dans les rouages (entendez par là beaucoup d’argent qui ne demande qu’à circuler). Mais avec justement des rouages qui menacent de ne plus tourner convenablement, les mêmes banques lorgnent de plus en plus ouvertement sur l’or comme monnaie de réserve (à côté des autres monnaies fiduciaires, certes). Comme de coutume, le plus gros acheteur est encore la Chine (mais l’Inde la talonne de près) avec 15 à 20 tonnes d’or acquises chaque mois, le tout dans un climat de forte demande en augmentation de 8% par rapport à l’an dernier. Mais sans aller si loin, on sent même en Europe une certaine fébrilité à l’égard du précieux métal, à l’instar de nos amis allemands dont la banque centrale s’efforce depuis deux ans de récupérer les milliers de tonnes de lingots qu’elle a pu stocker un peu partout à l’étranger, pour en avoir un maximum à Francfort (ce qui représente quand même plus de 130 milliards de dollars, soit la 2e plus grosse réserve mondiale après les USA).

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Or, c’est le cas de le dire, les prix du métal jaune sont au plus bas, obligeant la plupart des principaux producteurs à réduire leur activité devant l’impossibilité de couvrir les coûts d’exploitation de leurs mines. À terme, on peut donc parier sur une offre de plus en plus serrée face à une demande toujours plus importante, et même les plus mauvais économistes savent ce que cela signifie : les cours de l’or vont immanquablement finir par remonter.

Voilà, toutes les planètes sont alignées. Noyés par les dettes publiques, adossés à des monnaies fiduciaires qui s’effritent de manière dramatique, face à une perte de confiance quasi générale dans les systèmes de régulation traditionnels, tous les marchés voient leurs modèles devenir caduques, les uns après les autres. Et au milieu de cet océan de plus en plus tumultueux, l’or pourrait bien constituer le dernier îlot de sécurité et de stabilité, qu’il serait prudent de rejoindre sans trop tarder en profitant de l’actuelle faiblesse des prix des métaux précieux.

Comme à la cantine, les premiers arrivés seront les mieux servis, car n’oublions pas que même les banques centrales voient dans l’or un moyen infaillible de stabiliser et de stocker la valeur de ce qu’elles ont créé. Plus il y aura de monde à comprendre que l’heure est venue d’acheter de l’or pour limiter la casse et plus les prix remonteront. Ce serait dommage de faire partie du dernier service…

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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