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Avoir ses métaux précieux stockés en coffre à proximité de chez soi est rassurant. Mais si la meilleure solution se trouvait beaucoup plus loin, seriez-vous prêt à franchir le pas ? Aujourd’hui, nous examinons les candidatures de l’Allemagne et du Canada !

Après avoir analysé la candidature suisse, nous allons franchir le Rhin pour nous rendre Allemagne, avant de traverser l’Atlantique pour rejoindre le Canada. Je m’appuierai sur l’édition 2022 du rapport In Gold We Trust, dans laquelle Ronald Stöferle et Mark Valek (S&V) ont passé ces destinations à la moulinette de leur analyse.

Une fois que cela sera fait, je vous indiquerai lequel de ces 3 pays a ma préférence en matière de stockage d’or.

Suivez le guide !

Faut-il stocker son or en coffre en Allemagne ?

S&V estiment que « Si les avantages de l’environnement juridique et politique solide de l’Allemagne, soutenu par un système économique résilient, sont évidents, sa culture peu encline au risque mais très favorable à l’or fait de ce pays l’une des principales juridictions de stockage de lingots au monde. » Les deux Autrichiens voient l’Allemagne comme « la constante fiable au cœur de l’Europe. »

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Mon opinion sur la question est plus mitigée que celle des S&V, dont l’analyse me semble éluder au moins deux risques.

Le premier est d’ordre économique.

Le modèle mercantiliste allemand est en péril

Il est clair que l’Allemagne est un pays de retraités doté d’une démographie épouvantable. Mais ce n’est là que l’une des menaces qui mettent en péril le système allemand.

Le business model de l’Allemagne est mercantiliste, c’est-à-dire que l’économie allemande mise sur la forte progression de ses exportations pour créer de la croissance économique. Or au mois de juillet 2022, dans un contexte de forte hausse du prix de l’énergie et de ralentissement de l’activité chinoise, l’Allemagne a enregistré son premier déficit commercial depuis 1991.

Balance commerciale allemande (1990 – juillet 2022)

Cette contre-performance n’a rien d’anecdotique. Pour certains analystes, comme Albert Edwards, elle « confirme la voie du suicide économique sur laquelle elle s’est engagée. Fermer ses centrales nucléaires et devenir dépendant du gaz russe a été la décision la plus stupide de toute l’histoire de l’Allemagne. »

Cette tentative de suicide n’est pas qu’énergétique. « Plus généralement, l’Allemagne, à l’instar du reste de l’Europe, ne participe pas à la révolution technologique menée par les États-Unis et la Chine », comme le souligne Michael A. Arouet. Elle préfère s’en tenir aux industries du siècle dernier, et son modèle économique basé sur la fabrication est en train de dérailler.

Le modèle allemand est à bout de souffle et Berlin ferait bien de se rappeler de constat de l’historien britannique Arnold Toynbee : « Les civilisations meurent par suicide, et non par meurtre. »

Bref, au plan économique, l’Allemagne a certes les moyens de relancer massivement son économie par exemple au travers d’un plan de transition énergétique qui alimentera la croissance, mais à plus long terme, elle doit se réinventer.

Le deuxième risque est d’ordre géopolitique et militaire.

En dépit de la protection des Etats-Unis, l’Allemagne n’est pas à l’abri d’une invasion russe

Si cette hypothèse semble très peu probable à ce stade, elle n’en est pas pour autant impossible. Or nous sommes ici pour envisager toutes les possibilités. A cet égard,  je renvoie le lecteur curieux aux analyses de Philippe Fabry

Alors, l’Allemagne est-elle un bon candidat pour acheter, vendre et stocker vos métaux précieux ?

L’Allemagne ne figure pas sur ma short list des pays éligibles à la conservation de mon métal. En dépit d’atouts incontestables, notre voisin ne résiste pas à la comparaison avec la Suisse.

Passons au Canada.

Faut-il stocker son or en coffre-fort au Canada ?

