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Le cours du palladium n’a pas du tout les mêmes fondamentaux que le cours de l’or, loin s’en faut. Faut-il prendre position sur ce métal ou s’en tenir éloigné ?

Dans ces colonnes, j’ai abondamment eu l’occasion de vous parler d’or et d’argent. Dans deux précédents billets, j’ai élargi le sujet aux deux autres métaux précieux que sont le platine et le palladium, pour vous en présenter les facteurs fondamentaux.

Aujourd’hui, je vous propose d’aller encore plus loin en vous proposant mon point de vue sur l’opportunité de l’investissement dans le palladium. Faut-il investir dans ce métal, ou au contraire s’en tenir éloigné ? Si une prise de position est justifiée, alors faut-il considérer le palladium comme un placement complémentaire à l’or, ou bien comme un substitut au métal jaune ?

Avant de nous lancer dans les chiffres, prenons quelques instants pour resituer le débat.

Suivez le guide !

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Métaux précieux : qu’èsaquo ?

Il existe plusieurs façons d’envisager les métaux précieux. Dans les deux ouvrages qu’il a consacré à ce sujet (Fiscalité des métaux précieux, L’alambic, 2012 et Investir dans les métaux précieux : le guide pratique et complet, Eyrolles, 2014), Yannick Colleu a détaillé les subtilités des différentes approches.

Voici ce qu’il écrit dans le premier de ces deux ouvrages :

« La famille des métaux est un clan regroupant en son sein plusieurs familles. Ces différentes familles sont :

  • Les métaux ferreux caractérisés par leur forte teneur en fer et leur sensibilité à un champ magnétique ;
  • Les métaux non-ferreux, non sensibles au magnétisme, tels que l’aluminium, le cuivre, le zinc, le nickel, le plomb, l’étain et le chrome.

Cette classification n’a pas la rigueur scientifique de la classification physico-chimique, mais c’est celle employée par les industriels du recyclage. Au sein de la famille des métaux non-ferreux on distingue encore deux sous-familles :

  • Les métaux rares et semi-précieux (titane, cobalt, vanadium, molybdène, etc.) ;
  • Et les métaux précieux (or, argent et métaux du groupe platine). »

Par « métaux du groupe platine » (MGP), il faut comprendre le ruthénium, le rhodium, le palladium, l’osmium, l’iridium, le platine, et, selon les sources, le rhénium.

Récapitulons :

Classification des métaux selon l’approche des industriels du recyclage

Précisons que cette classification industrielle diffère de celle de l’administration fiscale. En particulier, comme l’indique Yannick Colleu dans le second ouvrage cité ci-dessus : « l’administration fiscale française ne reconnaît pas le palladium et les MGP [à l’exception du platine, si je comprends bien] en tant que métaux précieux au sens fiscal ». Pour les détails, je vous renvoie aux ouvrages de Yannick Colleu.

Ceci posé, récapitulons ce que nous avons vu dans notre dernier billet au sujet des facteurs fondamentaux du cours du palladium.

Bourse : qu’est-ce qui fait l’évolution du cours du palladium à la hausse et à la baisse ?

A la différence de l’or, le palladium est dépourvu de tradition monétaire et est utilisé à plus de 70% dans le secteur industriel, en particulier dans l’automobile. Le cours de ce métal est donc très sensible à l’activité économique, en particulier sur le secteur automobile.

Le palladium est également plus exposé que le cours de l’or au risque pays. Alors que le métal jaune est assez équitablement réparti sur les différents continents, l’Afrique du Sud et la Fédération de Russie se partagent équitablement environ 80% de la production de palladium.

Mais tout cela ne nous dit pas si cela vaut le coup d’investir sur ce métal…

Historiquement, quel métal précieux a le mieux performé : l’or, l’argent ou le palladium ? (graphiques historiques)

Le site stooq.com nous permet de nous faire une bonne idée de la situation.

Nous pouvons remonter jusqu’en 1971 pour l’or et pour l’argent, et jusqu’en 1977 pour le palladium. Voici le résultat des courses depuis 1971 si l’on intègre le palladium en base 100 en 1977 :

Performance comparée de l’or (en doré), de l’argent (en vert) et du palladium (en bleu) entre 1971 et le 23 mai 2023 (euros)

Le résultat est sans appel. La courbe bleue, qui représente la performance cumulée du palladium depuis 1977, écrase les deux autres courbes de tout son poids. Cela est vrai en 2023 mais l’était encore plus le 7 mars 2022 (record historique du cours du palladium à 3076 € l’once), ou encore le 26 janvier 2001 (record historique à 1179 € l’once).

