Hard Brexit en approche

par | 16 Jan 2019 | Europe | 0 commentaires

Temps de lecture : 3 minutes

La Chambre des Communes a rejetĂ© massivement l’accord de Brexit nĂ©gociĂ© par la PremiĂšre Ministre britannique avec l’Union EuropĂ©enne. Les commentateurs au lendemain de ce vote historique sont complĂštement perdus. Theresa May a 3 jours pour proposer un plan B
Mais lequel ?

Le vote de la Chambre des Communes du Parlement Britannique est rĂ©ellement l’illustration du chaos politique et institutionnel dans lequel les anglais sont plongĂ©s depuis le 23 juin 2016. Ce jour-lĂ , les Ă©lecteurs votent pour la sortie de la Grande-Bretagne de l’Europe. Le 15 janvier 2019, des Ă©lus d’opposition et de la majoritĂ© ont votĂ© contre le mĂȘme accord mais pas pour les mĂȘmes raisons : 432 contre, 202 pour l’accord !

L’histoire retiendra la situation trĂšs inconfortable de Theresa May en ce dĂ©but d’annĂ©e 2019, on espĂšre qu’on se rappellera aussi des dĂ©missions en sĂ©rie de ministres et leaders pro-brexit. Personne ne veut prendre sa place visiblement.

Hard Brexit : les conséquences

Pour l’instant le Hard Brexit s’annonce. En effet, les Ă©lus britanniques ont rejetĂ© l’accord nĂ©gociĂ© pendant de longs mois -il fait plus de 600 pages- et donc, la sortie de l’Angleterre doit se faire sans amĂ©nagement. Retour aux barriĂšres douaniĂšres, fin des rĂ©glementations et des normes europĂ©ennes pour les activitĂ©s anglaises et surtout rĂ©tablissement d’une frontiĂšre terrestre en Irlande entre le Nord et le Sud.

Cette histoire de frontiĂšre est sans doute la plus grande peur de nos voisins d’outre-manche. La guerre civile est encore dans toutes les mĂ©moires. C’est un traumatisme important pour de nombreuses gĂ©nĂ©rations.

Du point de vue des europĂ©ens et notamment des pays qui commercent directement avec les anglais, c’est bien Ă©videmment le coĂ»t administratif, rĂ©glementaire et douanier d’un rĂ©tablissement d’une frontiĂšre qui inquiĂšte. Cela fait des dĂ©cennies que le business est organisĂ© avec notre voisin « un peu particulier » qui conserve sa monnaie, roule dans l’autre sens
 mais qui, finalement, fait bien partie de la famille. La finance organisĂ©e autour de la City va se retrouver bouleversĂ©e. C’est sans doute pour cela que Goldman Sachs communique quelques heures aprĂšs le vote.

« Nous pensons que la perspective d’un Brexit ‘sans accord’ dĂ©sordonnĂ© s’est un peu plus Ă©loignĂ©e », Ă©crit Adrian Paul, Ă©conomiste de la banque pour l’Europe »

Bizarrement, nous avions nous compris l’inverse. Dans sa note, le banquier ajoute : « on se dirige vers le report de la date de sortie du 29 mars. Il faut vite rassurer les milieux financiers et donc prĂ©parer le plan B. Les banques britanniques sont concrĂštement impactĂ©es par une sortie de l’UE ne serait-ce que sur les frais dans les Ă©changes en Euros avec les autres pays.

[mise Ă  jour]. Du cĂŽtĂ© du gouvernement français, on se prĂ©pare plutĂŽt Ă  un Hard Brexit. Le Premier Ministre Edouard Philippe a dĂ©clarĂ© : « l’hypothĂšse de sortie du Brexit sans accord est de moins en moins improbable ». Il a donc dĂ©clenchĂ© le plan liĂ© Ă  un Brexit sans accord. Il s’agit de mesures rĂ©glementaires et d’investissements notamment pour les villes « frontiĂšres » : amĂ©nagement des ports, de parkings pour les contrĂŽles mais aussi de recrutement de douaniers. [18/01/2019]

Pour l’Ă©conomie, les projections d’un Hard Brexit sont trĂšs pessimistes. Outre le coĂ»t de la sortie, ce sont des secteurs d’activitĂ© entiers qui seront touchĂ©s. Quelques exemples :

  • L’assurance : activitĂ© oĂč les britanniques sont en pointe et dont les contrats sont vendus par de nombreux courtiers ;
  • L’aĂ©ronautique : l’avionneur europĂ©en Airbus intĂšgre dans son process industriel des usines en Angleterre et en Ecosse ;
  • La viticulture : plus anecdotique sauf pour les principaux concernĂ©s : les anglais sont de gros consommateurs de vin français.

Plan B, mais lequel ?

Theresa May a donc 3 jours pour proposer une solution. Sinon, c’est la sortie brutale, le Hard Brexit. Il existe des partisans de cette solution : on verra bien le 29 mars : Go Brexit !

PremiĂšre option : un accord renĂ©gociĂ© et acceptable par les parlementaires, cela semble bien court pour y arriver. Et surtout les nĂ©gociateurs europĂ©ens ne semblent pas prĂȘts Ă  lĂącher de nouvelles concessions.

DeuxiĂšme option : retour aux urnes pour les britanniques avec un nouveau rĂ©fĂ©rendum. Les partisans de ce retour au vote estiment que les Ă©lecteurs ont maintenant bien compris les enjeux, les incidences et les risques d’une sortie de l’Europe. Il faut bien avouer qu’Ă  la lecture des journaux britanniques et de la stupĂ©faction provoquĂ©e par les projections Ă©conomiques concrĂštes, peu d’anglais avaient une vision claire du Brexit.

TroisiĂšme option : On retarde la sortie. On repousse la date du 29 mars. Cela donne le temps aux anglais de s’organiser. Sauf, qu’au mois de mai il y a des Ă©lections europĂ©ennes. Les anglais Ă©taient dĂ©jĂ  exclus de ce vote. Les siĂšges de leurs dĂ©putĂ©s sont redistribuĂ©s. Il faudrait donc repousser les Ă©lections aussi ?

Le chaos institutionnel et politique

Les milieux Ă©conomiques dĂ©testent l’incertitude. Et ce vote ajoute un niveau supplĂ©mentaire dans ce sens. Le Brexit est un caillou, un rocher dans les Richelieux des acteurs de la finance. Le 24 juin 2016 aprĂšs les rĂ©sultats du rĂ©fĂ©rendum, cela avait Ă©tĂ© la panique sur les marchĂ©s. Au lendemain de ce vote du parlement, le 16 janvier, les marchĂ©s ouvrent tranquillement et mĂȘme un petit peu Ă  la hausse. La Livre Sterling a un peu souffert puis s’est redressĂ©e. Comment dit-on : Ă  force de crier au loup en anglais ? « By crying wolf » 

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Faure, Jean-François
Jean-François Faure. PrĂ©sident d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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