Publicité

En 2018, le muséo Parc d’Alésia, associé au musée et Parc Buffon (Montbard), présentait une très originale exposition temporaire consacrée au Coq, l’un des animaux les plus présents dans notre quotidien et dans notre imaginaire symbolique. Car le coq est indissociable de l’Histoire de la France et, aujourd’hui encore, ce gallinacé est présent dans notre quotidien et sur nos pièces. Il est aussi le symbole du « made in France », identifiant « naturellement » la France à l’Étranger.

Ce qu’il faut retenir :

  • Dans sa symbolique, le coq incarne le courage, la virilité, la ponctualité, ou encore la combativité.
  • C’est Henri IV, en 1602, qui en fait le symbole de la France.
  • Au moment de la guerre de 14-18, le coq redevient un symbole patriotique qui est décliné sur de nombreux supports, y compris des insignes et des médailles.

Du coq antique…

Importé d’Asie par les Grecs, le coq va incarner, dans la mythologie, un certain nombre de vertus, dont le courage, la virilité, la ponctualité, ou encore la combativité. Voilà ce que rapporte la mythologie à son sujet : une nuit, alors qu’Aphrodite trompait son mari (Héphaïstos) avec Arès, ce dernier demanda à un jeune éphèbe nommé Alectryon de faire le guet et de le prévenir de l’arrivée du jour, afin de ne pas être découvert par le mari jaloux. Mais Alectryon s’endormit et ne put empêcher Hélios (le Soleil) d’entrer dans la chambre des amants. Hélios raconta tout à Héphaistos et Arès punit Alectryon en le changeant en coq afin qu’il n’oublie plus jamais d’annoncer le matin.

Si les Gaulois ne semblent pas avoir organisé de culte en son honneur, les Grecs puis les Romains lui accordent beaucoup d’importance car l’animal est, depuis la naissance de Diane et d’Apollon, consacré au soleil et à la lune. En effet, annonçant la lumière du matin, il devient oiseau solaire, symbolisant l’immortalité de l’âme. Il se voit également doté de qualités d’augure. Friands de divination, les Romains s’attachent à ses qualités de prédiction de l’avenir.

…au coq révolutionnaire

Au fil des siècles, cette image du coq fait son chemin, ne serait-ce qu’aux sommets des clochers. C’est Henri IV, en, 1602, qui en fait le symbole de la France. La loi du 9 avril 1791, sous la Révolution, le qualifie de « symbole de vigilance » patriotique et révolutionnaire. Du coup, on retrouve sa silhouette partout, des objets les plus symboliques comme les drapeaux, jusqu’aux plus usuels comme les assiettes en faïence. Il est souvent associé au bonnet phrygien ou au faisceau de licteur et est devenu un des symboles nouveaux destinés à remplacer ceux de la monarchie. En revanche, si c’est un autre volatile, l’aigle, que lui préférera Napoléon, il revient dans les bagages de la monarchie, en particulier sous Louis Philippe qui veut rappeler sa participation aux guerres révolutionnaires. Il adopte, d’ailleurs, trois emblèmes pour son régime : le drapeau tricolore, la charte nouvelle de 1830 et le coq gaulois, qui devient emblème officiel principal, statut qu’il ne retrouvera plus jamais ensuite. Il va survivre à nouveau à la tourmente révolutionnaire de 1848.

Publicité

Voilà ce que stipule le décret du 5 mars 1848 : Le Coq gaulois et les trois couleurs étaient nos emblèmes vénérés lorsque nous avons créé la République en France : ils ont été adoptés au cours des Trois Glorieuses de Juillet. Ne songez pas à les supprimer ou à les changer, citoyens : ce serait répudier les plus belles pages de notre histoire, notre gloire immortelle, et votre courage, qui a acquis une réputation mondiale. Il apparaît alors sur le sceau officiel de l’État, encore utilisé aujourd’hui.

Ecu de 6 livres Louis XVI.

L’apogée de la IIIᵉ République : le coq, symbole patriotique

Évidemment, le Second Empire lui préfère à nouveau l’aigle, mais, dès 1870, il fait son grand retour sur la scène politique. Pourtant, le coq va bénéficier d’un engouement particulier dû au contexte géopolitique. D’une part, la France ne se remet pas de la perte de l’Alsace et de la Lorraine, consécutive à la défaite de Sedan. L’aigle allemand va, pour un long moment, devenir l’ennemi du coq français. De plus, Napoléon III avait favorisé la recherche historique et les fouilles archéologiques, en particulier sur la période gauloise, rappelant, fort à propos, la résistance de Vercingétorix contre les envahisseurs romains, désormais assimilée à celle de Gambetta et de son gouvernement de la Défense nationale face aux Prussiens.

Avec la reprise des activités, au moment de la guerre de 14-18, le coq redevient un symbole patriotique décliné sur de nombreux supports, y compris des insignes et des médailles. Il est associé parfois au soleil, et représente le peuple français uni dans la défense du territoire national. Le 14 juillet 1919, lors du défilé de la Victoire, à Paris, deux pyramides de canons pris aux Allemands sont construites au rond-point des Champs-Élysées et sont surmontées de deux coqs vainqueurs. Il figurera également sur nombre de monuments aux morts.

Pièce 20 francs or de 1900.

Depuis lors, il est devenu un symbole de la France dans le monde entier.

Comment le coq est-il devenu un symbole sur les pièces françaises ?

