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En avril 2015, dans le but louable de générer de la croissance, François Hollande a confié à son Premier ministre, Manuel Valls, le soin de relancer l’investissement des entreprises par le biais de nouvelles dépenses publiques dont on peu se demander si elles sont vraiment légitimes.

Le propos peut sembler provoquant. Contester le bien-fondé des aides aux entreprises, à plus forte raison celles destinées à favoriser l’investissement, c’est un peu comme entrer volontairement dans le camp des négationnistes de l’économie. Et pourtant, n’en déplaise aux garants de la pensée dominante bien propre sur elle et qui sent bon le conformisme, l’action gouvernementale en faveur des entreprises se trompe totalement de cible en cherchant à faciliter l’investissement avant tout.

D’abord parce que l’investissement bénéficie déjà d’un arsenal de mesures particulièrement complet et varié. Qu’il s’agisse des aides à l’équipement en technologies numériques, à l’achat ou la modernisation de machines et de matériels, de soutien financier à la construction ou l’acquisition d’un local, à son extension, sa rénovation, son aménagement ou encore la mise en place de crédits d’impôts destinés à améliorer la compétitivité des entreprises, le domaine est déjà bien couvert.

Ensuite parce que l’investissement ne dépend pas d’une décision politique mais d’un choix entrepreneurial, lequel va dépendre d’un certain nombre de critère tels que l’environnement économique (favorable ou non), la concurrence (active ou non), la rentabilité à court, moyen et long terme, etc. Au final, un entrepreneur ne va pas décider d’investir parce qu’il peut le faire, mais lorsqu’il doit le faire.

Enfin, et peut-être même surtout, parce que le dernier rapport annuel de Henderson Global Investor montre que les entreprises françaises non financières consacrent 85% de leurs bénéfices aux dividendes (30% en 1980), soit 2,6 fois plus que le montant consacré aux investissements. Au total, elles ont ainsi versé environ 43 milliards d’euros à leurs actionnaires en 2015. Plus que dans tous les autres pays européens, il faut le souligner.

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À côté de cela, le gouvernement nous annonce un effort 2,5 milliards d’euros consentis sur la période 2015-2017 pour aider les entreprises à investir, objectif jugé crucial dans la course à la croissance qui obsède nos politiques du matin au soir. Mais, sans vouloir jouer le gauchiste de base, dans un contexte qui semble parfaitement hostile à l’investissement (la crise n’incite guère à la dépense), au profit de la rentabilité immédiate, ne serait-il pas plus pertinent de surtaxer la distribution de dividendes (au-delà d’un certain seuil afin de ne pas pénaliser les petits entrepreneurs qui n’ont bien souvent que ce moyen pour se rémunérer) et favoriser fiscalement les bénéfices réinvestis ?

Le plus drôle (si l’on peut dire !) c’est que la mesure phare de cette nouvelle action gouvernementale à fonds perdus n’est rien moins qu’un sur-amortissement de 40% pour tous les investissements réalisés entre 2015 et 2016 (en clair, les entreprises pourront amortir les biens à hauteur de 140 % de leur valeur). L’objectif avoué est de permettre aux entreprises de réduire leur impôt sur les sociétés.

Mais quelqu’un dans l’entourage de Monsieur Valls a-t-il pensé que ça allait aussi du même coup leur permettre d’augmenter le bénéfice distribuable… et donc les dividendes ?

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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