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Le 26 avril dernier, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) publiait son rapport mensuel sur les demandeurs d’emploi et faisait apparaître une diminution de 60 000 chômeurs. Une information sur laquelle le gouvernement n’a pas tardé à se féliciter à grands coups de déclarations bouffies d’autosatisfaction. Sauf que ce n’est pas exactement ce que dit le rapport…

Certes, la Dares indique bel et bien que le nombre de demandeurs d’emploi en France métropolitaine a diminué de 60 000 personnes entre février et mars 2016, mais c’est uniquement pour ceux de la catégorie A, c’est-à-dire celle qui est le plus souvent prise en compte par les autorités et les médias pour servir de baromètre au chômage. Mais cette catégorie n’est plus vraiment représentative du nombre réel de demandeurs d’emploi en France. Au mieux recouvre-t-elle la moitié des personnes concernées.

Une lecture complète du rapport de la Dares s’impose

Ainsi, les chômeurs en catégorie A sont désormais au nombre de 3 531 000, en diminution de 1,7 % sur un mois. Mais le rapport relève également que ce chiffre est en progression de 0,5 % depuis le premier trimestre 2015, correspondant à une augmentation de 16 600 demandeurs d’emploi supplémentaires. C’est déjà nettement moins glorieux. De la même façon, si on regarde du côté des autres catégories de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi, la situation décrite par la Dares n’est guère plus satisfaisante, au contraire. Prenons par exemple le nombre de demandeurs d’emploi « tenus de rechercher un emploi et ayant exercé une activité réduite dans le mois écoulé » (catégories B et C) : il s’établit aujourd’hui à 1 202 900 personnes, soit 51 300 de plus que le mois dernier (+2,7 % sur un mois) et presque 90 000 de plus qu’en avril 2015 (+8 % sur un an).

Le nombre de chômeurs continue à augmenter en dépit des échéances électorales

Au total, le nombre de demandeurs d’emploi en France (y compris dans les départements d’outre-mer) s’élève à 5 756 700 personnes pour les catégories A, B, C, auxquelles il faut ajouter les 697 300 personnes inscrites à Pôle Emploi sans être pour autant tenues de rechercher un emploi (c’est le cas par exemple des chômeurs en formation, en maladie, ou encore dont l’âge les dispense de rechercher un emploi), ainsi que la moitié des 2,53 millions de bénéficiaires du RSA dont on estime qu’au moins 50% ne sont pas inscrits à Pôle emploi. Et n’oublions pas non plus les 45 000 personnes qui disparaissent des radars tous les mois en raison des radiations qui, elle aussi, sont en nette augmentation (+10% environ).

Par conséquent, les « bons » chiffres annoncés fin avril correspondent au mieux à des transferts de personnes d’une catégorie administrative à une autre. Elles ne reflètent en tout cas pas du tout l’augmentation régulière du nombre de demandeurs d’emploi, qu’il s’agisse de personnes inscrits à Pôle emploi (+227 000  en un an) ou de bénéficiaires du RSA uniquement affiliés à la Caisse d’allocations familiales (+100 000 depuis avril 2015).

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À un an des élections majeures de notre pays, on comprends que le gouvernement cherche des occasions de pavoiser, mais avec désormais quasiment 7,5 millions de chômeurs, la réalité devient particulièrement difficile à maquiller, même avec une bonne communication…

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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