Les différentes représentations du coq dans la numismatique

Le coq est probablement un des animaux les plus sacrifiés de l’Antiquité, et est souvent associé au dieu Mercure. On le retrouve ainsi sur les monnaies grecques d’Himera, de Dikaia, de Troas en Mysie, à Cales en Campanie ou même sur les monnaies macédoniennes d’Alexandre le Grand. Dans chacune de ces représentations il est fièrement dressé sur ses ergots, la tête levée. Plus tard, si ce sont bien les Romains qui semblent avoir inventé le concept de « coq gaulois » (Gallus signifiant coq en latin), on ne constate pas que l’animal ait pu être considéré comme porteur d’une symbolique particulière pour les Gaulois. On le retrouve de manière très ponctuelle sur un semis ibère d’Arecotaras (Espagne) ou en Gaule cette fois, sur les monnaies frappées par la tribu des Bellovaques.

Le drachme d’Himera.

Le coq, régulièrement représenté sur la pièce 20 francs or

Des pièces d’or, mais pas seulement

Puis, il semble disparaître complètement de la numismatique française jusqu’à la Révolution. Il est fièrement présent sur le célèbre écu « au Génie » dû à Augustin Dupré, à droite, la patte droite levée. Et le dessin de cette pièce réapparaîtra régulièrement, en particulier sur la pièce d’or de 20 francs. On le rencontre aussi lors des grands concours monétaires du XIXᵉ siècle. Mais c’est avec la IIIᵉ République qu’il recevra le plus grand honneur en figurant seul sur la nouvelle pièce de 20 francs or « au coq », du graveur Jules-Clément Chaplain. Il est dressé à la manière du « Chanteclerc », pièce célèbre d’Edmond Rostand. Cette monnaie est, encore aujourd’hui, manipulée en masse par les investisseurs.

En savoir plus sur les pièces d'or d'investissement

En 1943, il redevient ce symbole de la nation française en guerre sur des monnaies de cupro nickel de 50 cts et 1 franc, frappées par la France Libre pour Madagascar. Le coq est debout à gauche à l’avers alors que le revers porte une croix de Lorraine, la devise républicaine et les mentions « Honneur-Patrie ». La reconquête de notre territoire (y compris celui des colonies) est en marche.

1 franc Madagascar.

Dans les années 1950, le graveur Georges Guiraud lui redonne vie sur une série de pièces de 10, 20 et 50 francs. Son coq est néanmoins beaucoup plus petit et stylisé. Les amateurs avertis rechercheront, d’ailleurs, sur ces pièces, les variantes « à 3 plumes » ou « à 5 plumes » qui vont permettre de déterminer la rareté, et donc la valeur, de la pièce qu’ils ont en main.

En 1986, le dessinateur britannique, John Lobban, lui redonne vie au revers de la pièce de 10 francs consacrée à Maurice Schumann. De ce coq, très altier, on ne voit que le cou et la tête, stylisés, semblant surgir de la valeur faciale. Hélas, elle passera complètement inaperçue du grand public. Pourquoi ? Ce modèle de pièce en nickel était destiné à remplacer la pièce de 10 francs dite « Mathieu », trop contrefaite et dont le métal résistait mal à l’usure et à la corrosion. La première de ce nouveau type était celle due au graveur Joaquin Jimenez. Mais à peine mise en circulation, une fronde des consommateurs la jugeant trop petite et trop similaire à la pièce d’un demi franc « Semeuse », la fit retirer de la circulation, emportant avec elle la 10 francs « Schumann » qui devait être la pièce commémorative de circulation courante de 1986.

Et ce coq continue de nous accompagner dans notre vie numismatique contemporaine.

De nouvelles pièces portent aussi le symbole du coq

Tout d’abord grâce à la série triennale de monnaies de collection consacrée… au coq, frappée par la Monnaie de Paris de 2014 à 2016. Approche très amusante car la série se décline du détail (sa tête) au général (son corps complet), chaque année découvrant un peu plus l’animal.

Ensuite grâce au coq de Jean-Paul Gaultier qui, avec ses couleurs, illustre une représentation à la fois altière et très amusante de la France. Il figure en entier sur deux pièces de 50 euros 2017. Sur l’une, il porte la marinière emblématique du créateur de mode, symbole masculin, et sur l’autre le corset, symbole féminin. Dans les deux cas, la queue, fièrement levée, est traitée en bleu-blanc et rouge.

Sur deux autres pièces, toujours de 50 € en argent, non colorisée, le coq danse avec sa poule sous les lampions d’un bal musette installé sous la tour Eiffel, ou chante la Marseillaise, main sur le cœur, chaussures à crampons aux pieds, avec deux autres de ses congénères. Une apothéose ? Oui, car 2017 était aussi « l’année du coq » dans le calendrier lunaire chinois. De ce fait, notre gallinacé a figuré sur nombre de monnaies du monde, y compris sur la pièce que consacre chaque année la Monnaie de Paris à ces symboles orientaux.

Article précédentCoût de production de l’or : l’AISC détermine-t-il le plancher du cours ?
Article suivantInvestir sur l’or, au fil des cycles longs de la gestion de portefeuille en France depuis 1840
Bruno Collin
Elève d’Emmanuel Le Roy Ladurie, Docteur en histoire économique et monétaire, expert numismate et journaliste. Auteur d’une quinzaine d’ouvrages et de plusieurs centaines d’articles sur ce sujet, il analyse la monnaie sous tous ses multiples aspects : historique, valeur, économique, support de propagande, nerf de la guerre, objet de placement, techniques de fabrication, métaux...

LAISSER UN COMMENTAIRE

Veuillez entrer votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici