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Le CPM Group, représenté par Jeffrey Christian, prône le « réalisme » face aux « Croyants » qui envisagent une once d’or à 10 000 $. Lundi passé, je vous indiquais que fort de sa renommée internationale, ce cabinet de recherche et de conseil new-yorkais spécialisé dans les matières premières ne travaille pas particulièrement sa visibilité sur le web.

Les choses semblent cependant évoluer depuis 2020 avec des « commentaires de marché » qui se font plus réguliers, un compte Twitter un peu plus actif qu’auparavant et une chaîne YouTube au travers de laquelle le CPM Group propose de plus en plus d’interventions vidéo de son fondateur et associé-gérant, sans oublier la rubrique des présentations Powerpoint qui reste alimentée.

Cela va nous permettre de découvrir pourquoi le CPM Group relègue l’hypothèse d’une once d’or à 10 000 $ au rang de la supercherie, et comment Jeffrey Christian voit les choses pour l’or dans les années à venir.

Je vous propose de commencer par vous présenter les objectifs de prix que la firme new-yorkaise estime « réalistes. »

Être « réaliste » vis-à-vis de l’or, ça veut dire combien selon le CPM Group ?

Voici quelques extraits d’un billet publié le 15 juillet 2020 (un point de vue développé par Jeffrey Christian dans cette vidéo postée le 17 juillet) dans lequel un expert du CPM Group (sans doute Jeffrey Christian) réagissait à un commentateur qui venait de donner dix objectifs de prix différents pour le cours de l’or en l’espace d’une semaine :

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« Ces gens ne sont pas des menteurs. Ce sont simplement des Croyants qui ne connaissent pas ou choisissent d’ignorer les principes et les réalités de base de la finance, de la mécanique monétaire, de la politique, de l’économie ou de l’histoire. Ils se trompent également sur l’offre d’or, la demande de fabrication, la demande d’investissement, les politiques des banques centrales en matière d’or, les stocks de lingots et de pièces raffinés en surface, ainsi que l’élasticité de l’offre et de la demande d’or par rapport aux prix et aux revenus.

Nous ne vous ennuierons pas avec des détails, si ce n’est pour souligner que ces haussiers ont prédit depuis au moins les années 1970 que des excès économiques et financiers entraîneraient un effondrement financier mondial et une hausse du prix de l’or à 5 000, 10 000 $… peu importe. Ils se sont trompés sur leurs perspectives économiques et leurs projections du prix de l’or depuis près d’un demi-siècle. À quel moment se dit-on : « Peut-être que je devrais arrêter d’écouter des gens qui se trompent depuis 30, 40, 50 ans ? » […]

Nous nous attendons à ce que le prix de l’or augmente, mais il devrait atteindre 1 920 dollars au cours des trois prochains mois et un pic vers 2023-2025 sur une moyenne nominale annuelle d’environ 2 300 dollars avant de retomber rapidement. […]

Nous basons nos projections de prix sur une compréhension réaliste du système monétaire et financier, y compris de ses risques mais aussi de sa résilience. »

A moyen terme, Jeffrey Christian est donc haussier sur le cours de l’or

Comme il l’expliquait dans une vidéo en date du 5 janvier 2021 intitulée « What You Need To Know About Gold In 2021 », outre le fait que les Etats-Unis ont « une dette massive » et que « cela va aller en empirant », il existe toute une série de raisons pour lesquelles le cours de l’or devrait finir par atteindre 2 300 $ l’once :

« L’or et l’argent vont bien se comporter parce que les investisseurs vont continuer à se pencher sur ces trois grandes questions [la politique, l’économie et la pandémie] et à se dire : « Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge ».

L’or a toujours été une question de responsabilité personnelle. L’essence même de la possession d’or est de prendre ses responsabilités. Avant 1930, les gens étaient conscients de cela. Avec la Grande Dépression et la Seconde Guerre mondiale, ils ont en quelque sorte réalisé qu’ils pouvaient peut-être compter sur d’autres personnes et je pense qu’à l’avenir, ils vont réaliser qu’on ne peut pas compter sur le gouvernement et sur la société, et qu’il va vraiment falloir se prendre en charge ».

