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Pour la première fois, un pays fait du Bitcoin une monnaie à cours légal. La loi adoptée par le Salvador n’a que des avantages selon le Président du petit pays d’Amérique Centrale. En fait, quand on regarde de plus près les réels besoins de cet Etat, on se dit qu’il aurait dû choisir l’or comme monnaie légale plutôt que le Bitcoin.

Les raisons du choix du Bitcoin comme monnaie officielle

Le Parlement du Salvador a adopté une loi qui donne au BTC le statut de monnaie à cours légal aux côtés du dollar. Aujourd’hui donc au Salvador, si vous arrivez dans une banque et que vous voulez échanger tout ou partie d’un Bitcoin, on doit l’accepter. Et même dans l’absolu vous l’échanger contre des dollars. Quelles sont les raisons de ce choix ?

Un beau coup de pub pour Bukele

On ne va pas se mentir, le très jeune (37 ans) Président Salvadorien Nayib Bukele s’est offert un joli coup de pub planétaire avec cette annonce.

Elu en 2019 comme candidat anti-système, autoritaire, on peut dire que le BITCOIN lui aura fait un nom en quelques secondes. Dans notre match face à l’or, sur ce point, le BTC a sans doute gagné.

Eviter des frais bancaires aux émigrés du Salvador

Près d’un quart de la population du Salvador a fuit la violence et la pauvreté. On retrouve ces migrants essentiellement aux Etats-Unis. Cette diaspora finance en grande partie les familles restées au pays. Selon le président Bukele, ces transferts internationaux coûtent très cher. Une partie de la richesse salvadorienne est captée par les banques et autres organismes de paiement. Le Bitcoin permet de transférer de l’argent avec très peu de frais, c’est un fait.

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Diminuer la dépendance du pays au dollar

Cela pourrait être le principal sujet. Le Salvador dépend doublement du dollar. C’est sa monnaie officielle et un quart de sa population travaille chez l’Oncle Sam. La dépendance au dollar pose problème en cas de baisse de la valeur du billet vert mais surtout, elle implique des devoirs importants pour le système bancaire local. Utiliser le dollar comme monnaie légale, c’est un droit donné par les autorités américaines qui peut le retirer et donc faire pression. Le FMI a déjà annoncé qu’il allait regarder cette loi dans le détail avant d’aider financièrement le pays.

Attirer des investisseurs et des entreprises

Les acteurs de l’écosystème des cryptomonnaies s’en plaignent assez souvent, de nombreux pays font tout pour leur mettre des bâtons dans les roues. Les banques centrales et les ministères des finances tentent de reprendre la main sur ces flux financiers, ils veulent absolument contrôler ou maîtriser les blockchains. Mais les acteurs des cryptos savent aussi depuis quelques années qu’il leur faut plutôt « faire  avec » que contre les régulateurs. Et on peut parier que les sociétés inscrites au Salvador seront marquées au fer rouge dès qu’elles voudront agir en dehors des frontières du petit Etat. Quelques entreprises cryptos installées à Malte en savent quelque chose.

Les limites du Bitcoin comme monnaie légale

Les élus d’opposition du Salvador n’ont pas manqué de le faire remarquer. La volatilité extrême du Bitcoin, sans fixing, rend très compliqués les paiements du monde numérique vers le monde réel.

Difficile de payer ses impôts en Bitcoin

Bukele affirme qu’il sera possible de payer ses impôts en BTC. Imaginons que le cours chute de 20 ou 30% comme cela arrive fréquemment, le pays perdrait 20 ou 30% de la valeur de ses recettes fiscales ? A l’inverse diront les promoteurs de la crypto monnaie, le pays engrangerait plus d’argent si elle flambe. Difficile de gérer les finances d’un pays comme cela.

Faire ses courses en Bitcoin, vraiment ?

Même si cela pourrait arriver un jour pour l’instant la lenteur de transfert d’un BITCOIN n’est vraiment pas adaptée au commerce de proximité. On se voit mal attendre 10 ou 15 minutes la validation de la transaction dans une boulangerie ou même au restaurant.

Pourquoi l’or comme monnaie à cours légal serait plus efficace ?

Krugerrand – revers avec le springbok

Cela ne serait pas une première puisqu’il existe un certain nombre de pièces d’or qui ont cours légal dans le monde. Et surtout, l’une d’elle est vraiment calée sur le cours de l’or puisqu’elle n’a pas de valeur faciale. Il s’agit du Krugerrand, la monnaie Sud-Africaine d’une 1 once qui vaut… 1 once d’or. Nayib Bukele, s’il avait opté pour l’or comme monnaie légale, n’aurait pas bénéficié du coup de projecteur lié à la « première planétaire ». Mais il aurait pu surfer sur la mise en place de l’or comme monnaie officielle, ce qui n’est pas le cas de l’Afrique du Sud.

Pas de frais de transfert pour l’or non plus

Si on s’amuse à passer des frontières avec des lingots et des pièces d’or en grand nombre dans ses bagages, on risque, comme pour les espèces, de devoir rendre des comptes aux douanes. Mais quand on parle de BTC, on parle de transferts numériques. Donc il suffit de numériser l’or pour aboutir au même résultat.

Payer ses courses en or

Alors, là, on imagine difficilement le paiement à la boulangerie avec des pièces d’or. Cela pourrait être possible mais compliqué on l’admet. En effet, on peut faire des pièces d’un gramme d’or comme les Vera One qui au mois de juin 2021 valent environ 68 euros. Difficile en revanche de faire un demi-gramme ou 1/10ème de gramme pour le pain ou pour rendre la monnaie. De plus, les pièces qui circulent s’abiment, elles perdent de la valeur.  Et pourtant, une autre possibilité existe. Le service Veracash (disclaimer : société du groupe AuCOFFRE, notre éditeur) « tokenise » (transforme en jetons numériques) des grammes d’or. Donc pour la population salvadorienne émigrée qui souhaite transférer des sommes « au pays », cela ne pose pas de problème et pour payer son pain, une carte de paiement adossée au compte en or, le tour est joué !

Une volatilité bien moindre

Le cours de l’or n’est pas inerte. Mais il n’est pas victime de sautes d’humeur ou de rumeurs ou de déclarations d’un gourou planétaire qui le font flamber ou plonger en quelques secondes ! L’or est une valeur qui répond de multiples sous-jacents qui s’opposent ou se complètent mais qui permettent à la valeur de conserver un équilibre dans toutes les situations. Pour faire un budget ou maîtriser la collecte de l’impôt, c’est mieux.

L’or pour réduire sa dépendance au dollar

Depuis quelques années, de nombreux pays ont décidé de renforcer leurs réserves en or pour réduire leur dépendance au billet vert. On pense à la Russie mais aussi à la Turquie dont la Livre avait été attaquée par Donald Trump. La banque centrale turque vient justement d’interdire l’usage des cryptos pour éviter la fuite de la richesse du pays dans la blockchain. C’est-à-dire, le chemin exactement inverse de celui emprunté par le Salvador.

Alors, Monsieur le Président Bukele, convaincu de revoir votre loi pour passer l’or en monnaie officielle du Salvador à la place du Bitcoin ?

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Benjamin Rosoor
Je suis entrepreneur sur le web depuis 1999. Diplômé de l'école de journalisme de Bordeaux, j'ai tout d'abord été journaliste-reporter radio pendant 10 ans. J'anime plusieurs médias sociaux et blogs sur les entreprises, la tech, la finance, le marketing digital.

1 COMMENTAIRE

  1. Ils savent tous que le bitcoin n’est pas fait pour faire les courses ou des transactions récurrentes, mais le besoin est d’avoir sa réserve de bitcoin afin que les altcoins survivent.

    Il y a Stellar ou Cardano(ADA) qui peuvent largement répondre aux transactions quotidiennes ou autres alternatives, mais le Bitcoin est bien sûr le maître, s’il monte, tout monte avec lui.

    Mais il viendra le jour où les altcoins ne suivront plus le cours de l’altcoin, on verra des chartes POW et des charte POS, POH(SOL)…

    Il faut du temps pour que cela puisse arriver, on est vraiment au tout début, les gens ne sont pas encore prêt à réaliser ce que cette technologie peut apporter, les pays pauvres le réalisent déjà 😉

    Bien à vous

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