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Notre interlude sur l’argent métal ayant pris fin la semaine passée, je vous propose d’en revenir à l’or. Jusqu’à présent, je vous ai parlé du métal jaune en invoquant des analystes très haussiers sur le cours. Vous savez que je suis sensible au point de vue de Ronald Stöferle et Mark Valek d’Incrementum AG. Rappelons que les deux Autrichiens prévoyaient au mois de mai dernier un cours de l’or aux alentours des 4 800 $ à horizon 2030, tout en jugeant « réaliste » une once autour de 8 900 $ à la même date, si d’aventure la masse monétaire devait suivre le même rythme de croissance dans les 10 ans à venir que ce fut le cas au cours des années 1970.

Or, l’un des plus grands dangers pour l’investisseur étant de s’enfermer dans une vision unique des choses, il me semble important de vous présenter d’autres points de vue afin d’équilibrer la balance.

Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur la vision d’analyste qui s’inscrit en porte-à-faux vis-à-vis des conclusions des auteurs du rapport In Gold We Trust, j’ai nommé : Jeffrey Christian.

Je mets tout de suite les pieds dans le plat en vous présentant ce tweet écrit quelques semaines après la publication du dernier rapport In Gold We Trust le 27 mai dernier. Voici résumé en quelques mots le propos du fondateur et associé-gérant du CPM Group :

14 juillet 2020 : « « L’or à 10 000 $ lorsque les actifs de la Fed s’effondreront » !? Ce propos témoigne du manque total de compréhension des marchés monétaires et financiers de la part de ceux qui ont typiquement intérêt à promouvoir l’or. »

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Pour Jeffrey Christian, il n’est « pas raisonnable » de s’attendre à ce que l’or atteigne les 10 000 $ l’once. Avant de vous expliquer pourquoi, je vais bien sûr vous brosser un rapide portrait de ce grand nom du marché de l’or, et de la société qu’il dirige.

Jeffrey M. Christian : 40 ans d’expérience dans le domaine de la recherche sur les matières premières

Vous ne le connaissiez peut-être pas mais Jeffrey M. Christian n’est pas un nouveau venu dans le microcosme des matières premières. Sorti de la Missouri School of Journalism en 1977 avec une licence de journalisme, il a débuté sa carrière chez Metals Week, une publication industrielle, pour en devenir le rédacteur en chef.

En 1981, il abandonne le journalisme afin de se rapprocher des marchés financiers en rejoignant J. Aron and Co. en tant que Directeur de la recherche. Quelques mois plus tard, la société fusionne avec Goldman Sachs.

En 1986, Jeffrey Christian décide de prendre son indépendance : il rachète le groupe de recherche sur les matières premières de Goldman Sachs, lequel devient le groupe CPM, basé bien sûr à New York. Initialement managing partner, Christian prend la direction de la société un mois après sa fondation, en juin 1986.

Jeffrey Christian, c’est donc plus de quarante ans d’expérience dans le domaine de la recherche sur les matières premières.

Le CPM Group, une société indépendante qui prône le « réalisme » face aux « Croyants » et aux mystificateurs qui sévissent dans la sphère des métaux précieux

Avec une grosse vingtaine d’employés recensés sur LinkedIn, le CPM Group a une expertise très large et très pointue dans le domaine des matières premières, laquelle s’étend des métaux précieux, industriels et spécialisés, aux marchés de l’énergie et de l’agriculture. Ses prestations vont de la production de recherche de pointe au consulting et à l’ingénierie financière, avec la construction de positions tant pour des entreprises souhaitant hedger leur production que pour des fonds d’investissement, des investisseurs institutionnels ou encore des particuliers fortunés. Par ailleurs, le CMP Group a fourni des prestations de conseil aux plus grandes institutions internationales que sont la Banque mondiale, les Nations unies ou encore le Fonds monétaire international. Il s’agit d’un cabinet indépendant à la fois sur le plan capitalistique et sur le plan commercial, au sens où il n’a rien d’autre à vendre que son expertise.

En ce qui me concerne, j’ai connu cette société à l’époque où je rédigeais mon bouquin, au travers de ses CPM yearbooks sur l’or, l’argent et le platine. Publiées chaque année respectivement aux mois de mars, mai et juillet, ces publications payantes font référence dans le secteur des matières premières.