Et pour se protéger contre ces trois grands problèmes, il faudra notamment posséder de l’or. Achetez-le et conservez-le. En tant que valeur refuge, en tant que diversification de portefeuille, en tant que devise alternative, en tant que réserve de richesse alternative.

Nous ne pensons toujours pas que l’inflation va être un problème. Nous pensons toujours que la déflation est un problème bien plus important, et l’or vous aidera en période de déflation comme en période d’inflation.

Nous avons fait une blague [chez CMP Group] : « Build back better… with gold! » [NDLR : « Build Back Better » – « Reconstruire mieux » – ayant été le slogan de campagne de Joe Biden] Parce que si vous pensez que le nouveau gouvernement des États-Unis va régler tous les problèmes… […] Les gens qui ont gagné du côté Démocrate […] ont cette énorme emprise sur l’économie et sur notre gouvernement et ils l’utiliseront à leur propre avantage et au profit de leurs amis. […] [Ce sont] les mêmes personnes, les mêmes « corporate Democrats » les mêmes « corporate Republicans » [qui ont] gâché les 70 dernières années, et cela va continuer. »

A écouter Jeffrey Christian, on voit donc mal à première vue ce qui l’empêche d’envisager une once d’or au-delà des 2 300 $ en moyenne annuelle, n’est-ce pas ?

Essayons d’y voir plus clair…

Pourquoi « l’or n’atteindra pas les 10 000 $ l’once » ? Le point de vue de Jeffrey Christian

Le fondateur et associé-gérant du CPM Group a évoqué la question dans une vidéo de 5 minutes en date du 14 juillet 2020, alors que l’once cotait 1 800 $ : « Les projections que vous voyez pour 3 000, 4 000, 5 000, 10 000 $ l’once d’or ne semblent pas vraiment fondées sur la réalité », jugeait-il.

Pour Jeffrey Christian, les mécanismes monétaires, économiques, financiers et politiques de base échapperaient à ceux qui envisagent une once au-delà des 2 300 $ en moyenne annuelle :

« Qu’advient-il de la production minière, de l’offre secondaire, de la demande de fabrication, de la demande d’investissement, des achats et des ventes des banques centrales lorsque le prix monte ? Vous avez 1,7 milliard d’onces entre les mains des investisseurs en ce moment, vous avez encore 1 milliard d’onces entre les mains des banques centrales. Beaucoup de ces investisseurs ont acheté de l’or à des prix beaucoup plus bas […], [avec] un prix de l’or à 2 000 $ : certaines de ces personnes vont prendre des profits. Surtout si le prix passe à 2 000 $ en pleine crise, et que ceux-là mêmes qui avaient acheté de l’or auparavant utilisent cet or pour survivre.

Il y a donc des freins naturels dans le marché de l’or qui empêchent les prix de monter trop haut et de rester élevés lorsqu’ils montent. Nous avons déjà vu cela : nous l’avons vu en 1974, nous l’avons vu en 1979-1980, nous l’avons vu en 1987, en 1993-94-95, de 2001 à 2011, et nous le verrons encore. Les prix augmentent, mais pour toute une série de raisons économiques et politiques, ainsi que du fait de la nature économique naturelle du fonctionnement du marché de l’or, les prix ne peuvent pas monter à des niveaux insoutenables et y rester. Certains investisseurs prennent leurs bénéfices, s’en sortent bien et se repositionnent une fois que le prix a baissé. Et les investisseurs qui ne comprennent pas cela finiront par se dire : “Un jour, j’ai été très riche”. »

Jeffrey Christian évoque souvent un troisième argument, passé à la trappe dans cette vidéo. Il s’agit du fait que les Cassandre annonçant la fin du monde économique et financier tel que nous le connaissons existent depuis aussi loin que le fondateur du CPM Group peut remonter dans ses souvenirs. Je le cite de mémoire : « Quand j’ai débuté ma carrière à la fin des années 1970, il y avait un analyste qui vendait ses publications et dont la première d’entre-elles était intitulée : « Le Trésor américain va bientôt faire faillite. » Cela fait quarante ans qu’il raconte la même chose et il a aujourd’hui 100 000 souscripteurs à sa newsletter. »

Jeffrey Christian développe ce point dans cette présentation Powerpoint publiée 23 janvier 2020 (« Gold and Other Metals in 2020 ») :