Qu’obtient-on si l’on raccourcit la période d’observation aux 20 dernières années ?

Performance comparée de l’or (en doré), de l’argent (en vert) et du palladium (en bleu) au cours des 20 dernières années (mars 2003 – 23 mai 2023, euros)

Il s’avère que même en envisageant la situation depuis le fondement du marché haussier de l’or, celui-ci se fait ratatiner par le palladium.

Cet écart est encore présent sur 10 ans :

Performance comparée de l’or (en doré), de l’argent (en vert) et du palladium (en bleu) au cours des 10 dernières années (2013 – 23 mai 2023 (euros)

Il faut réduire notre période d’observation à 5 ans pour que le métal jaune repasse devant le palladium… d’une épaule seulement…

Performance comparée de l’or (en doré), de l’argent (en vert) et du palladium (en bleu) au cours des 5 dernières années (mai 2018 – 23 mai 2023, euros)

… puis de quelques foulées si l’on ne prend en compte que les 3 dernières, les 2 dernières ou la dernière année(s) écoulée.

Performance comparée de l’or (en doré), de l’argent (en vert) et du palladium (en bleu) au cours des 3 dernières années (mai 2020 – 23 mai 2023, euros)

Performance comparée de l’or (en doré), de l’argent (en vert) et du palladium (en bleu) au cours des 2 dernières années (mars 2021 – mars 2023, euros)

Performance comparée de l’or (en doré), de l’argent (en vert) et du palladium (en bleu) au cours de la dernière années (mai 2022 – 23 mai 2023, euros)

Prix du palladium : qu’en retenir pour vos investissements ?

Le palladium est un placement qui peut se révéler extrêmement lucratif. Le revers de la médaille est qu’il est possible de perde beaucoup d’argent sur ce marché qui affectionne les descentes par l’ascenseur dans des proportions « bitoinesques » (-89% de performance sur 26 mois entre le 26 janvier 2001 et le 17 avril 2003). Et le palladium étant dépourvu de composante monétaire, aussi haut que son cours monte, il finira par retomber. Ici, point de promesse d’un cours qui monterait aussi haut que la lune pour y rester, comme on peut parfois l’entendre au sujet de l’or ou du bitcoin.

Il s’agit donc d’un investissement complémentaire à l’or (réservé aux investisseurs aguerris), et non d’un substitut au métal jaune.

Comment investir dans le palladium ? (gramme, kilo, bullion, USD, euros)

Comme pour l’or et pour l’argent, l’investissement dans le palladium peut avoir lieu de manière physique (lingots) ou de manière papier (ETF). A l’instar de l’or, ce second type d’investissement est essentiellement l’apanage des marchés occidentaux.

Quantité de métal géré par les ETF palladium par région et cours de l’once de palladium (2010 – 2020)

Alors que le cours du palladium a pourtant explosé en 2016, l’investissement en palladium papier est cependant en perte de vitesse depuis son sommet de 2015. Comme on peut lire dans le PGM market report de mai 2022 de Johnson Matthey, « Suite à la liquidation continue des ETF de palladium entre 2015 et 2020, les avoirs totaux sont passés d’un pic de près de 3 millions d’onces à moins de 600 000 onces au début de l’année 2021. »

Il est également possible de s’exposer indirectement au palladium en achetant des actions de sociétés d’exploitation minières.

Pour ce qui est du métal physique, il est possible de se procurer des produits d’investissement en palladium sous différentes déclinaisons : pièces, lingotins de 1g, 10g, 100g et lingots de 1 Kg.

A bientôt !

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Nicolas Perrin
Diplômé de l’IEP de Strasbourg, du Collège d’Europe et titulaire d’un Master 2 en Gestion de Patrimoine, Nicolas Perrin a débuté sa carrière en tant que conseiller en gestion de patrimoine. Auteur de l’ouvrage de référence "Investir sur le Marché de l’Or : Comprendre pour Agir", il est désormais rédacteur indépendant. Il s’intéresse au libéralisme, à l’économie et aux marchés financiers, en particulier aux métaux précieux et aux crypto-actifs, sans oublier la gestion de patrimoine. Twitter : @Nikookaburra

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