Pour S&V, « Le Canada est un pays populaire parmi les investisseurs en or, en raison de ses liens étroits avec l’industrie aurifère et du statut fiscal favorable des investissements en métaux précieux. […] La Monnaie royale canadienne offre des services de gardiennage de métal aux institutions financières (environ 10 % des avoirs en or de la Suisse sont stockés au Canada) ainsi qu’aux clients commerciaux. Il existe également d’autres services privés de gardiennage.

Dans l’ensemble, le Canada est une juridiction attrayante pour le stockage de l’or, compte tenu de ses liens historiques étroits avec l’industrie minière aurifère et de sa réputation de pays stable et pacifique [et de sa proximité du marché américain]. »

Je dois dire que je suis assez surpris que le diagnostic des deux Autrichiens soit aussi tranché.

Je m’explique.

Quand l’Etat canadien s’essuie les pieds sur les libertés fondamentales

En effet, S&V reviennent pourtant sur l’épisode du Convoi de la liberté, lequel a très largement entaché la perception idyllique que certains avaient du système juridique canadien. Pour rappel, il s’agit d’un mouvement de protestation contre l’obligation vaccinale anti-Covid-19 qui s’est étendu sur janvier et février 2022.

Voici ce qu’écrivent nos deux analystes à ce sujet : « Le malaise des investisseurs s’est accru récemment lorsque le ministre canadien des Finances a imposé le gel des avoirs financiers des personnes liées aux manifestations des camionneurs et des convois. Cela n’a été possible que grâce à l’utilisation de la loi sur les mesures d’urgence à laquelle il a été fait appel pour la première fois depuis son adoption en 1988. Les banques ont reçu l’ordre des autorités de geler les actifs et de suspendre les comptes bancaires sans décision de justice et sans que cela ne leur fasse encourir leur responsabilité civile. En outre, sous l’égide de la loi sur l’état d’urgence, le Premier ministre Justin Trudeau a élargi la législation du pays en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, en soumettant tous les fournisseurs de services de paiement et les plateformes de financement participatif à l’obligation de déclaration au Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE). Depuis, l’état d’urgence a été levé, mais le génie est sorti de la bouteille : désormais, tous les actifs numériques sont susceptibles d’être sanctionnés par le gouvernement à tout moment et sans aucune procédure régulière. »

Au vu de ce constat, la conclusion est vite tirée.

Le Canada ne figure pas sur ma short list pour la garde d’or

L’Histoire a montré que les personnes qui ont laissé leur argent dans les pays où l’effigie d’Elisabeth II figure sur les billets et les pièces de monnaie s’en sont plutôt mieux sortis que les autres, comme le rappelle régulièrement Charles Gave.

Cependant, l’économie canadienne a beau reposer en grande partie sur l’industrie minière et son système juridique découler de la tradition britannique, rien n’interdit qu’un gouvernement du genre de celui de Justin Trudeau ne jette son dévolu sur votre métal si vous avez un jour le malheur de lui déplaire.

Le Canada ne figure donc pas sur ma short list des pays éligibles à la conservation de mon métal.

Avant de faire le point, j’aimerais procéder à quelques rappels.

Où mettre son or en sécurité ? Comment protéger votre or ? (stockage et hausse du cours de l’or)

Depuis 2001, des négociants en ligne ont développé des offres d’investissement dans l’or « clés en main ».

Certains d’entre eux vous proposent de stocker vos métaux dans les coffres d’une société tierce dont c’est le cœur de métier, en dehors du système bancaire, à l’étranger.

Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’évoquer dans d’autres colonnes, « l’idée est d’accroitre le niveau de sécurité de vos avoirs en optant pour un pays ou des pays qui présentent de bien meilleures garanties que la France sur un certain nombre de critères :

  • Stabilité politique, économique et fiscale ;
  • Respect des libertés financières individuelles (des ressortissants domestiques mais également des étrangers) ;
  • Respect du droit de propriété (idem) ;
  • Culture domestique vis-à-vis des métaux précieux. 

Nous quittons ici toute considération d’ordre affective (avoir son or près de chez soi) pour nous conformer aux préceptes de Jim Rogers qui rappelle que « Le capital est agnostique. […] Tout ce qui l’intéresse, c’est la sécurité et l’obtention du meilleur rendement. » »

Pourquoi le stockage sécurisé de votre or est-il plus important que jamais ?