« Le système financier mondial ne s’est pas effondré. Pas dans la décennie qui a suivi la Grande Récession et la crise financière mondiale. Ni au cours du demi-siècle ou plus durant lequel diverses Cassandre ont annoncé que la fin était proche. En 1980, Reagan s’est présenté aux élections en affirmant qu’un déficit fédéral américain de près de 1 000 milliards de dollars était insoutenable et insupportable. […]

Cela ne veut pas dire que l’énorme dette mondiale, les déficits et les marchés dérivés ne causeront pas de problèmes en fin de compte. Mais cela pourrait être plus tard que ce à quoi de nombreux gold bugs attendent. Cela commence maintenant mais pourrait prendre plusieurs années pour se développer réellement. Et les problèmes risquent de s’estomper. Comme cela a été le cas en 1980, 1987, 1991, 2001 et 2007-2009. Soyons honnêtes : l’économie et la finance continuent de tourner. Les taux d’intérêt sont bas depuis une décennie et pourraient le rester pendant des années… jusqu’à ce qu’ils augmentent. […] Les grands problèmes prennent de l’ampleur, mais ne causent pas encore de grandes perturbations.

Divers commentateurs, en particulier les « gold bugs », ont prédit l’effondrement du système financier mondial depuis les années 1970. Le financement massif des déficits, la croissance de la dette de 12% par an pendant des décennies et une politique monétaire laxiste devaient conduire à l’effondrement du système financier mondial. Cela ne s’est pas encore produit. Et s’ils ne savent pas de quoi ils parlent ? Et si… les milliers d’économistes et de banquiers de la Fed, des autres banques centrales et de l’industrie financière mondiale en savaient plus sur la monnaie et la banque que les polémistes largement autoproclamés ? »

Voilà de quoi donner à réfléchir à ceux qui s’attendent à ce que l’or dépasse les 2 300 $ en moyenne annuelle *, n’est-ce pas ?

Alors, Jeffrey Christian ou Ronald Stöferle ? Pour lequel des deux penchez-vous, cher lecteur ?

Je vous laisse y songer, et je vous retrouve lundi prochain pour vous donner mon avis !

(* Pour des raisons évidentes, je me permets exceptionnellement de vous parler de l’or en dollars US et non en euros dans cette série d’article.)

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Nicolas Perrin
Diplômé de l’IEP de Strasbourg, du Collège d’Europe et titulaire d’un Master 2 en Gestion de Patrimoine, Nicolas Perrin a débuté sa carrière en tant que conseiller en gestion de patrimoine. Auteur de l’ouvrage de référence "Investir sur le Marché de l’Or : Comprendre pour Agir", il est désormais rédacteur indépendant. Il s’intéresse au libéralisme, à l’économie et aux marchés financiers, en particulier aux métaux précieux et aux crypto-actifs, sans oublier la gestion de patrimoine. Twitter : @Nikookaburra

3 Commentaires

  1. Vu l’émission monétaire débridée de ces dernières années couplée à celle encore plus débridée qui débute … je me permets d’être quelque peu septique concernant ces affirmations sur les cours de l’or (et de l’argent) …
    Car à la moindre perte de confiance sur le dollar (c’est déjà fait pour les états qui n’achètent plus les bonds américains … et achètent du métal pour se constituer une assurance) le réflexe sera de se précipiter sur les valeurs refuges:
    Or physique
    Argent physique (pour ceux qui en trouveront encore)
    Immobilier (si nos politiques ne décident pas de voler trop « violemment » le propriétaire sous l’alibi covid)
    Actions (mais la bulle entretenue par la planche à billets risque de se dégonfler « violemment » style 1929 maxi plus…)

    Donc restera prioritairement … l’or et l’argent métal …
    Et les banxters, les banquiers centraux et les gouvernants pourront vendre tout le métal papier qu’ils voudront …pour essayer de supporter le dollar … mais les gens voudront du métal physique et pas de leur daube sans contre partie.
    Ils tenteront d’imposer les choses … mais la confiance ne se décrète pas; elle se mérite.
    Or cette bande copains du système qui se goinfre sur notre dos depuis des années ne la méritent pas.

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