Publicité

Plus gros acheteurs d’or de la planète, la Chine et la Russie préparent un nouveau système monétaire international indépendant du dollar et basé sur l’or.

Pour faire face à l’hégémonie du dollar et lutter contre les différentes sanctions imposées par les États-Unis qui cherchent à maintenir leur pouvoir sur la plus grande partie du globe, la Russie et la Chine ont entrepris de collaborer de manière de plus en plus étroite, y compris sur le plan commercial en mettant en place les prémices d’un système d’échanges basé sur l’or.

Une collaboration accrue depuis 2015

On le sait, La Chine et la Russie sont devenus les plus gros acheteurs d’or de la planète. Non pas pour relancer une quelconque industrie du bijou mais, plus sérieusement, en vue de préparer un nouveau système financier international, totalement indépendant et déconnecté du dollar US.

Ainsi, depuis 2015, le yuan chinois est intégré dans ses réserves officielles de la Banque centrale de Russie a annoncé pour la première fois avoir intégré, lesquelles se composaient jusqu’alors de 44% de dollars, 42% d’euros et un peu plus de 9% de livres sterling. L’objectif de l’ajout du yuan est clairement de développer son usage entre les deux super-puissances de l’Est, au détriment du dollar dont Poutine ne veut plus, à plus forte raison depuis que les États-Unis ont décidé de pénaliser le pétrole russe (car « l’or noir » continue à se négocier en dollars sur toute la planète, pour tous les acheteurs et quelle que soit sa provenance).

Enfin, il y a quelques semaines, la Banque centrale russe a ouvert un bureau à Pékin, un signe fort de l’alliance entre les deux pays qui va plus loin qu’un simple renforcement des liens économiques, ce qui n’est pas nouveau. Car, là, il s’agit bel et bien d’un rapprochement financier entre deux géants qui présage de gros bouleversements dans cette région à brève échéance.

Publicité

L’or au centre d’une nouvelle économie Sino-Russe

On ne le sait pas vraiment, ou en tout cas nos médias occidentaux se gardent bien d’en parler trop ouvertement, mais voilà deux ans que le rouble russe est pleinement soutenu par l’or. Serguei Glaziev, économiste russe et conseiller auprès du président Poutine, a récemment affirmé dans un article du Russia Insider que la quantité d’or détenue par le Trésor russe couvrait deux fois la valeur des roubles en circulation. De leur côté, les Chinois ont annoncé le 19 avril 2016, il y a presque un an jour pour jour, la sortie de nouveaux yuans soutenus par l’or… mais qui ne seraient plus convertibles en dollars.

Enfin, de nombreux éléments tendent à confirmer la volonté des deux pays d’organiser entre eux une nouvelle coopération financière et commerciale soutenue par l’or. Par exemple, lors d’une visite en Chine l’année dernière, le vice-président de la Banque centrale de Russie, Sergey Shvetsov, a déclaré que les deux pays voulaient faciliter le commerce de l’or. Et, pas plus tard que le mois dernier, un autre haut fonctionnaire de la Banque centrale de Russie, Vladimir Shapovalov, a déclaré que les deux pays rédigeaient un protocole d’entente pour résoudre certains problèmes techniques concernant les importations d’or chinois en Russie.

Un système potentiellement étendu à de nombreux autres pays du monde

Soyons clairs. On sait depuis un moment déjà que deux des pays les plus influents du monde augmentent considérablement leurs réserves d’or (et peut-être même à un rythme plus rapide que ce qu’ils veulent bien laisser apparaître). Il semble également qu’ils envisagent de plus en plus sérieusement de « monétiser » l’or comme outil principal de règlement du commerce, à travers notamment leurs monnaies désormais soutenues par le métal précieux et aussi dans le cadre d’un système d’échange parallèle à celui du reste du monde encore verrouillé par un dollar en perte de vitesse.

Enfin, quand on dit le reste du monde, ce n’est pas tout à fait exact. En effet, bien que la Russie et la Chine représentent déjà à eux seuls une énorme part du commerce mondial et de la finance internationale, ils souhaitent étendre leur système à de nombreux autres pays désireux de s’affranchir de la domination américaine ou européenne, avec comme objectif visé de comprendre à terme la moitié de la population mondiale et au moins un tiers de la production économique du globe. Il est évident qu’une telle perspective entraînerait des conséquences catastrophiques pour l’écosystème financier mondial, mais on peut parier que les candidats n’en seront pas moins nombreux, tant ces dernières années se sont révélées tout aussi désastreuses pour l’économie de nombreux États balayés par les marchés financiers, le dollar et la dette.

Article précédentHausse du cours de l’or : mais de quoi parle-t-on, au juste ?
Article suivant99,6% de l’or vendu dans le monde… n’est pas de l’or !
Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

2 Commentaires

  1. Sujet extrèmement sensible. Passer de la monnaie-dette à la monnaie-valeur revient à retirer tout son pouvoir à l’oligarchie financiére internationale qui veut établir un gouvernement économique mondial. La deconnection du dollar de sa valeur-or était probablement l’acte majeur qui lui a permis, en contradiction avec les accords de Bretton Woods, d’assurer la suprématie du dollar sur l’économie mondiale. Cette deconnection permettait ainsi à la FED d’imprimer sans limites des billets verts. Monnaie rendue flottante, la valeur du dollar ne tenait alors que sur la puissance militaire américaine et c’est une curieuse coincidence qu’au moment où le dollar risque d’étre concurrencé en tant que monnaie de réserve internationale par cette monnaie-or, les Etats Unis décident une attaque spectaculaire et médiatique sur une base syrienne, avant même qu’une enquête sérieuse ait été déclenchée pour connaître l’origine de l’attaque chimique.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Veuillez entrer votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici