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La Suisse semble s’imposer à l’unanimité comme une destination de choix pour le stockage de ses métaux précieux. Est-ce réellement le cas ?

Le « miracle suisse »

En tant que Français, la Suisse nous est familière. A fin 2019, 185 000 Français étaient inscrits sur les registres consulaires suisses, à quoi il faut ajouter près de 200 000 travailleurs frontaliers.

Sans même avoir de lien d’extranéité avec ce pays, il est difficile d’ignorer le « miracle suisse ». Doté de très peu de ressources naturelles et dépourvu d’accès à la mer, ce pays alpestre, constitué de 3 peuples qui parlent des langues différentes (selon le recensement de 2015, 23% des 9 millions d’habitants parlaient le français de suisse ou suisse romand, 64% le suisse allemand, 8% l’italien, 0,6% le romanche, les 4,4% restant parlant des langues étrangères), était l’un des plus pauvres d’Europe au début du XIXème siècle. Il est aujourd’hui l’un des plus prospère au monde.

Prenez n’importe quel classement de performance, vous y trouverez certainement la Suisse en haut de tableau :

  • N°4 pour le PIB par habitant, selon les chiffres du FMI pour 2022 (contre N°24 pour la France, soit autour de 92 000 $ de revenu par tête en Suisse contre environ 42 000 $ en France) ;

PIB par habitant (Suisse, France, Monde, 1850-2018, en dollars de 2011 ajustés au coût de la vie et à l’inflation dans les différents pays)

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  • N°5 dans le Global Competitiveness Report (Rapport sur la compétitivité mondiale) du Forum économique mondial en 2019, avec la 1ère place sur l’Education (la France figurant à la 15ème place) ;
  • N°1 au regard de l’ensemble des libertés civiles et des libertés économiques dans l’édition 2021 du Human Freedom Index (Indice des libertés humaines) établi par le Cato Institute (contre N°34 pour la France) ;
  • N°1 pour l’indice de développement humain (IDH) défini par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), selon le rapport publié en 2022 (contre N°28 pour la France) ;
  • N°11 dans le cadre du Global Peace Index de l’Institute for Economics and Peace (IEP), ce qui en fait l’un des pays les plus sûrs au monde en 2022 (la France est classée N°65) ;
  • N°4 dans le World Happiness Report 2022 publié par une ONG dépendant de l’ONU (contre N°20 pour la France) ;
  • Sans oublier le record du nombre de Prix Nobel par habitant.

Les pays où l’on est le plus et le moins heureux au monde en 2022

Enfin, au niveau macroéconomique, ce graphique de GaveKal illustre qu’avec des comptes courants structurellement excédentaires, une évolution des prix à la consommation qui n’euthanasie pas le rentier (grâce à la force du franc suisse, la faible indexation des salaires et la relative indépendance suisse aux plans énergétique et agricole), une dette publique qui est passée de 58% en 2002 à 42% en 2022, et un taux de chômage qui se maintient au niveau frictionnel, « La Suisse se porte bien, merci pour elle ! », comme le dit Charles Gave.

La double tradition aurifère suisse : de la fabrication à la thésaurisation

Les Suisses aiment le métal jaune. A en croire les données du Conseil mondial de l’or, ils sont régulièrement les plus gros acheteurs d’or au monde.

Demande annuelle d’or par habitant (grammes, sélection de pays)

Il faut dire que le pays entretient un lien particulier avec le métal jaune. Cinq des plus grandes raffineries d’or de la planète sont sises en Suisse : Metalor à Neuchâtel, Cendres + Métaux à Bienne, Pamp à Castel San Pietro, Valcambi à Balerna et Argor Heraeus à Mendrisio. Comme l’écrivait le quotidien helvète Le Temps en avril 2022, « La Suisse est la principale plaque tournante du commerce international de l’or : les deux tiers du métal précieux mondial y sont raffinés et transformés. »

Les barres, lingots, monnaies, médailles et produits semi-finis (par exemple pour les industries de la joaillerie et de l’horlogerie) qui résultent de ce processus industriel sont en grande partie réexpédiés vers l’étranger. L’excellence suisse en matière de raffinage fait de l’or l’une des marchandises les plus exportées par la Confédération.

C’est ainsi que la Suisse exporte chaque année plusieurs tonnes d’or vers la Chine, lequel métal apparait dans la comptabilité nationale helvète avant de disparaître dans le trou noir de la comptabilité nationale chinoise, dont les réserves officielles d’or ne se monteraient officiellement qu’à 2 010 tonnes (interdit de rire).

Comment ont évolué les réserves d’or de la BNS ?

Jusqu’en 1999, le franc suisse était couvert à 40% par les réserves d’or de la BNS. Ce n’est plus le cas depuis le 1er janvier 2000, suite à la votation populaire du 18 avril 1999 portant sur la nouvelle Constitution.

Le montant des réserves officielles d’or suisses n’a pas bougé depuis 2008 : des 2 419,38 tonnes d’or qu’elle détenait en 2000, la Suisse ne détient plus que 1 040,10 tonnes. Compte tenu des tombereaux de francs imprimés par la BNS pour acheter des euros, cela ne représente plus que 5,44% de ses réserves de changes.

Evolution des réserves officielles d’or de la Suisse et de la France (tonnes, 1999-2022)

En octobre 2021, Charles Gave s’attendait à ce que la BNS se mette à vendre des réserves de changes pour acheter de l’or. Cela n’a pas (encore) été le cas.

A début 2023, la Suisse est officiellement le pays disposant des 7èmes réserves d’or les plus importantes au monde. 

