La galaxie des métaux précieux ne se limite pas à l’or et à l’argent. Aujourd’hui, je vous parle du platine, et des raisons qui pourraient en faire un métal gagnant…
Le platine, un investissement moins populaire que l’or et l’argent…
L’or et l’argent sont bien connus des épargnants. M. et Mme Toutlemonde savent que ces deux métaux ont une longue tradition monétaire, et sont très utilisés dans la bijouterie. Ils ont conscience que les pièces dorées et argentées que leur ont transmis leur ancêtres ont un intérêt patrimonial, et qu’il convient de traiter ces vestiges du passé avec toute la considération qu’ils méritent. Bref : l’or et l’argent, on connait !
On ne peut pas en dire autant du platine (et a fortiori du palladium, un autre platinoïde[1]). L’épargnant sait vaguement que ces métaux sont (eux aussi) précieux, et les dames savent que le platine est utilisé dans la bijouterie. Cependant, la connaissance du grand public s’arrête là…
Et pourtant, il existe des raisons de s’y intéresser.
Penchons-nous sur le cas du platine…
Demande : à quoi sert le platine ?
Le platine ne jouit que d’une tradition monétaire négligeable et désormais révolue… laquelle profite tout de même quelque peu au métal, celui-ci jouant dans une certaine mesure le rôle de valeur refuge en cas de tensions sur les marchés financiers. Ceci dit, la demande d’investissement ne pèse (vraiment) pas lourd.
La demande du secteur de la bijouterie représente environ 30% de la demande totale.
La demande de platine est à 70% industrielle, essentiellement issue du secteur de l’automobile pour les pots catalytiques des véhicules à combustion, en particulier diesel. Du fait de la concurrence des véhicules électriques, cette demande est en baisse depuis son sommet de 2006.
Cela rend la demande de platine très dépendante de l’activité économique, en particulier de la demande de véhicules diesel. Cela en fait donc un métal dont le cours est beaucoup plus volatile que celui de l’or.
Comment le cours du platine s’est-il comporté, historiquement ?
Au regard de l’évolution du cours de l’once de platine, celle de l’or passerait presque pour un long fleuve tranquille, alors que le métal jaune est pourtant lui-même un actif assez volatile.
Cours de l’once de platine (€, données trimestrielles, 1971 – 22/05/2025)
Quel est le prix de 1 kg de platine ?
Actuellement, le gramme de platine se négocie aux alentours de 36 €, ce qui porte le kilo à environ 33 000 €.
Est-il intéressant d’investir dans le platine ? Pourquoi en acheter ?
Je vois en particulier deux raisons.
Le cours du platine, proche de ses plus bas : une opportunité d’achat ?
C’est possible.
Voici en effet le scénario qu’évoquait Christian lors d’une interview donnée à Monex Precious Metals le 13 février 2025 : « Nous pensons que les prix [du platine et du palladium] pourraient rester dans la fourchette 800-1100 $ pendant quelques années. À plus long terme, nous nous attendons à ce que la production minière sud-africaine diminue, peut-être dans 3 ans, peut-être plus tôt, peut-être plus tard. À ce moment-là, l’offre […] pourrait se resserrer. Si l’on sort d’une récession et que la production automobile augmente en même temps que la production minière sud-africaine diminue, les prix du platine et du palladium pourraient augmenter de manière significative et sortir de cette fourchette de 800 à 1100 dollars. Il s’agit donc d’un niveau que les investisseurs à long terme pourraient considérer comme un bon point d’accumulation. »
Voilà donc la première raison de s’intéresser au platine (et au palladium) : ces deux métaux pourraient bien atteindre un plus bas dans les 2 à 3 ans qui viennent (si ce n’est déjà le cas), avant de remonter « brutalement », comme le formule Christian.
Voilà pour le moyen terme.
Et à long terme ?
Le pari de l’hydrogène vert
L’hydrogène est vu comme une source d’énergie propre permettant de décarboner l’économie, en particulier les secteurs difficiles, comme l’industrie lourde (acier, chimie), les transports lourds (camions, navires), et le chauffage, où les batteries électriques sont moins adaptées.
À partir de 2020, de nombreux États ou groupes d’États (Union européenne, Etats-Unis, Chine, Japon, Australie) ont lancé des initiatives massives pour développer l’hydrogène vert. Cette technologie en développement bénéficie donc du soutien des politiques publiques des plus grandes économies mondiales. Les investissements privés ne sont pas en reste, puisque des entreprises comme Siemens, Shell, et Toyota investissent des milliards dans l’hydrogène vert, alimentant l’engouement médiatique et technologique.
Très bien, mais quel est le lien entre ce candidat au rôle de « saint graal » de l’énergie propre, et nos deux platinoïdes ?
Si le platine et le palladium sont intimement liés à l’hydrogène vert, c’est en raison de leur rôle catalytique dans des technologies clés, en particulier :
- Les piles à combustible à hydrogène ;
- Les électrolyseurs à membrane échangeuse de protons.
Avec la montée des véhicules électriques à batterie, la demande de platine et de palladium pour les catalyseurs automobiles diminue, mais leur rôle essentiel dans la production et l’utilisation d’hydrogène vert en tant que source d’énergie propre compense déjà (très) partiellement cette baisse.
Et si les technologies liées à l’hydrogène vert (qui n’en sont qu’à leurs débuts) progressaient au point de s’avérer avantageuses au plan financier, alors elles pourraient compenser, voire dépasser la perte de demande relative au déclin des véhicules à essence et diesel.
Autrement dit : c’est un pari !
Platine ou palladium : lequel choisir pour investir ?
Je vois deux différences principales entre le platine et le palladium.
Tout d’abord, le platine, du fait de sa plus forte utilisation pour les véhicules diesel (à ce stade moins menacés que les véhicules essence par l’électrisation) semble moins menacé que le palladium (surtout utilisé pour les véhicules à essence) au niveau de la demande automobile.
Ensuite, de nombreux éléments indiquent que le platine profiterait encore plus que le palladium du développement de l’hydrogène vert à long terme.
Faut-il investir dans le platine ou dans l’or et l’argent ?
Si vous décidez de vous exposer au platine (et/ou au palladium), ce métal doit dans tous les cas être envisagé comme complémentaire à l’or et à l’argent, et non comme un substitut.
Et pour cause : les deux seuls métaux monétaires, à même de protéger votre patrimoine des catastrophes qui s’annoncent, se sont l’or et l’argent. On peut investir sur le platine, mais pour d’autres raisons.
Achat : est-il judicieux d’investir dans des pièces de platine d’investissement, des ETF, des minières ?
Pour m’être penché en profondeur sur la question, il me semble assez clair que les actions minières exposées aux platinoïdes sont à éviter.
Les pièces de platine présentent un intérêt incontestable. D’autant plus qu’une pièce, ça peut s’offrir !
[1] On parle de métaux du groupe platine (MGP), ou de platinoïdes, car ces métaux partagent des propriétés physiques et chimiques similaires et sont souvent trouvés ensemble au sein des mêmes gisements minéraux
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