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Comme toute industrie, le microcosme des métaux précieux a son lot d’associations rassemblant des entités aux intérêts convergents. Que vous les appeliez syndicats ou groupes de pression (lobbies), l’idée de base est toujours la même : représenter et défendre les intérêts d’un certain type de sociétés auprès des pouvoirs publics et du grand public.

J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer le Silver Institute – et ses travers – lors d’une série d’articles sur le marché de l’argent métal. Aujourd’hui, c’est du Conseil mondial de l’or (World Gold Council – WGC) que je voudrais parler. Lui non plus n’est pas exempt de critiques de la part de certains analystes, mais on ne peut tout simplement pas passer à côté de cet organisme lorsque l’on s’intéresse au marché de l’or, tant il publie de nombreuses données, dont la plupart sont de qualité. Force est de constater que le WGC ne se fait d’ailleurs pas une petite idée de sa personne (morale).

Histoire que vous sachiez à quoi vous en tenir au sujet de mes prochains articles, je précise que nous débuterons notre périple avec l’analyse des classiques Gold Demand Trends, avant de faire quelques focus sur des questions plus thématiques traitées en détails par le WGC, comme « L’or en tant qu’actif stratégique » et peut-être quelques autres surprises que je vous réserve.

Si ce programme vous plaît, alors il ne vous reste plus qu’à suivre le guide !

Le World Gold Council est le représentant de l’industrie d’exploitation minière occidentale

Basé à Londres mais ayant également des bureaux en Inde, en Chine, à Singapour et aux Etats-Unis, le WGC a été fondé en 1987.

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110 employés sont recensés sur sa page LinkedIn. Ses figures de proues sont John Reade et Juan Carlos Artigas, que vous pouvez tous les deux retrouver sur Twitter.

Ca, c’est pour le staff.

Viennent ensuite les membres qui composent cette association à but non lucratif. La liste des adhérents du WGC s’est certes étoffée au fil des années mais se limitait à 30 compagnies d’exploitation minière à juin 2020, toutes parmi les plus grosses du secteur. Je ne doute pas que certaines de ces enseignes ne vous sont pas inconnues.

Cette carte permet de se rendre compte de ce que représente le WGC à l’échelle de l’industrie. Les mines actuellement exploitées par les compagnies d’exploitation minière membres du WGC y apparaissent en vert, alors que figurent en rose celles où la production est assurée par d’autres sociétés, à nouveau à juin 2020.

Si le WGC recense les plus grands noms de l’industrie minière, il ne représente donc pas le secteur dans son ensemble. Il est certes le plus gros syndicat du secteur, mais il en existe d’autres. J’ai par exemple déjà eu l’occasion d’évoquer la China Gold Association, fondée en 2001 par l’Etat chinois. Si le WGC a certes 3 membres asiatiques (tous chinois : la China National Gold Corporation, Shandong Gold et le Zijin Mining Group), il est avant tout le représentant de l’industrie d’exploitation minière occidentale, comme le suggère la carte ci-dessus.

Quels sont les objectifs du World Gold Council  ?

La mission du WGC s’articule autour de 3 piliers :

1. Promouvoir l’or en tant que classe d’actifs auprès des investisseurs particuliers et institutionnels. Le WGC travaille donc non seulement à l’attention des particuliers…

… mais également au contact des banques centrales, fonds souverains, fonds de pension, compagnies d’assurance, sociétés de gestion d’actifs, gestionnaires de fortune, conseillers en gestion de patrimoine et fournisseurs d’indices boursiers (comme le GDX ou le HUI).

Cela passe par la publication de nombreuses données statistiques et articles de recherche visant à mettre en avant des qualités prêtées à l’or comme « sa valeur constante » [un avis que je suis loin de partager], « sa grande rareté qui ne l’empêche pas d’être très liquide, sa fonction de valeur refuge lors des temps incertains, sa qualité de diversificateur de risque non corrélé, sa fonction de hedge contre la dépréciation des monnaies fiat » [là encore, pour bien comprendre ce dont il retourne en réalité, je vous renvoie à cette vidéo].