Réserves officielles d’or (sélection de pays, tonnes, 2021)

Voilà pour la banque centrale.

Politique étrangère : la Suisse défend bec et ongles sa souveraineté et son intérêt national

« L’exception suisse » est constituée de deux volets.

Tout d’abord, la tradition suisse de neutralité militaire perpétuelle dans les conflits internationaux (appliquée sans discontinuité depuis 1815) a permis aux Helvètes de traverser deux guerres mondiales sans être trop inquiétés. En tant que pays neutre, la Suisse jouit d’un territoire inviolable en cas de conflit international. Il s’agit néanmoins d’une neutralité flexible puisqu’en 1990, la Suisse s’est alignée sur les sanctions économiques contre l’Irak. De la même manière, peu après l’invasion russe de l’Ukraine, la Confédération s’est alignée sur les sanctions de l’UE à l’encontre de Moscou.

Ensuite, le peuple suisse est bien connu pour sa capacité à rester souverain en dépit des pressions extérieures. Dans leurs rapport IGWT 2019, Stöferle & Valek (S&V) rappellent que « le système est resté solide face aux pressions exercées par l’UE au cours des 20 dernières années pour que le pays suive son chemin ».

Cependant, l’influence internationale sur le droit suisse augmente. En 2019, des chercheurs de l’Université de Genève ont établi que sur la période 2007-2015, 21,9% des lois suisses s’étaient basées sur des impulsions étrangères, contre seulement 7,4% sur la période 1987-1996. L’indépendance juridique suisse est de plus en plus sujette à la pression de ce qui est décidé aux plans international et supranational, en particulier au niveau de l’UE. Espérons que la grenouille suisse ne finira pas ébouillantée.

Bref, on dispose du recul nécessaire pour affirmer qu’historiquement, dans la nation alpine, la défense de la souveraineté et de l’intérêt national a toujours primé sur toute considération internationaliste.

Achat, vente, risque de confiscation de l’or : la Suisse, « un refuge sûr » ?

S&V voient très mal l’Etat suisse mettre la main sur votre or. Comme ils l’indiquent dans leur rapport IGWT 2019, « les limites strictes imposées aux pouvoirs [du] gouvernement [suisse] et sa longue expérience dans le respect de ces limites rendent très improbables les scénarios de confiscation de métaux précieux stockés sous le droit suisse. Une telle démarche nécessiterait un changement constitutionnel historique ; le peuple suisse aurait le dernier mot à ce sujet ; et son track record en termes de votes parle pour lui-même. Ainsi, la Suisse peut certainement être considérée comme un refuge sûr. »

Si les deux Autrichiens devaient se tromper, nul doute que les Suisses sauraient exercer leur droit de résistance à l’oppression étatique puisque 50% des Suisses sont armés. Les mauvaises langues diront que c’est là toute la différence entre de véritables citoyens qui votent des lois, les respectent mais restent armés dans l’hypothèse où il faille une jour défendre leurs droits fondamentaux, et des sujets qui subissent la loi et se trouvent très malins à l’idée de la contourner, tout en livrant leurs armes à l’Etat à la première occasion venue. Comme le fait remarquer Charles Gave, « Citoyen ou sujet, ce n’est pas du tout la même mentalité ! » Cela ne devrait cependant pas être demain la veille que les Helvètes auront l’occasion de sortir leurs fusils de leurs fourreaux.

Ceci posé, le moment est venu de conclure.

Faut-il acheter des pièces d’or et les stocker en Suisse hors du système bancaire ?

La Suisse est un pays bien géré, « antifragile » comme le dit Charles Gave.

L’accroissement de la pression internationale sur le droit suisse et la politique monétaire ultra-accommodante de la BNS, laquelle a résulté dans l’explosion aberrante de la base monétaire suisse et du bilan de sa banque centrale, sont les seuls points noirs que j’aperçois sur le tableau helvète.

Cependant, alors que l’Europe avance de plus en plus sur la voie de la centralisation et que les tensions économiques et sociales sont de plus en plus présentes sur notre continent, la Suisse brille par comparaison sur quasiment tous les plans. Ce pays alpestre cumule les atouts pour être l’une des meilleures destinations pour stocker son or, si ce n’est la meilleure.

Où faut-il stocker son or ?

La Suisse, meilleure destination pour stocker son or ? Cela tombe bien, car la société française AuCOFFRE.com offre à ses membres la possibilité de conserver leurs pièces et lingots en garde sécurisée en Suisse, aux Ports Francs et Entrepôts de Genève (PFEG), qui comptent parmi les lieux les plus sécurisés au monde. En fait, les PFEG stockent principalement des oeuvres d’art dont la valeur totale se compte en milliards. AuCOFFRE.com y stocke aujourd’hui pour le compte de ses clients plus de 5,5 tonnes d’or physique et 50,2 tonnes d’argent métal, dans plusieurs salles des coffres qui lui appartiennent.

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Nicolas Perrin
Diplômé de l’IEP de Strasbourg, du Collège d’Europe et titulaire d’un Master 2 en Gestion de Patrimoine, Nicolas Perrin a débuté sa carrière en tant que conseiller en gestion de patrimoine. Auteur de l’ouvrage de référence "Investir sur le Marché de l’Or : Comprendre pour Agir", il est désormais rédacteur indépendant. Il s’intéresse au libéralisme, à l’économie et aux marchés financiers, en particulier aux métaux précieux et aux crypto-actifs, sans oublier la gestion de patrimoine. Twitter : @Nikookaburra

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