L’automatisation des marchĂ©s va-t-elle causer notre perte ?

par | 27 Jan 2017 | Bourse | 0 commentaires

Temps de lecture : 3 minutes

L’intelligence artificielle appliquĂ©e aux marchĂ©s financiers va-t-elle prĂ©cipiter nos sociĂ©tĂ©s dans un chaos indescriptible ? C’est en tout cas ce que croient certains analystes Ă©conomiques qui redoutent un effondrement du systĂšme financier mondial en raison, notamment, des effets de levier colossaux liĂ©s Ă  l’utilisation systĂ©matique de la technologie au cƓur mĂȘme des mĂ©canismes de rĂ©gulation et de nĂ©gociation sur les marchĂ©s.

L’absence de rĂ©action des marchĂ©s inquiĂšte

John P. Embry est un expert reconnu de l’industrie des mĂ©taux prĂ©cieux, et ses analyses sur le secteur de l’or font autoritĂ© depuis plus de 40 ans maintenant. Mais c’est Ă©galement un spĂ©cialiste des questions financiĂšres et bancaires traditionnelles, du fait notamment de ses nombreuses fonctions directoriales au sein de prestigieux fonds d’investissements depuis la fin des annĂ©es 80. Or, il reconnaĂźt de plus en plus volontiers qu’il n’arrive plus Ă  anticiper comme avant les rĂ©actions des marchĂ©s dont les mĂ©canismes Ă©taient pourtant jusqu’ici assez bien rodĂ©s pour permettre une certaine prĂ©visibilitĂ©.

Technologies marchés financiers

Ces derniers mois ont d’ailleurs Ă©tĂ© assez reprĂ©sentatifs de la difficultĂ© Ă  apprĂ©hender dĂ©sormais l’impact des Ă©vĂšnements majeurs sur les marchĂ©s. On prĂ©voyait un effondrement des bourses europĂ©ennes Ă  la suite du Brexit de juin 2016, et on eut Ă  peine un petit mouvement de baisse de quelques jours, trĂšs vite rattrapĂ© et dĂ©passĂ©, comme si les marchĂ©s avaient Ă©tĂ© aiguillonnĂ©s par cette dĂ©convenue politique. On prĂ©disait un « Brexit puissance 3 » si par malheur Donald Trump Ă©tait Ă©lu, et c’est Ă  peine si les marchĂ©s frĂ©mirent durant quelques heures avant de repartir Ă  la hausse comme jamais auparavant. On Ă©voqua alors (avec un peu plus de circonspection, nĂ©anmoins) l’Ă©ventualitĂ© d’un choc boursier en cas de dĂ©ni politique majeur en Italie, par l’intermĂ©diaire d’un rĂ©fĂ©rendum remettant en cause l’action-mĂȘme du gouvernement en place, et on ne fut finalement presque pas surpris… de ne rien voir du tout.

Les marchés désormais otages des algorithmes

Pour John Embry (et pour beaucoup d’autres), ce dysfonctionnement serait Ă  mettre sur le compte de la haute technologie qui, dĂ©sormais, rĂ©git l’essentiel des marchĂ©s financiers dans le monde. Une intelligence artificielle qui ne raisonne plus en termes d’affect mais qui, au contraire, tend Ă  pondĂ©rer Ă  l’excĂšs les moindres variations d’indices en multipliant les ajustements micromĂ©triques Ă  trĂšs haute frĂ©quence. Impossible dĂšs lors d’appliquer une « logique » humaine aux rĂ©actions du marchĂ©, et par consĂ©quent, impossible aussi de les anticiper Ă  moins d’avoir une connaissance parfaite et complĂšte de tous les Ă©lĂ©ments susceptibles de varier en temps rĂ©el. Ce qui, bien Ă©videmment, n’est plus Ă  notre portĂ©e. Les marchĂ©s sont devenus otages de la technologie qui devait les rĂ©guler.

Effets de levier considérables et niveau de risque « no-limit »

Entendons-nous bien, l’homme a peut-ĂȘtre un certain Ăąge, et on pourrait en dĂ©duire un peu vite qu’il est sans doute un peu rĂ©fractaire Ă  l’innovation qu’ont pu connaĂźtre les marchĂ©s financiers depuis les annĂ©es 2000, voire qu’il est hermĂ©tique aux nouvelles technologies qui s’insinuent dĂ©sormais un peu partout, y compris dans la finance. Mais le fait est que la place de plus en plus Ă©norme occupĂ©e par les techniques « d’innovation financiĂšre », au nombre desquelles on trouve les algorithmes de nĂ©gociations Ă  haute frĂ©quence, ont peu Ă  peu amenĂ© les marchĂ©s Ă  tolĂ©rer des effets de leviers de plus en plus considĂ©rables. Un peu comme si la prĂ©cision accrue des actions correctrices avait rendu le risque plus facilement surmontable. Il est vrai qu’on peut plus sĂ»rement atteindre de trĂšs grandes vitesses en suivant un rail auquel on est solidement attachĂ©, plutĂŽt qu’en se lançant sur une route libre et sans garde-fou oĂč on reste Ă  la merci du moindre moment d’inattention comme du plus petit dĂ©faut sur l’asphalte. Mais la situation des marchĂ©s financiers ne peut guĂšre tenir la comparaison car, si la prise de vitesse est dĂ©sormais plus sĂ»re avec les nouvelles technologies (ce qui a permis aux diffĂ©rents indices boursiers de connaĂźtre des progressions telles qu’on en avait rarement vues, indĂ©pendamment des circonstances), la sĂ©curitĂ© des vĂ©hicules en revanche n’est plus du tout assurĂ©e.

En particulier, la qualitĂ© des produits dĂ©rivĂ©s se rĂ©vĂšle de plus en plus problĂ©matique, l’exposition des principaux acteurs financiers (qu’il s’agisse de banques systĂ©miques ou de fonds d’investissement gĂ©ants) est devenue complĂštement disproportionnĂ©e, et l’envolĂ©e de la dette semble aujourd’hui totalement incontrĂŽlable. Pour John Embry, ce sont les signes d’une prochaine catastrophe car le systĂšme s’emballe et l’absence de rĂ©action des marchĂ©s ces derniers mois montre que cela a dĂ©jĂ  commencĂ©. Il ne sait pas quand ça va exploser, mais d’aprĂšs lui, chaque jour nous rapproche de l’inĂ©luctable et il est plus que temps de prĂ©voir des alternatives de prĂ©caution dans l’or et l’argent notamment.

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Alberti, Anthony
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratĂ©gique, il a Ă©tĂ© amenĂ© Ă  travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matiĂšre d'Ɠuvre Ă©tait constituĂ©e de l'argent des Ă©pargnants. Peu complaisant Ă  l'Ă©gard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il dĂ©livre aujourd'hui rĂ©guliĂšrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de prĂšs ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnĂȘtes citoyens.

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