Le déclenchement de la pandémie de Covid-19 a bouleversé le monde calme et apaisé dans lequel nous vivions. Les autorités publiques ont changé de braquet au niveau du couple politique budgétaire/politique monétaire dans une ambiance de « quoi qu’il en coûte ». Plus inquiétant encore, les mesures étatiques restrictives de libertés se sont succédé à une vitesse foudroyante à grands renforts d’ordonnances. Une fois encore, « les urgences ont [..] été le prétexte sur lequel les protections des libertés individuelles ont été érodées », comme l’écrivait Hayek. Certains Etats, jouissant jusqu’alors d’une longue histoire de protection des droits fondamentaux, ont adopté des mesures extrêmement coercitives à l’égard de leur population, en contradiction absolue avec leur tradition juridique.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie n’a pas arrangé les choses. L’une des premières mesures de sanctions adoptées par le camp occidental a consisté à geler les réserves de change de la Russie ainsi que les avoirs de plusieurs de centaines d’individus réputés proches de Poutine. « Une pente glissante », comme l’écrivent S&V dans leur rapport IGWT 2022. « Une fois que l’État de droit a été suspendu pour un cas exceptionnel soi-disant justifié, l’exception peut être étendue de manière arbitraire », précisent-ils.

Il me faut ajouter, comme l’écrivaient S&V dans leur rapport IGWT 2020, que « la répression financière et les contrôles des capitaux ne feront que s’intensifier, parallèlement à l’émission de plus en plus importante de dettes par les États ». N’imaginez pas que le contrôle des capitaux soit une technique de répression financière réservée aux Chinois ou aux Vénézuéliens. Il est urgent d’agir pour stocker tout ou partie de vos métaux à l’abri des mains gloutonnes de l’Etat.

Bref, à une époque où « la confiscation des richesses est redevenue socialement acceptable, conserver la propriété de vos lingots dans une installation de stockage sécurisée est tout aussi important que la décision d’investir dans l’or », comme l’écrivent S&V.

Ceci posé, le moment est venu de choisir !

Faut-il stocker son or chez soi, en banque, en Suisse, en Allemagne ou au Canada ?

Au fil de ce feuilleton sur le stockage de l’or, j’ai dressé plusieurs constats :

  • Que vous stockiez votre or à domicile ou en coffre de banque, vos métaux vont sortir du circuit professionnel, ce qui compliquera leur revente. A cet égard, un stockage en entrepôt spécialisé après un achat sur une plateforme d’investissement « clés en mains » sécurise et facilite la sortie de votre investissement (voir cet article).
  • L’Etat canadien a récemment prouvé qu’il est capable de bafouer les libertés fondamentales de sa population. Le Canada ne me semble donc pas être une destination à privilégier dans votre stratégie de stockage.
  • L’Allemagne ne figure pas non plus sur ma short list des pays éligibles à la conservation de mon métal. En dépit d’atouts incontestables, sur bien des aspects, notre voisin ne résiste pas à la comparaison avec la Suisse.
  • C’est cependant la Suisse qui s’impose à moi comme une évidence, pour toutes les raisons évoquées dans cet article. Il n’y a pas le feu au lac comme disent nos amis Suisses, mais si votre or est stocké dans un pays à risque, alors sans doute gagneriez-vous à réfléchir à lui faire franchir une frontière. En cas de problème, vous pourriez être « déçu en bien » !

Quelle que soit la solution que vous reteniez, notez enfin qu’en matière de stockage comme en matière d’investissement, la diversification permet de diluer le risque.

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Nicolas Perrin
Diplômé de l’IEP de Strasbourg, du Collège d’Europe et titulaire d’un Master 2 en Gestion de Patrimoine, Nicolas Perrin a débuté sa carrière en tant que conseiller en gestion de patrimoine. Auteur de l’ouvrage de référence "Investir sur le Marché de l’Or : Comprendre pour Agir", il est désormais rédacteur indépendant. Il s’intéresse au libéralisme, à l’économie et aux marchés financiers, en particulier aux métaux précieux et aux crypto-actifs, sans oublier la gestion de patrimoine. Twitter : @Nikookaburra

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