Publicité

L’actualité récente montre une fois de plus que le système de retraite français a atteint ses limites et qu’il est plus que nécessaire de se ménager son propre capital vieillesse personnel.

Voilà plusieurs années déjà qu’on a compris que le système de retraite par répartition à la Française est arrivé au bout de ses capacités. Et même si les pouvoirs publics tentent de trouver des parades provisoires, y compris en regroupant tous les régimes spécifiques pour tenter de faire des économies, on peut néanmoins craindre un prochain effondrement du système à plus ou moins brève échéance. Une imminence qui doit nous rappeler la nécessité de prévoir un plan de secours à titre individuel.

Un système présenté comme excédentaire

En France, le dernier projet de loi de financement de la Sécurité sociale présenté le 29 septembre 2017 montre une situation très rassurante sur le front de l’assurance retraite. En effet, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, et Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, se sont félicités des bons résultats de la branche vieillesse du régime général qui se révèle excédentaire de 1,3 milliard d’euros.

Sauf qu’on sait depuis longtemps que les chiffres annoncés pour la sécurité sociale n’ont plus grand chose à voir avec la réalité. Tout simplement parce que la plupart des recettes et des dépenses de ce « régime-que-le-monde-nous-envie » (ou pas) font l’objet de transferts constants d’une branche à l’autre au gré des nécessités politiques. Telle branche perd de l’argent alors qu’on avait promis de réduire les dépenses ? Qu’à cela ne tienne, on va prendre un peu des réserves qui dorment ailleurs et les affecter au comblement de ce déficit qui ne saurait exister. Telle autre branche affiche un excédent insolent alors qu’on vient juste d’augmenter les cotisations sociales censées la financer ? Pas de souci, une partie des bénéfices servira à compenser les pertes d’un autre service moins bien loti.

En outre, concernant le régime de retraite, on oublie souvent d’y associer ce que le Trésor public nomme pudiquement le « FSV », pour « Fonds de solidarité vieillesse« , un acronyme bien pratique pour faire passer environ 3,5 milliards d’euros de déficit chronique chaque année, mais qu’on évite d’associer à la Sécurité sociale car il est financé par l’impôt, et non plus par les cotisation sociales.

Publicité

Ces régimes spéciaux qui grèvent le budget du régime général de retraite

Ajoutons enfin le cas des « régimes spéciaux » (une grosse trentaine en France) qui présentent la particularité de ne bénéficier qu’à certains individus (fonctionnaires, agents de la SNCF, etc.), tout en étant plus avantageux que le régime général. Normalement, ces régimes sont censés être financés par les mêmes qui en bénéficieront plus tard. Mais dans les faits, en raison notamment de ce que les analystes appellent un « déficit démographique » (500 000 actifs pour 1,1 million de pensionnés) ces caisses sont systématiquement en déficit.

Or, si certains impôts spécifiques viennent combler une partie de ce déficit chronique, leurs pertes sont également couvertes chaque année par des recettes normalement destinées au régime général de sécurité sociale (et qui sont enregistrées comme telles, histoire de ne pas froisser l’électeur de base). Jusqu’à présent, ces transferts étaient plus ou moins masqués, mais à cause de la volonté affichée du gouvernement Philippe et du président Macron de regrouper tous les systèmes de retraite sous un seul et unique régime, il va bien falloir montrer réellement ce que ça coûte.

Au passage, signalons que la branche vieillesse de la sécurité sociale aura perdu tout son excédent en 2018, et qu’elle se retrouvera de nouveau en déficit l’année suivante (l’un des premiers effets du regroupement des régimes de retraite ?), tandis que l’assurance maladie aura gagné 3,3 milliards d’euros (0,8 milliards de déficit contre 4,1 cette année) et que la branche famille aura quadruplé son excédent (passant de 300 millions d’euros en 2017 à 1,3 milliards en 2018).

L’avenir s’assombrit pour les retraités du régime général

Le 28 septembre dernier, les retraités manifestaient dans la rue pour protester contre une hausse prévue de la CSG qui viendrait du même coup amputer leur pouvoir d’achat déjà mis à mal. Or, c’est justement cette même CSG, normalement destinée au financement du régime général, qui sert en réalité chaque année à combler les pertes des régimes spéciaux. Cette augmentation n’aurait-elle pas pour objectif d’équilibrer plus rapidement les bilans comptables de ces régimes spéciaux avant leur regroupement dans un futur système de retraite unique ? Le tout au détriment des salariés et des retraités bénéficiant uniquement du régime général.

Et la situation pourrait s’aggraver car, si les privilèges des bénéficiaires des régimes spéciaux devaient être maintenus (afin d’éviter des grèves, des manifestations et autres joyeusetés syndicales), il faudra certainement exiger des autres retraités qu’ils consentent de nouveau à des efforts supplémentaires (gel des pensions de retraite, départs plus tardifs, hausse des cotisations, etc.)

Se préparer une retraite en or (ou en argent…)

La solution à tous ces risques, c’est bien évidemment de ne pas attendre des pouvoirs publics qu’ils alimentent des caisses de prévoyance en vue de protéger nos vieux jours. Car aucun des systèmes actuellement en vigueur n’est réellement sûr (y compris les fonds de pension à l’Américaine).

Une précaution consiste alors à se ménager un capital retraite pour le jour où on ne sera plus en âge de travailler pour gagner sa vie. Mais le placement de ce capital peut également s’avérer risqué selon que l’on décidera de l’investir en bourse (trop incertain), de le confier à une banque (trop sujet à la spoliation légale en cas de faillite comme cela est déjà arrivé) ou encore de le cacher dans une boîte au fond d’un trou (aucun intérêt en raison de l’érosion monétaire liée à l’inflation, même faible… sans parler du changement éventuel de devise légale, ce qui fut le cas en Europe il y a une quinzaine d’années).

Au final, même s’il y a toujours des investissements qui peuvent permettre de se mettre financièrement à l’abri pour ses vieux jours (à condition d’accepter les mauvaises surprises d’une fiscalité fluctuante et hasardeuse, à l’instar de celle qui vient de frapper certaines assurances-vie désormais soumises à une flat-tax de 30%), un bon réflexe consiste à rendre son patrimoine aussi concret et tangible que possible.

Acheter de l’immobilier, par exemple – mais en vraie pierre, pas en papier ! – , car dans le pire des cas, on ne sera jamais à la rue. Et aussi se constituer un petit pécule en métaux précieux qui conserveront toujours une valeur intrinsèque, indépendamment des mouvements monétaires ou même des bouleversements politiques et stratégiques. De l’or pour stocker de la valeur à long terme, mais en pièces pour pouvoir le négocier petit à petit en fonction des besoins. Et de l’argent aussi, toujours sous forme de pièces, car plus facile à échanger au quotidien.

Bref, n’attendez pas pour prévoir un plan retraite personnel de secours, car votre futur chèque de pension pourrait bien être… en bois.

Article précédentRevue du web du 29/09 : cours de l’or et or des Français
Article suivantL’or ne fait pas que « rester assis et nous regarder »
Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Veuillez entrer votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici