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La récente crise des migrants a fait ressurgir une vieille marotte protectionniste dans l’esprit de beaucoup de Français, y compris chez certains politiques : rétablir nos frontières. L’ennui c’est que, même si on passait outre les difficultés administratives et, surtout, si on s’asseyait sur nos engagements communautaires, il n’est pas certain que notre pays pourrait avoir les moyens de revenir sur les accords de Schengen. En effet, selon une étude réalisée par France Stratégie et publiée vendredi dernier, rétablir les frontières, ou même simplement renforcer les contrôles aux limites du territoire, pourrait coûter à la France plus de 10 milliards d’euros par an.

Ainsi, indépendamment de son utilité très relative sur l’immigration clandestine (qui existait bien avant la suppression des frontières), et des coûts induits par la réactivation des contrôle en termes d’infrastructures et de personnel, une telle mesure aurait de grosses conséquences sur le commerce, le tourisme et le transport, entraînant des pertes allant jusqu’à deux milliards d’euros par an à court terme. De la même façon, l’emploi transfrontalier s’en trouverait fortement impacté et jusqu’à 10.000 personnes pourraient ainsi perdre leur emploi.

L’étude indique également qu’à plus long terme, les contrôles aux frontières feraient baisser les échanges entre les pays de l’actuel espace Schengen d’environ 10 à 20%. Au bout de 10 ans, la France pourrait ainsi perdre 0,5% de son PIB rien qu’en raison des contrôles plus stricts aux frontières, soit plus de 10 milliards d’euros en considérant le produit intérieur brut actuel.

Enfin, le rétablissement des frontières s’accompagnerait tout naturellement d’un certain nombre de mesures qui décourageraient fortement les investisseurs étrangers (lesquels ne se bousculent déjà pas vraiment à nos portes) et les flux financiers s’en trouveraient perturbés, mais l’étude précise que ces facteurs sont difficiles à évaluer. Ce qui, en termes clairs, signifie que cela pourrait représenter bien plus que les 10 milliards de perte évoqués plus haut.

Rappelons que l’espace Schengen a été créé en 1995 pour faciliter les mouvements de personnes à travers l’Union européenne, mais face à une augmentation sans précédent du nombre de réfugiés en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient, plusieurs pays dont la France ont été contraints de rétablir une forme de contrôle provisoire. D’autres membres de l’Union Européenne, en revanche, n’arrivent pas à assurer une certaine étanchéité de leurs frontières, comme par exemple la Grèce qui constitue le principal point d’entrée des migrants en Europe.

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À défaut de solution rapide, Bruxelles pourrait même autoriser les autres membres de l’UE à étendre leurs contrôles au frontières avec la Grèce – donc à l’intérieur de l’espace Schengen ! – pour un maximum de deux ans. Une éventualité qui semble conforter ceux qui pensent que la sortie de la Grèce de la zone euro est également inévitable.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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