Il vous faudra bien sûr vous armer de votre dictionnaire d’Anglais puisque seules 7 publications ont été traduites en Français, entre 2012 et 2013. A vrai dire, le sort des autres langues n’est guère plus heureux, à l’exception bien sûr du Mandarin qui fait l’objet d’un traitement de faveur pour des raisons que les lecteurs réguliers de ces colonnes ne peuvent plus ignorer.

Au-delà de la recherche et de la pédagogie financière, le WGC a œuvré très concrètement à la démocratisation de l’investissement sur l’or, comme nous le verrons plus loin.

2. Œuvrer à l’amélioration des normes (comptables, environnementales, etc.) régissant le secteur, afin de « renforcer l’intégrité, la transparence et la confiance tout au long de la chaîne de valeur. » Le WGC aime à rappeler cet accomplissement : « Ces dernières années, nous avons promulgué des conseils, produit de la recherche et des outils pratiques pour permettre aux compagnies d’exploitation minière d’or de rendre compte des coûts de production de manière plus complète et plus cohérente. »

Ces dernières années, l’accent est mis sur le respect de l’environnement.

3. Travailler à ce que l’industrie d’exploitation minière entretienne des rapports fluides avec les pouvoir publics au niveau international, et à ce que les pouvoirs publics mènent des politiques favorisant l’investissement dans l’or. D’où la publication de rapports sur l’état de l’industrie dans des pays donnés, et l’élaboration de recommandations ad hoc.

Au final, le WGC travaille en lien avec toute la chaîne de création de valeur, et son rôle est de « stimuler et soutenir la demande d’or, assurer le leadership de l’industrie et être l’autorité mondiale du marché de l’or. »

Et il faut bien reconnaître que le WGC a eu une influence notable sur le marché de l’or. Au cours des 20 dernières années, cet organisme peut se targuer d’avoir contribué à au moins deux transformations de fond. La première est la libéralisation du marché de l’or en Chine, que j’ai eu l’occasion d’aborder en détails dans ces colonnes. La seconde est la démocratisation de la demande d’investissement en Occident, au travers de son rôle de concepteur et de sponsor du SPDR Gold Shares (GLD) créé en 2004 – le premier et le plus gros le plus gros tracker or au monde. Le WGC est également à l’origine du SPDR Gold MiniSharesSM (GLDMSM), créé en 2018.

Mais l’action du WGC ne s’arrête pas aux frontières du monde occidental. Il a également impulsé le lancement des premiers plans d’accumulation d’or en Inde et en Chine, des modèles reproduits dans de bien d’autres pays asiatiques.

Une recherche de pointe… dont il faut garder à l’esprit qu’elle est financée par l’industrie minière

Le WGC a donc grandement contribué à rendre l’investissement en or plus mainstream, et est une source d’information très pratique pour quiconque s’intéresse au marché de l’or.

Il faut cependant garder à l’esprit que sur le plan de sa forme juridique, le WGC est une association à but non lucratif (vous ne trouverez sur son site web aucun service payant). Le revers de la médaille est que ses activités sont intégralement financées par les cotisations des 30 membres, dont l’intérêt est bien sûr que la demande d’or augmente. Un état de fait à garder en tête à la lecture des travaux de ce lobby.

Ceci posé, je vous propose de nous retrouver lundi prochain pour analyser la publication phare du WGC : les Gold Demand Trends, c’est-à-dire les chiffres de l’offre et de la demande d’or.

Comme la dernière édition concerne le T4 2020, cela nous permettra par la même occasion de faire le point sur l’offre et la demande sur l’ensemble de l’année.

A lundi !

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Nicolas Perrin
Diplômé de l’IEP de Strasbourg, du Collège d’Europe et titulaire d’un Master 2 en Gestion de Patrimoine, Nicolas Perrin a débuté sa carrière en tant que conseiller en gestion de patrimoine. Auteur de l’ouvrage de référence "Investir sur le Marché de l’Or : Comprendre pour Agir", il est désormais rédacteur indépendant. Il s’intéresse au libéralisme, à l’économie et aux marchés financiers, en particulier aux métaux précieux et aux crypto-actifs, sans oublier la gestion de patrimoine. Twitter : @Nikookaburra

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