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Sous le règne de Napoléon III, la France va connaître plusieurs bouleversements. Y compris du côté de sa monnaie : on doit à l’empereur français la frappe de plusieurs nouvelles pièces remarquables, parmi lesquelles la spectaculaire pièce de 100 francs or, la remarquable (et petite) 5 francs or et enfin la Napoléon 50 francs. Cette pièce remplace la 40 francs or, avec une valeur faciale innovante. Quelles sont les caractéristiques de cette pièce, et en quoi s’inscrit-elle dans la tradition des pièces d’investissement comme le Napoléon 20 francs ? Explications.

50 Francs Napoléon III : une « grosse » pièce d’or !

C’est une des nouveautés monétaires du règne de Napoléon III. La pièce de 50 francs or a pour objectif de remplacer la pièce d’or de 40 francs émise depuis l’Empire. Celle-ci correspond à un vestige du système duo-décimal qui prévalait avant la Révolution, donc avant la mise en place du franc germinal. Elle ne s’inscrivait plus dans une logique de gamme s’étendant de la pièce de 5 francs à celle de 100 francs.

En revanche, contrairement à la pièce de 100 francs, dont on connaît des essais de fabrication depuis Charles X, cette valeur faciale est totalement innovante. Elle s’inscrit parfaitement dans un paysage économique marqué par les grandes découvertes aurifères d’Amérique du Nord et d’Australie. Les différentes ruées vers l’or permettent une abondance d’or sur le marché, ce qui autorise la frappe de ces grosses pièces.

Ainsi, la pièce de 50 francs Napoléon III présente des dimensions remarquables : un diamètre de 28 mm pour un poids de 16,129 grammes. Son titre en or est de 900 millièmes, comme les autres pièces d’or Napoléon. En comparaison, la pièce de 20 francs or (le classique Napoléon) présente un diamètre de 21 mm pour un poids de 6,45 grammes.

Les caractéristiques de la Napoléon 50 francs «Tête Nue »

Dès la proclamation du retour à l’Empire, par décret du 2 décembre 1852, Napoléon III ordonne que « à l’avenir, les monnaies d’or, d’argent et de bronze seront frappées à l’effigie de l’Empereur. Elles porteront la légende « Napoléon III Empereur » et de l’autre côté les mots « Empire français ».

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Notez que les types monétaires du Second Empire n’ont pas donné lieu à un concours monétaire (comme ce fut le cas en 1848). Jacques-Jean Barre, graveur général des Monnaies au moment du changement de régime, réussit à imposer un monopole contre deux autres ambitieux graveurs qu’étaient Caqué et Bouvet. A partir de 1855, c’est son frère Albert Barre qui lui succède.

On ne retrouve pas les mêmes variétés que pour les pièces de 5 et 10 francs en or. Elles seront frappées de 1855 jusqu’en 1859 dans les hôtels des monnaies de Paris (lettre A) et Strasbourg (lettres BB).

Les caractéristiques de la Napoléon 50 francs « Tête Laurée »

Le 31 octobre 1860, le Ministre des Finances adopte par simple décision le projet d’effigie de l’Empereur couronné de lauriers, afin de célébrer les victoires des premières guerres du règne.  Dès l’année suivante, cette nouvelle effigie, due à Albert-Désiré Barre, apparaît donc sur les espèces. Elle ne sera plus modifiée. Ses caractéristiques techniques restent celles définies par le décret du 12 décembre 1854, c’est à dire un diamètre de 28 mm, un poids de de 16,129 g et un titre en or de 900 millièmes.

La tête de Napoléon III, toujours tournée vers la droite, arbore désormais une couronne de laurier, liés derrière par un ruban qui retombe sur la base du cou. La légende, elle, ne change pas.

Le revers est, lui, complètement différent. Le centre, jusqu’alors occupé par la valeur faciale, est désormais occupé par de spectaculaires armoiries impériales :

  • un aigle éployé, tenant un foudre entre ses serres ;
  • entouré du collier de la Légion d’Honneur dont la bélière porte la lettre N ;
  • brochant sur les insignes du nouveau pouvoir, une main de Justice et le sceptre de Charlemagne posés en sautoir ;
  • reposant sur une tenture ornée d’hermine à l’intérieur et d’abeilles à l’extérieur ;
  • sommé de la couronne impériale de laquelle partent deux rubans.

Cette pièce est frappée de 1862 à 1868 par les ateliers de Paris (lettre A à l’exergue du revers) et de Strasbourg (Lettres BB). Il semblerait que des faux aux millésimes 1868 BB et 1869 BB circuleraient.

Les pièces d’or Napoléon : pourquoi sont-elles emblématiques ?

Le terme « Napoléon » fait le plus souvent référence à la pièce de 20 francs or, frappée à partir de 1803. Cette pièce, qui porte le profil de Napoléon Bonaparte premier consul puis empereur, est emblématique à plus d’un titre. D’abord parce que Napoléon remanie entièrement le système monétaire français, en instaurant le franc germinal et le bimétallisme or-argent. Mais aussi parce ces pièces françaises sont frappées sous plusieurs régimes différents (république, empire et même monarchie), et qu’elles traversent même les frontières lorsqu’elles sont utilisées comme socle commun pour les pièces d’or et d’argent de l’Union Latine.

Il existe en fait une grande variété de types de Napoléon… et aussi plusieurs valeurs faciales différentes. Plusieurs de ces pièces, qui ont circulé et qui ont eu cours légal, sont particulièrement recherchées aujourd’hui pour leurs caractéristiques et leurs qualités d’investissement. Selon leur type, elles se déclinent en version « Tête Nue » ou « Tête Laurée », et elles peuvent porter les profils de Louis XVIII, Charles X ou Napoléon III. Il existe aussi des Napoléon Cérès, Génie ou Marianne.

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Bruno Collin
Elève d’Emmanuel Le Roy Ladurie, Docteur en histoire économique et monétaire, expert numismate et journaliste. Auteur d’une quinzaine d’ouvrages et de plusieurs centaines d’articles sur ce sujet, il analyse la monnaie sous tous ses multiples aspects : historique, valeur, économique, support de propagande, nerf de la guerre, objet de placement, techniques de fabrication, métaux...

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