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Vous connaissez déjà certainement la Napoléon 20 francs or, la pièce française la plus emblématique. Mais connaissez-vous la plus petite division du Napoléon ? Il s’agit de la pièce d’or de 5 francs, et elle n’a rien à voir avec sa grande sœur en argent, même si elle porte la même valeur faciale.

5 Francs Napoléon III : histoire d’une petite pièce devenue grande

C’est la plus petite monnaie d’or française ayant eu cours légal. Elle est créée par décret du 12 janvier 1854. Sa naissance est uniquement due à une distorsion du cours de l’or par rapport à celui de l’argent. Rappelez-vous : cette période est celle des découvertes et de l’exploitation des mines d’or d’Amérique du Nord et d’Australie. C’est notamment la ruée vers l’or en Californie.

Cet afflux de métal précieux fait baisser le cours de l’or, tandis que dans le même temps, les ressources en argent stagnent, voire régressent, donnant de fait à l’argent une prime par rapport à l’or. Même faible, cette prime mettait en péril de système bimétallique or/argent majoritaire dans le monde et cela provoqua un double effet négatif. Tout d’abord, une fuite des espèces à fort titre, comme, en France, pour les grosses pièces de 5 francs argent frappées depuis la Révolution. Sous Napoléon III, à peine émises, ces monnaies disparaissent de la circulation pour être refondues. Second effet, plusieurs pays européens décident de diminuer le titre de leurs monnaies d’argent passant de 900 à 835 millièmes. Comme le prédit la loi de Gresham, « la mauvaise monnaie chasse la bonne » : les pièces françaises en argent sont donc massivement exportées.

La petite pièce Napoléon 5 francs or vient donc tenter de suppléer au manque d’écus argent, c’est-à-dire les pièces de 5 francs. Mais sa frappe s’est révélée en raison de sa petite taille et de son faible poids en or. Les premières pièces « Tête Nue » mesurent d’abord 14 mm, puis 17 mm. Elles pèsent 1,61 g avec un titre de 900 millièmes d’or pur.

Quelles sont les caractéristiques de la pièce Napoléon 5 francs « Tête Nue » ?

Dès la proclamation du retour à l’Empire, le 2 décembre 1852, Napoléon III ordonne que « à l’avenir, les monnaies d’or, d’argent et de bronze seront frappées à l’effigie de l’Empereur. Elles porteront la légende « Napoléon III Empereur » et de l’autre côté les mots « Empire français » ».

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Notez que les types monétaires du Second Empire n’ont pas donné lieu à un concours monétaire (comme ce fut le cas en 1848). Jacques-Jean Barre, graveur général des Monnaies au moment du changement de régime, réussit à imposer un monopole contre deux autres ambitieux graveurs qu’étaient Caqué et Bouvet. À partir de 1855, c’est son frère Albert Barre qui lui succède.

On en trouve en fait trois variétés de la Napoléon 5 francs or « Tête Nue ». Elles ont le même poids et le même titre, mais il existe des différences. Voici comment mieux identifier chaque pièce avant tout achat ou vente.

  • Les deux premières Napoléon 5 francs or, millésimes 1854-55, ont un diamètre de 14 mm, contre 17 mm pour les suivantes ;
  • La première est frappée en application du décret du 12 janvier 1854 et a une tranche lisse ;
  • La seconde, validée par le décret du 16 juillet 1854, a une tranche cannelée ;
  • Les millésimes 1854- 1855 n’ont été frappés qu’à la Monnaie de Paris (lettre A à l’exergue du revers). Ils sont rares, car ils ont été massivement refondus dès 1855 et ont donc une très forte cote ;
  • La troisième variété, en module de 17 mm donc, fait suite au décret du 7 avril 1855 et sera frappée jusqu’en 1860 aussi bien à Paris (lettre A) qu’à Strasbourg (lettre BB).
Pièce Napoléon or 5 francs Tête Nue 1854.

Quelles caractéristiques pour la pièce Napoléon 5 francs « Tête Laurée » ?

Le 31 octobre 1860, le Ministre des Finances adopte le projet d’effigie de l’Empereur couronné de lauriers, afin de célébrer les victoires des premières guerres du règne.  Dès l’année suivante, cette nouvelle effigie apparaît donc sur les espèces. Elle ne sera plus modifiée. Ses caractéristiques techniques restent celles définies par le décret du 7 avril 1855. La Napoléon 5 francs or « Tête Laurée » présente le même poids, diamètre et titre que la version « Tête Nue » : elle mesure 17 mm, pèse 1,61 g pour un titre de 900 millièmes.

Voici comment différencier les deux pièces :

  • La tête de Napoléon III, toujours tournée vers la droite, arbore désormais une couronne de laurier, liés derrière par un ruban qui retombe sur la base du cou. La légende ne change pas ;
  • Le revers est complètement différent. Le centre, jusqu’alors occupé par la valeur faciale, est désormais occupé par de spectaculaires armoiries impériales :
    • un aigle éployé, tenant un foudre entre ses serres ;
    • entouré du collier de la Légion d’Honneur dont la bélière porte la lettre N ;
    • brochant sur les insignes du nouveau pouvoir, une main de Justice et le sceptre de Charlemagne posés en sautoir ;
    • reposant sur une tenture ornée d’hermine à l’intérieur et d’abeilles à l’extérieur ;
    • sommé de la couronne impériale de laquelle partent deux rubans.

Cette pièce est frappée de 1862 à 1868 par les ateliers de Paris (lettre A à l’exergue du revers) et de Strasbourg (Lettres BB).

Pièce Napoléon or 5 francs Tête Laurée 1864.

Pourquoi le Napoléon est une pièce d’or emblématique ?

Lorsqu’il est question d’un « Napoléon », il s’agit le plus souvent du Napoléon 20 francs or. Cette pièce, frappée à partir de 1803, remplace le Louis d’or et révolutionne le système monétaire français en instaurant le franc germinal. Pièce symbole de la Révolution française, elle est aussi remarquable puisque les premières frappes portent le profil de Napoléon Bonaparte, premier consul puis empereur.

Le Napoléon connaît plusieurs types. Au fil des régimes, la pièce de 20 francs est frappée avec les profils de Louis XVIII, Charles X, Louis Philippe, Cérès (Seconde République), Napoléon III et enfin du Génie et Marianne (IIIᵉ République). Il se décline aussi en version « Tête Nue » et « Tête Laurée ». Véritable socle monétaire de plusieurs régimes, le Napoléon 20 francs devient aussi une pièce référence au-delà des frontières dans le cadre de l’Union Latine. Dans cette Europe monétaire avant l’heure, la monnaie française est utilisée comme étalon pour les pièces en or et en argent italiennes, suisses ou encore belges.

Le Napoléon 20 francs or n’est pas la seule pièce emblématique de cette période. Aujourd’hui encore, plusieurs pièces sont aussi recherchées pour leurs caractéristiques et leurs qualités d’investissement :

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Bruno Collin
Elève d’Emmanuel Le Roy Ladurie, Docteur en histoire économique et monétaire, expert numismate et journaliste. Auteur d’une quinzaine d’ouvrages et de plusieurs centaines d’articles sur ce sujet, il analyse la monnaie sous tous ses multiples aspects : historique, valeur, économique, support de propagande, nerf de la guerre, objet de placement, techniques de fabrication, métaux...

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