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Tandis que certaines compagnies misent sur l’extraction pour trouver de l’or en grande quantité, d’autres ont décidé d’utiliser les secrets de l’histoire pour mettre à jour d’immenses trésors comme celui qui vient d’être découvert au large des côtes sud-coréennes.

De l’Antiquité à nos jours, même si le monde de la finance tente actuellement de nous persuader du contraire, l’or a toujours représenté le réservoir de valeur ultime, l’actif le plus stratégique en termes de pouvoir et de richesse. À ce titre, même aujourd’hui, trouver un trésor constitué de lingots et de pièces d’or constitue bien plus qu’une formidable découverte archéologique. Certes, l’histoire en sort grandie et on peut ainsi parfois reconstituer des pans entiers de l’épopée humaine grâce aux précieux artefacts mis à jour. Mais quoi qu’on en dise, la principale valeur d’un tel trésor reste économique.

Des trésors plus riches que des mines d’or

Pour certains trésors exceptionnels, cette valeur est comparable, voire supérieure, à plusieurs années d’exploitation aurifère des plus grandes mines du monde. C’est exactement le cas avec la découverte, le weekend dernier, de l’épave d’un navire de guerre russe qui transportait pas moins de 130 milliards de dollars en lingots, pièces d’or et autres biens précieux !

Pour comprendre ce que représente une telle somme, il faut déjà avoir une idée de ce que peut produire une mine d’or. Par exemple, avec ses 1.5 millions d’onces (un peu plus de 42.5 tonnes) du précieux métal doré produites au maximum chaque année* (soit l’équivalent de 1.8 milliards de dollars), la mine d’or de Grasberg en Indonésie est la plus grande du monde. Mais extraire cet or nécessite un travail considérable s’étalant sur plusieurs années, voire plusieurs décennies.

Une mine d’or est rarement rentable

D’une manière générale, toutes les compagnies minières du monde entier dépensent des sommes considérables en moyens technologiques et humains pour espérer dénicher un filon aurifère dont le rendement hypothétique pourra, au maximum, se chiffrer en dizaines ou centaines de millions de dollars par an.

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Ainsi, en 2017, hormis la mine de Grasberg, les 10 autres plus grosses mines d’or de la planète ont extrait en moyenne 960 000 onces d’or chacune (27 tonnes), soit l’équivalent d’un milliard de dollars environ. En réalité, compte tenu des investissements massifs qu’elles doivent compenser, elles ne sont réellement rentables que grâce aux autres métaux précieux ou semi-précieux qu’elles sortent de terre en même temps que l’or (argent, cuivre, platine, zinc, plomb, etc.).

Pour reprendre l’exemple de la mine de Grasberg, celle-ci dépense environ 3 milliards de dollars en matériel, droits d’exploitation et emplois directs ou indirects (source : Breaking New Ground: Mining, Minerals, and Sustainable Development, International Institute for Environment and Development, World Business Council for Sustainable Development). Autant dire que l’or extrait ne couvre même pas les dépenses, et que l’exploitation aurifère d’une manière générale n’est pas l’industrie la plus rentable qui soit, bien au contraire.

De l’or (presque) à portée de main

Alors, lorsqu’on trouve une quantité d’or aussi phénoménale que celle qui a été découverte la semaine dernière, de l’or qui n’a même pas besoin d’être extrait, raffiné, coulé, puisque toutes ces opérations aussi chronophages que coûteuses ont déjà été effectuées, on est clairement sur une excellente nouvelle.

Certes, une telle découverte n’arrive pas par hasard (ou alors très, très rarement) et il faut souvent aux chercheurs de trésor beaucoup de travail et de patience pour arriver à leurs fins. C’est en tout cas l’effort qu’ont dû fournir les membres du Shinil Group, une compagnie de chasse aux trésors de Séoul, qui ont analysé de très nombreuses sources historiques datant de l’époque de la guerre sino-russe, ainsi que de multiples données satellites et océanographiques, pour finalement mettre à jour l’épave d’un cuirassé russe, le Dmitri Donskoi, qui coula en 1905 au large de l’île sud-coréenne d’Ulleungdo, en emportant avec lui pas moins de 5 500 caisses de lingots d’or et de pièces de monnaie.

Dmitriy Donskoy 1880-1905
Le cuirassé russe Dmitriy Donskoy 1880-1905

200 tonnes de lingots et de pièces d’or

Les récits historiques révèlent également qu’il contenait les salaires des marins et des officiers russes, ainsi que les stocks d’or et d’objets précieux que les Russes ne voulaient pas voir tomber aux mains des Japonais et qu’ils avaient initialement chargés sur d’autres navires endommagés par la suite durant la bataille.

Au total, ce sont ainsi 200 tonnes d’or et des centaines d’objets historiques pour une valeur supérieure à 130 milliards de dollars qui dorment depuis plus de 110 ans par 430 mètres de fond, attendant d’être remontés lors du renflouage du navire à l’automne prochain. Les lecteurs les plus affûtés rétorqueront que 200 tonnes d’or ne valent pas 130 milliards de dollars, mais cette estimation tient compte également de la rareté de certaines pièces historiques ainsi que des nombreux objets précieux que les mini sous-marins d’exploration ont d’ores et déjà repérés dans l’épave.

Quoi qu’il en soit, extraire 200 tonnes d’or en quelques semaines de travail, c’est toujours plus gratifiant que de lutter pendant des années pour arriver au même résultat, à raison de quelques grammes d’or par tonne de minerai.

 

*chiffres 2014

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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