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L’exploitation minière de l’or rencontre bientôt la révolution industrielle. C’est la ruée vers l’or australienne qui permet de mettre à jour la plus grosse pépite jamais trouvée, un bloc de 70 kg d’or. A la fin de l’hiver et au début du printemps 1876, alors que le général George A. Custer se prépare pour son tristement célèbre rendez-vous avec Little Big Horn, les frères Fred et Moses Manuel s’affairent à chercher de l’or dans les collines noires au sud du Dakota.

Nés au Québec, les frères Manuel ont passé l’essentiel de leur vie à arpenter l’ouest des Etats-Unis en quête improbable d’or. Comme beaucoup avant eux, ils ont entendu des rumeurs voulant que les géologues du général Custer aient trouvé de l’or dans les collines noires. Le 9 avril 1876, les deux frères découvrent ce qu’ils cherchaient dans une zone connue sous le nom de ravin du Bobtail. Moses relate leur découverte dans son journal : « finalement la neige s’est mise à fondre sur la colline, l’eau s’est écoulée par le filtre qui traverse le tuyau. Là, j’ai vu du quartz, j’ai attrapé une pioche pour essayer d’en casser un bloc mais il était très compact, j’y suis tout de même arrivé et je l’ai ramené au camp pour le concasser et le laver ensuite à la batée. C’était plein d’or ».

La mine d'or de Homestake en 1877
La mine d'or de Homestake en 1877

En quelques mois Fred et Moses Manuel ont extrait pour cinq mille dollars d’or, une vraie petite fortune pour l’époque. Un an plus tard, les deux frères vendent leur mine pour 45000 dollars. Le gisement devient l’une des premières propriétés de la Homestake Mining Company. La création de la mine de Homestake annonce une révolution dans l’exploitation minière de l’or. Au cours des siècles suivants, le chercheur d’or solitaire équipé de sa batée et de sa pelle va progressivement céder sa place à de grosses sociétés utilisant de nouvelles technologies. L’une des méthodes les plus efficaces mais aussi les plus destructrices pour l’environnement consiste en l’exploitation minière hydraulique. « Il s’agit de faire passer de l’eau dans une énorme lance et de la projeter avec force contre la roche pour en désagréger les morceaux principaux. En balayant littéralement le quartz, on laisse ainsi apparaître l’or ».

Les canons à eau anéantissent des millions de m3 de terre et de pierre à flanc de coteaux, sous des pressions qui pourraient mutiler ou tuer un homme à 30 m. En moins d’une journée, on fait table rase du lit de rivière qu’un bataillon de chercheurs bardés de pelles et de batées auraient mis un mois à passer au tamis. D’anciens sites miniers datant des premières ruées reprennent alors vie.

Une autre bénédiction tombe en 1889 pour les compagnies minières, il s’agit du cyanure, un acide mortel pour l’homme mais qui s’avère être d’un grand secours pour l’industrie. « On s’est aperçu que le cyanure avait la faculté de dissoudre la roche autour de l’or. C’est devenu très économique pour une industrie qui utilisait des techniques à grande échelle et pouvait ainsi espérer récupérer jusqu’au dépôt de très faibles quantités d’or ».

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Ces avancées en matière de technologie minière font de la manie de Homestake la plus riche de l’histoire des Etats-Unis. Pendant plus d’un siècle elle continue de produire de l’or en quantité régulière. Il représente 10% en tout de la totalité de l’or exploité dans les mines d’Amérique. Fred et Moses Manuel avaient découvert l’une des énormes réserves d’or dispersées dans tout l’Ouest américain. Plusieurs années plus tard, des géologues localisent dans les montagnes du Nevada un champ aurifère de plus 1600 m de profondeur par 1600 m de long, mais l’or lui-même reste invisible à l’œil nu.

De nos jours, la compagnie minière Barrick utilise des techniques innovantes afin de récupérer de microscopiques grains d’or de l’ordre de quelques millièmes de millimètre. Pour les voir, il faudrait les grossir pratiquement 2000 fois.

Après la découverte des gisements de la région de Carlin ainsi que la mise en œuvre des technologies modernes, les Etats-Unis sont devenus le second producteur au monde.

La découverte des plus grandes réserves d’or qui soient est située dans l’un des environnements géologiques les plus rentables et les plus exceptionnels de la Terre. Les voleurs savent que l’or est dorénavant capable de révéler leurs empreintes digitales grâce à un nouveau type d’analyse chimique capable notamment d’indiquer précisément le lieu de provenance du métal.

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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