Cela fait un peu plus d’un an que les Anglais ont décidé que la Grande-Bretagne allait redevenir une île, une vraie ! Good bye l’Europe ! Après plusieurs décennies de relations particulières (voire tumultueuses) entre la Perfide Albion et Bruxelles, les Britanniques ont décidé de ne plus avoir «un pied dedans, un pied dehors », mais bien les deux pieds chez eux. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cette sortie devrait faire mal, très mal aux différentes économies liées à l’Angleterre. De part et d’autres de la Manche, les prévisions inquiétantes commencent à affluer.
Quand le monde économique parle du Brexit aujourd’hui, il s’agit de choses concrètes. Comme disait une publicité de Renault, à vous d’inventer la vie qui avec…des frontières et donc des barrières douanières et réglementaires. C’est une question économique (on y reviendra) mais aussi de société pour les Anglais. On a tellement l’habitude de la libre circulation des biens et des personnes en Europe qu’on a oublié que la Grande-Bretagne a une frontière terrestre avec un autre pays européen. Et que cette frontière terrestre dans une histoire très récente était le lieu d’affrontements importants, proche d’une guerre civile. Les accords du « vendredi saint » datent du 10 avril 1998, seulement 20 ans. Comment éviter de recréer une séparation entre l’Ulster (Irlande du Nord) et la République d’Irlande et risquer d’ouvrir une fracture récente. Que va-t-il se passer en Irlande ? Le sujet est tellement important qu’on est en train d’imaginer une zone tampon de 10 miles qui serait mixte Europe/Grande-Bretagne pour éviter absolument les postes frontières, les gardes armés et les Ranger Rover militarisés entre les deux pays. Illustration forte que le Brexit va toucher très concrètement la vie des gens.
Les PME exportatrices vont trinquer avec le Brexit
Pour en revenir au risque sur l’économie européenne, il ne faut pas négliger les deux paramètres de l’équation. Quelle influence directe sur les entreprises exportatrices européennes qui commerçaient avec les Anglais ? Et inversement. En effet, indirectement, si des entreprises Anglaises exportatrices de biens et services se portent moins bien, l’économie outre-manche va ralentir et donc obligatoirement réduire aussi les importations.
Un cabinet spécialisé estime dans une étude publiée au début de mois de juin (format pdf) qu’un scénario dit du « hard Brexit » coûterait aux entreprises du Royaume-Uni et de l’UE près de 70 milliards d’euros avec environ 38 milliards pour les Anglais, le reste pour les européens. Si les pays arrivent à s’entendre dans le cadre d’une « Union Douanière », ce coût serait quasiment divisé par deux.
Evidemment, dans neuf mois, on peut s’attendre à ce que les PME exportatrices trinquent en premier. En effet, elles ne sont préparées à assumer le coût réglementaire supplémentaire prévu par le retour des barrières douanières.
Les pays les plus impactés en raison de la taille de leurs économies par la sortie de la Grande-Bretagne sont l’Allemagne, les Pays Bas et en troisième position la France.
Les secteurs les plus touchés sont l’aéronautique, l’automobile et l’agro-alimentaire.
Ainsi, que va-t-il se passer pour la production de l’Airbus A380 dont deux sites de productions sont situés de l’autre côté de la Manche.
Ils récupèrent des éléments venus d’Allemagne avant de les envoyer en France : deux taxes ? Une d’entrée, une de sortie ?
L’agro-alimentaire français dans la tourmente
Le Brexit couterait donc selon cette étude 4 milliards d’euros à la France. « Les secteurs d’activités français les plus concernés sont l’agroalimentaire (notamment les produits laitiers, vins et spiritueux), les biens de consommation (notamment joaillerie, parfumerie et habillement) ainsi que les industries automobile, chimique et aérospatiale et les biens industriels. » précisent les auteurs.
Il existe enfin une économie moins visible qui sera impactée. Londres était un lieu d’investissement, notamment en immobilier des personnes les plus riches de la planète. De nombreuses fortunes grecques par exemple ont été « exfiltrées » sous forme d’achat d’appartements ou d’hôtels particuliers à Londres. Mais voilà, Brexit oblige, le marché se retourne. En mars 2018, le Figaro Immobilier annonçait une baisse des prix allant jusqu’à 15% dans certains quartiers ! Les riches propriétaires sont donc en train de se délester de ces biens, dans la précipitation. Ils recherchent d’autres placements moins sensibles à la conjoncture économique et politique comme l’or, l’argent mais aussi les forêts.