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En termes de scandales, de risques et de solvabilité, l’année 2014 n’a pas épargné les banques. Pourtant, lors de l’enquête réalisée par Ifop pour la société AUCOFFRE.com, presque 3/4 des Français (73%) déclarent faire confiance aux banques de statut privé. Une tendance à la hausse depuis la précédente enquête réalisée en novembre 2013. Nous vous expliquons pourquoi.

Les Français réellement confiants ou amnésiques ?

73% des Français déclarent faire confiance aux banques privées traditionnelles type Crédit Agricole, Société Générale.

La confiance accordée à différents organismes financiers :

Confiance banques privées - Enquête Ifop/AuCOFFRE.com
Confiance banques privées – Enquête Ifop/AuCOFFRE.com

C’est une tendance en nette hausse (+12 points) par rapport à l’enquête réalisée il y a un an, dans laquelle 61% des Français déclaraient faire confiance aux banques privées.

Une tendance encore plus nette chez les 65 ans et plus (82%). Au niveau des préférences politiques, ce sont les sympathisants Modem qui accordent le plus confiance dans les banques privées (86%) contre 67% chez les sympathisants Europe Ecologie / Les Verts.

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Autre résultat parlant, concernant cette fois-ci les banques publiques, type La Banque Postale.
69% des Français leur accordent leur confiance (ce qui est un peu moins que les banques privées) et en très légère hausse par rapport à 2013 (65%).
Chez les moins de 35 ans, seulement 58% ont confiance dans les banques de type public.
Une confiance moins marquée également chez les sympathisants du Front National (56%), alors que 83% des sympathisants PS leur font plutôt confiance, les sympathisants de chaque parti traduisant indirectement dans ce résultat leur défiance ou leur confiance dans l’Etat.

Les banques ont-elles redressé le tir ? En fait, cet article de Capital peut apporter un début d’explication.
Les Français ont globalement confiance dans LEUR banque (et dans leur relation de proximité avec leur conseiller financier), mais pas dans le système financier lui-même. C’est un peu comme aimer les Big Mac et ne pas aimer Mc Donald…
Sauf que les agences de ces banques privées font partie intégrante du système financier pour lequel les Français éprouvent de la défiance.
Le paradoxe est là comme le souligne cet autre article.
Les Français sont satisfaits des services de leur banque mais ne la recommanderaient pas !

Cette tendance apparaît aussi dans la confiance qu’accordent les Français dans les organismes d’émission de monnaies électroniques non bancaires (PayPal, compte nickel) : 44% (-12 points depuis l’enquête réalisée en février 2012), et dans les banques privées en ligne type Fortuneo : 32%.
Bien que ce résultat soit en hausse depuis 2012, il reste faible. Les banques online n’ont toujours pas percé, alors que la France est un pays très largement connecté.

A travers ces résultats s’expriment une peur de la dématérialisation, de l’abstrait. L’argent doit pouvoir se voir et se toucher, un conseiller clientèle se rencontrer.

Il y a encore beaucoup de conservatisme des Français dans leur rapport à l’argent. Ils sont soumis à une double contrainte qui les pousse à confier leurs économies à des entités réelles, physiques, mais dont ils réprouvent le système.

Des banques pourtant sur la sellette

2014 n’aura pourtant pas épargné les banques, égratignées par de mauvais résultats aux stress-tests et impliquées dans divers scandales financiers.

– Risque systémique
Dans ce dossier publié en novembre, nous évoquions l’insolvabilité de 28 banques dites systémiques (celles qui, en cas de faillite, représenteraient un risque pour l’Etat).

En octobre dernier, la BCE et l’ABE (l’Autorité bancaire européenne) avaient soumis 130 banques européennes à des « stress tests » pour savoir si elles étaient solides. Sur les 130 banques, 11 au moins (dont 3 grecques, 3 italiennes, 2 autrichiennes, 1 portugaise et 1 belge) avaient échoué aux tests de résistance à différents scénarios économiques catastrophe.

– Insolvabilité des grosses banques françaises
La confiance ne peut pas régner dans le système bancaire en France, car les 4 banques systémiques (Groupe Crédit Agricole, BNP Paribas, BPCE-NATIXIS et Société Générale) sont loin de respecter les règles prudentielles d’endettement préconisées par Alan Greenspan. Pour respecter les règles prudentielles d’endettement, ces banques devraient augmenter leurs capitaux propres de 428 milliards d’euros…

– Scandales
En 2014, la réputation des banques a été plus que jamais écornée par des scandales. Pourtant, les résultats de l’enquête Ifop réalisée pour AuCOFFRE.com semblent déconnectés de cette réalité.

Le 17 décembre dernier sur Levif.be, Amid Faljaoui énumérait les plus gros scandales bancaires qui ont émaillé l’année 2014.
L’article commence ainsi « Certes, la plupart des membres de cette profession bancaire font correctement leur boulot, du moins en Belgique. Mais ce travail de fourmi au niveau individuel est hélas sapé par des scandales qui se suivent et se ressemblent. »

C’est bien cette dichotomie entre le microscopique et le macroscopique bancaires qui pourrait expliquer la confiance des Français envers les banques privées. Ils ont confiance dans l’individu, mais pas dans le système.
Au même titre que certaines méga banques sont considérées comme « Too big to fail » (trop importantes pour faire faillite), les scandales sont-ils trop gros pour qu’on les voie ?

Amid Faljaoui énumère donc les 7 plus gros scandales bancaires de 2014, parmi lesquels la manipulation du cours de l’or par un cartel de banques. Il y a bien quelque chose de pourri au royaume des banques. En novembre, « les autorités de régulation suisses (Finma) ont découvert des « tentatives évidentes » de manipulation des cours des métaux précieux au cours de leur enquête menée au sein d’UBS pour allégations de fraude sur le marché des changes » (source Reuters).

Une filiale suisse de la banque britannique HSBC a été quant à elle inculpée par la Belgique pour «fraude fiscale grave et organisée, blanchiment, organisation criminelle et exercice illégal d’intermédiaire financier».

Les banquiers sont-ils des tricheurs par culture ? Eh bien il faut croire que oui.

Pour résumer, les Français auraient plutôt confiance dans leur banque que dans le système financier, voire dans leur conseiller plutôt que dans leur banque, mais les deux sont pourtant indissociables.

Comment faire avec ce french paradoxe ? Pour reprendre une expression de Simone Wapler, il faut faire attention à ne pas se faire « chyprer » ses économies ! Certes, la situation de Chypre n’est en rien comparable avec celle de la France, mais ce qui est arrivé à Chypre peut très bien nous arriver et plus vite qu’on pourrait le croire. Une solution ? La débancarisation !

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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