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Le 25 novembre dernier la signature d’un accord entre l’Europe et la Grande-Bretagne pour accompagner le Brexit était annoncée.  Alors, est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Sommes-nous sortis d’affaire ? Tour d’horizon des différents éléments de l’accord.

Cet « accord sur le Brexit » signé finalement par l’ensemble des pays de l’Union et donc par la Grande-Bretagne est un pavé de 600 pages. Evidemment, et nous mettrons à jour cet article, il doit encore être ratifié par le parlement anglais, ce qui n’est pas encore gagné. Comme le dit un célèbre commentateur de la BBC, difficile de dire aujourd’hui ce qu’il se passera…ensuite.

Qu’y a-t-il dans cet accord ?

Essentiellement la promesse d’une période de transition qui sera lancée le 29 mars 2019 jusqu’au 31 décembre 2020…Mais une prolongation est possible de une à deux années supplémentaires.

Pendant cette période, rien ne change ou presque. C’est-à-dire que la Grande Bretagne bénéficie toujours des services de l’Union Européenne. Elle continue à contribuer au budget européen. En revanche, elle n’a plus la parole et ne participe plus aux décisions. En clair, si des normes ou des délibérations déplaisent aux britanniques, ils n’auront que leurs yeux pour pleurer.

Londres respecte donc ses engagements sur le plan pluriannuel 2014-2020 (qui couvre donc la période de transition) avec une contribution au budget de Bruxelles de 45 milliards d’euros selon le gouvernement britannique. Il faut se rappeler que l’Angleterre donne plus qu’elle ne reçoit de l’Europe.

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Pourquoi le Brexit ?

C’est vrai qu’on se souvient plus trop pourquoi de l’autre côté de la Manche, l’idée d’un référendum pour ou contre un Brexit a été lancée. Il se trouve que ce n’est pas budgétaire, enfin, ce n’était pas la principale raison. Le vrai déclencheur, c’est l’immigration. En effet, en Grande-Bretagne, il n’y a pas de tradition de contrôle de l’immigration, pas de quota. Avec l’élargissement des frontières de l’Europe, les travailleurs des pays de l’Est notamment, se sont précipités en nombre dans ce pays qui, à l’époque, avait une forte croissance. Sauf, que le flux était trop important selon certains. C’est donc là que l’idée d’une sortie de la communauté européenne a germé.

Des effets non prévus !

Il faut avouer que ces derniers mois ont été très surprenants. Quand, petit à petit, on a vu les décideurs britanniques découvrir les incidences de cette sortie de l’Europe. Avec notamment ce point d’achoppement important sur la frontière irlandaise. Effectivement, la frontière terrestre entre les deux Irlande a une histoire récente très agitée et il est évident que les politiques ne souhaitent absolument pas revivre cette guerre civile. Elle a plombé les relations entre les communautés pendant plusieurs décennies.

A quelques jours de la signature, une autre frontière s’est rappelée aux bons souvenirs des négociateurs, celle de Gibraltar. Les espagnols étant prêts à tout faire capoter (même s’ils n’en n’avaient pas les moyens) si le Rocher aux singes n’avait pas un traitement spécifique dans cet accord. En clair, Madrid veut que toute décision sur ce sujet soit isolée.

Enfin, l’autre problème qui est survenu brusquement à quelques jours de l’accord, la pêche. C’est là aussi un problème territorial et très économique. En effet, si la Grande Bretagne retrouve ses frontières, elle retrouve aussi l’exclusivité de ses eaux territoriales. Des eaux où l’on trouve une ressource halieutique importante partagée entre tous les acteurs européens aujourd’hui, ce qui ne sera plus le cas en cas de séparation.

Les incidences économiques du Brexit

C’est le sujet principal de la période de transition. C’est-à-dire qu’il y a le choix entre trois scénarios :

  • Le soft Brexit : l’Angleterre reste dans une sorte d’union douanière avec l’Europe. Des accords sont passés entre les parties pour que les biens et les services entrent et sortent de manière assez fluide. Cela arrange les pays voisins , l’Irlande, la Hollande, la Belgique, l’Allemagne et la France. En effet, ce sont eux qui commercent le plus avec elle.
  • Le hard Brexit : il n’y a pas d’accord et donc les barrières douanières sont mises en place. On doit attendre des accords sur le commerce comme il en existe avec d’autres pays ou continents. Difficile dans ce cadre là d’avoir une frontière irlandaise ouverte. C’est la solution qui couterait le plus cher aux différentes économies.
  • Pas de Brexit : Wait and see disent certains sujets de Sa Majesté. Il y aurait en effet encore la possibilité de retenter un référendum après le rejet de l’accord par le parlement britannique. Les citoyens accepteraient alors de rester européens. Tout ça pour ça.

Ces scénarios ont chacun des faiblesses

Par exemple, le soft Brexit, qui pourrait sembler le plus favorable économiquement pour l’ensemble des parties est quasiment impossible à mettre en place. Souvenez-vous, pourquoi les anglais ont voté pour le Brexit ? Pour limiter l’arrivée massive d’immigrés européens, des ex-pays de l’Est notamment. Or, Bruxelles n’acceptera jamais d’accepter la libre circulation des biens…tout en interdisant ou limitant la libre circulation des personnes. C’est contraire à l’esprit européen et de l’Institution. C’est tout ou rien.

Dans le cadre du Hard Brexit, ce sont des secteurs entier de l’économie qui seraient fortement impactés. Que deviendrait Airbus qui fait construire ses pièces d’avions dans plusieurs pays avec plusieurs aller-retour en Grande-Bretagne. En langage Hard Brexit, cela veut dire plusieurs taxes douanières, des frais administratifs et du temps, beaucoup de temps. L’agro-alimentaire serait lui aussi (et pour les deux côtés de la Manche) fortement impacté. La Banque d’Angleterre parle dans ce cas là d’une baisse du PIB de 8%, d’une baisse de l’immobilier de 30%. Pour les économistes, c’est bien le scénario du pire. La finance et la City devraient aussi se réorganiser. De nombreuses grandes banques ont déjà annoncé un repli stratégique vers Paris notamment. Le marché de l’or, on l’a raconté ici, est en train de s’organiser avec des grandes manœuvres au niveau des Banques Centrales. Londres est toujours la place forte du marché de l’or physique, c’est là que s’échangent les barres et les stocks des pays.

Pour en savoir plus :

Ecoutez l’émission de France Culture :  Accord sur le Brexit : dernière chance pour une sortie « en douceur » ?

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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