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Nous allons voir à travers l’exemple de la Sol Violette, comment une monnaie locale peut compléter l’euro et pallier aux fonctions que la monnaie unique ne remplit plus.

Sol violette monnaie complémentaire Toulouse

Problématiques des monnaies nationales

Pour qu’une monnaie soit monnaie, elle doit remplir 3 fonctions : celle d’unité de compte, d’intermédiaire dans les échanges et de stockage de valeur. Ensuite, pour qu’une monnaie « prenne », c’est une question de foi. Il faut qu’il y ait un contrat tacite de confiance entre l’émetteur et l’utilisateur. C’est le sens d’une monnaie fiduciaire ou dite de confiance. C’est là où l’euro pèche, comme le dollar et les autres devises internationales qui reposent sur de la dette.

Etats-Unis, Japon et maintenant l’Europe : tous les gouvernements appliquent désormais la même politique monétaire ultra accommodante qui vise à baisser la valeur de leur monnaie pour relancer la croissance et les exportations.
Les multiples Quantitative Easing (« programmes d’assouplissement monétaire ») reviennent à injecter des liquidités dans le circuit, mais l’économie réelle n’en profite pas et ils ne relancent pas l’économie.
Le seul résultat est une monnaie appauvrie qui perd de sa valeur au fil du temps. Depuis la création de la FED en 1913, le dollar a perdu 96% de sa valeur. Preuve que le billet vert ne stocke pas de monnaie. Ce n’est pas pour rien que les Chinois tentent d’échanger le plus possible de bons du trésors en dollars américains sous lesquels ils croulent, contre de l’or.
Dans « L’effondrement du dollar et de l’euro et comment en profiter » (éditions Le Jardin des livres), James Turk et John Rubino ont écrit à propos du dollar qu’il « n’est pas défini de façon immuable ». Il n’est qu’une « écriture comptable, une reconnaissance de dette des banques qui sont autorisées par le gouvernement américain à créer des dollars ». Ecrit en 2008 bien avant la crise, ce livre visionnaire décrivait les mêmes problèmes rencontrés par le dollar et l’euro. Plus nous sommes amenés à rembourser de la dette, plus nos monnaies perdent de la valeur.

Ce qui nous amène aujourd’hui à plusieurs problèmes : des monnaies qui remplissent mal leurs fonctions, qui ne circulent pas bien et qui ne profitent pas à l’économie réelle. Cela se traduit de façon tangible par exemple sur les livrets d’épargne qui ne rapportent plus rien.

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Le système financier en cause

Dans l’excellent livre de Jean-Michel Cornu, « De l’innovation monétaire aux monnaies de l’innovation », ce dernier explique comment l’essor des transactions financières a contribué à fragiliser le système financier actuel. Gouvernements et collectivités sont obligés de se protéger face aux instabilités créées par le système, tout en répondant à leurs missions. En conciliant monnaies complémentaires et financement public, un Etat peut ainsi soutenir diverses activités (culture, économie locale, formation…) et permettre par exemple aux entreprises et aux « actifs sans emploi » par exemple de ne pas se couper des moyens économiques en place.

L’intérêt de la cohabitation de plusieurs monnaies est de servir plusieurs objectifs, une nécessité quand la monnaie principale ne remplit plus ou mal ses objectifs.

Une monnaie au service de l’économie réelle

La monnaie est accaparée par le système financier.
Lors d’une intervention sur la Monnaie Locale, Frédéric Bosqué présente le déroulement d’une journée monétaire type de transactions dans le monde.
– De minuit à 2h du matin : toutes les transactions en monnaie de l’économie réelle sont terminées.
Le 1er ¾ d’heure concerne la production, tout a été produit, le 2e ¾ d’heure : tout a été financé, et le 3e ¾ d’heure, on a échangé entre nous des devises pour acheter des produits, des services ou des pièces dans des zones qui ne sont pas les mêmes que les nôtres.
– De 2h du matin jusqu’à 24h le soir : il n’y a que des transactions de monnaies à des fins spéculatives (pour des spéculations de prix à la hausse ou à la baisse).

97% des transactions en monnaies se font sur les marchés financiers.
85% de la monnaie fabriquée est exclusivement une monnaie de crédit, qui ne sert donc qu’à être prêtée en promesse d’un remboursement ultérieur. C’est une monnaie qui n’existe que le temps qu’on la rembourse. Une fois remboursée, elle n’existe plus. La seule monnaie qui circule est de la monnaie de crédit. Si l’on devait tous rembourser en même temps la totalité de nos crédits, il n’y aurait plus de monnaie dans l’économie.
Quand les différents acteurs financiers ne se font plus confiance entre eux et qu’ils n’acceptent plus de faire crédit – c’est ce qui est arrivé en 2008 avec la crise des subprimes – on aboutit à une crise financière.
Il est aisé de constater que les intérêts financiers ne se concentrent que sur quelques acteurs au détriment des autres acteurs. Cela a pour conséquence directe d’augmenter le taux d’endettement des ménages, de créer du chômage, d’étrangler les entreprises, et cela touche même nos Etats.

Montant de la dette française
En 1980, la dette française s’élevait à 200 milliards d’euros. En 2006, à 1200 milliards d’euros de dette, soit une augmentation de 1000 milliards d’intérêts composés de cette dette.

D’où l’explosion des monnaies complémentaires
Plus de 5000 monnaies complémentaires sont en train d’éclore dans le monde entier avec pour objectif de remettre les transactions monétaires au service de l’économie réelle, des citoyens, des entreprises et des collectivités locales.
Une monnaie locale peut plus que jamais servir l’intérêt des collectivités locales à un moment où l’on baisse encore leurs dotations.

Fonctionnement du Sol Violette
Frédéric Bosqué explique ensuite le fonctionnement du Sol Violette, la monnaie locale de Toulouse depuis le 6 mai 2011, qui a permis de relocaliser la monnaie centrale.
Il suffit d’échanger 1€ contre un Sol Violette que l’on peut ensuite dépenser dans un réseau d’acteurs agréés qui respecte l’homme et la nature.
Si le Sol Violette n’est pas utilisé au bout de 3 mois, il perd de la valeur, ce qui permet d’en accélérer la circulation. C’est ce que l’on appelle une « monnaie fondante ».
Avec une même quantité de Sols-Violette, on produit 2 à 3 fois plus de richesses qu’avec l’euro dans le monde réel.
Les produits qui sont vendus dans ce réseau sont été créés par des entreprises agrées selon des critères de développement durable, transformant ainsi le « PIB noir » en « PIB » vert, selon les propos de Frédéric Bosqué. En outre, l’épargne placée dans le Sol Violette ne s’en va pas dans les marchés financiers, mais elle ne dort pas. Elle est placée sur un compte épargne éthique qui va servir aux personnes en situation d’exclusions et aux entreprises.

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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