Toutes les analyses du CPM Group ne sont cependant pas marchandées puisqu’outre les entretiens donnés par Jeffrey Christian à des sites spécialisés, la société propose également des « commentaires de marché » ainsi que des présentations Powerpoint des conférences données par les experts du CPM Group, accessibles gratuitement sur son site internet.

Notez que ce dernier dédie une rubrique spéciale au debunking des théories du complot vis-à-vis du marché de l’argent.

N’ayant pas été alimentée depuis 2008, celle-ci semble un peu délaissée (à l’image du site internet de la société qui semble pouvoir vivre sur sa renommée internationale sans avoir besoin de moderniser ses vitrines web pour attirer le chaland). Notez cependant qu’elle a assez mal vieilli puisque depuis la crise des subprime, pas mal d’eau a coulé sous le pont.

Quoi qu’il en soit, le message que veut faire passer Jeffrey Christian est clair : au CPM Group, on n’est pas chez les goldbugs et autres Fox Mulder des métaux précieux. Dans un secteur où nombre d’analystes et de commentateurs ont une fâcheuse tendance à donner dans le sensationnalisme – un constat que je partage -, le CPM Group prône « le réalisme vis-à-vis de l’or. »

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats obtenus par Jeffrey Christian au fil de ses 40 ans de carrière sont convaincants.

Un track record impressionnant en matière de recommandations d’achat/vente à moyen terme

Voici le track record des recommandations d’achat et de vente de Jeffrey Christian au fil de sa carrière, depuis ses débuts chez J. Aron and Co à décembre 2020. (pour une meilleure résolution, je vous renvoie au slide #7 cette présentation Powerpoint qui date quant à elle en date de janvier 2019) Toutes ces recommandations ont été « imprimées et publiées », comme aime à le rappeler Christian.

N.B. : ce graphique fait apparaître les recommandations d’achat/vente du CPM Group à moyen terme (pour les investisseurs qui ont entre 2 à 5 ans devant eux), qu’il ne faut pas confondre avec les recommandations d’achat/vente à court terme que le CPM Group donne régulièrement sur sa chaîne YouTube.

Comme vous pouvez le constater, il y a plus manchot que Jeffrey Christian pour annoncer les points d’entrée et les points de sortie à moyen terme sur le marché de l’or. En effet, la performance moyenne annuelle du métal jaune en dollars depuis 1980 est de 2,8%. Or, un investisseur qui aurait suivi les conseils d’achat/vente de Jeffrey Christian à la lettre depuis cette même date aurait enregistré une performance moyenne annuelle de 9,2%, et de 13,2% s’il avait de surcroit suivi les conseils du CPM Group en matière de short d’or. D’où le leitmotiv du CPM Group :

Jeffrey Christian a donc réussi, en manœuvrant dans le maëlstrom des marchés baissiers et des marchés haussiers de l’or, à enregistrer une performance moyenne annuelle similaire, voir supérieure (si l’on prend en compte ses conseils en matière de short), à ce qu’a fait l’or en dollars depuis 2006, en sachant a fortiori que c’est au cours de la période 2006-2020 que le métal jaune a enregistré l’essentiel de ses gains depuis le début du track record du graphique que nous propose le CPM Group.

Notez que les performances du CPM Group sont encore plus élevées en ce qui concerne l’argent métal.

Bref, autant dire que l’opinion de Jeffrey Christian n’est pas à prendre à la légère.

Le décor ainsi posé, nous rentrerons lundi prochain dans les détails et nous verrons pourquoi Jeffrey Christian pense qu’il n’est « pas raisonnable » de s’attendre à une once d’or à 10 000 $.

A lundi !

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Nicolas Perrin
Diplômé de l’IEP de Strasbourg, du Collège d’Europe et titulaire d’un Master 2 en Gestion de Patrimoine, Nicolas Perrin a débuté sa carrière en tant que conseiller en gestion de patrimoine. Auteur de l’ouvrage de référence "Investir sur le Marché de l’Or : Comprendre pour Agir", il est désormais rédacteur indépendant. Il s’intéresse au libéralisme, à l’économie et aux marchés financiers, en particulier aux métaux précieux et aux crypto-actifs, sans oublier la gestion de patrimoine. Twitter : @Nikookaburra

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