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Un sondage réalisé ce printemps montre que les Français sont de plus en plus favorables à l’or en garantie de la monnaie européenne mais aussi, pour certains comme monnaie complémentaire. Cette enquête est d’autant plus intéressante qu’elle a été réalisée hors période électorale. On n’y retrouve donc pas les postures passionnelles et les éléments clivants liés au débat politique et aux positions de certains partis.

L’institut Opinion Way mène cette enquête depuis plusieurs années auprès d’un échantillon représentatif de 1000 personnes, les réponses favorables à l’or sont en forte progression cette année par rapport à la dernière étude conduite à la fin de l’année 2016.

Premier enseignement de ce sondage :

Plus d’un Français sur trois (35% soit une augmentation de 6%) seraient intéressés par la possibilité d’utiliser une monnaie basée sur l’or si celle-ci venait en complément de l’euro.

L’euro devrait être indexé sur l’or

Les Français considèrent en majorité que l’euro favorise la spéculation financière, ils sont même 67% à le penser dans les classes populaires. Ils constatent que l’euro n’étant pas étalonné, son cours est fixé par le système des changes flottants. La monnaie européenne reste donc déconnectée de toute valeur « physique » et donc peut être soumise à des perturbations géopolitiques et macro-économiques en Europe mais aussi dans le reste du monde.

Dans ce contexte, l’indexation sur l’or semble une solution pour les personnes sondées. Les plus âgés sont une écrasante majorité à penser que l’euro devrait être garanti par l’or des banques centrales (74% des personnes âgées de 50 ans et plus contre 63% des personnes âgées de moins de 35 ans). C’est ainsi qu’on retrouve au fil des réponses, les éléments traditionnels exprimés autour des réserves en or : une arme anti-crise et de stabilité financière pour la collectivité et les institutions.

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Bretton Woods : nos jours heureux

Les effets de la fin des accords de Bretton Woods

Le souvenir des accords de Bretton Woods (1944) reste bien ancré dans la mémoire collective. Après-guerre, les monnaies indexées sur le dollar qui lui-même était indexé sur l’or ont apporté une stabilité bienvenue dans un monde qui avait besoin de se reconstruire et de respirer après des années de chaos. Le choix du dollar comme monnaie de référence s’expliquait par la présence de quasiment la moitié des réserves d’or mondiales aux Etats-Unis.

Un système qui se trouve en danger quand les demandes de conversion de dollars en or se multiplient. En effet, l’économie est en surchauffe en en cette fin des 30 Glorieuses. Par exemple, le volume de monnaie augmente de 10% en 1970 pour accompagner cette croissance. C’est quand la Grande-Bretagne demande une conversion de 750 millions de dollars en or le 12 août 1971 que la décision de mettre fin à l’étalon-or est prise ! Nixon en 3 jours décide de ne plus convertir les dollars en or et impose un plan anti-inflation drastique au détriment de ses partenaires commerciaux dans le monde. Wall Street acclame la décision : le 16 août 1971, le Dow Jones clôture en hausse de 33% !

Or et monnaie : de la garantie à l’usage

Quand le sondage commence à évoquer l’idée d’une monnaie basée sur l’or, avec des pièces d’or ou un système d’échange garanti par de l’or, on note que les mêmes avantages sont cités. Sentiment d’épargne ou d’investissement sécurisé qui est corroboré par les déclarations de Bill Gross fin 2016, après l’élection de Donal Trump. L’ex-dirigeant du fonds Pimco soutient en effet que dans un contexte de taux bas, le meilleur placement c’est l’or et même de clamer haut et fort qu’il préfère le métal précieux aux obligations d’Etat. Ils sont quelques-uns, gros gestionnaires de fonds comme lui, à parier sur le métal jaune.

Ainsi, 63% des personnes interrogées souhaitent que cette monnaie puisse garantir leur épargne en cas de crise : les notions de valeur refuge et d’impossibilité de séquestration par les banques ou les Etats sont bien présentes.

Les garanties incitant à utiliser une monnaie basée sur l'or

On notera aussi que les citoyens ont un vrai besoin d’une monnaie respectueuse de l’environnement et qu’effectivement, il ne faudrait pas que ces pièces d’or, ces jetons ou ces lingots proviennent d’une extraction qui ne respecte pas les conditions de travail ou la nature. Une responsabilité sociétale très présente puisqu’après la sécurité financière, la plupart des garanties demandées par les sondés pour pouvoir utiliser une telle monnaie sont :

  • le respect de l’environnement (60%) ;
  • la lutte contre le blanchiment d’argent, la fraude fiscale et le financement du terrorisme (59%) ;
  • un processus d’extraction de l’or respectueux des conditions de travail (56%).

Cette problématique de développement durable dans l’industrie aurifère est aujourd’hui de plus en plus prise en considération. J’avais rédigé un article sur ce sujet en proposant un tour du monde de l’extraction avec les bons et les mauvais élèves que je vous invite à relire.

Enfin, la filière du recyclage est aujourd’hui de mieux en mieux structurée et elle arrive maintenant à inscrire dans un contexte d’économie circulaire pour l’industrie électronique notamment.

Le retour au paiement en pièces d’or ?

Cela semble difficile quand même. D’abord, les pièces d’or sont difficilement sécables et fragiles. On voit mal aujourd’hui quelqu’un acheter pour l’équivalent de 230 euros de courses dans son supermarché avec un Napoléon 20 Francs (Louis d’Or) notamment parce que le prix d’une telle pièce est lié à son état, donc la moindre trace d’usage est sanctionnée par une baisse de valeur. Cela serait en revanche envisageable avec des pièces en argent comme la semeuse 5 francs.

On se dirige donc plutôt vers des possibilités de garantir une épargne avec un équivalent en pièces ou jetons en or. Un peu comme la réserve d’une banque centrale garantit les finances d’un état, un particulier peut aujourd’hui détenir des grammes d’or dans des coffres.

Il reste maintenant à transformer tout ça en monnaie. C’est-à-dire qui puisse s’échanger pour acheter des biens ou des services. Aujourd’hui, avec la qualité des transactions numériques, des cartes bancaires permettent déjà de transformer instantanément de l’or en euros via un paiement sur un terminal dans un commerce. Demain, avec la technologie blockchain on devrait pouvoir s’échanger des crédits ou des points via une simple application mobile ou des sms, le tout reposant sur une réserve en or… bien tangible !

Méthodologie de l’enquête : Sondage OpinionWay pour VeraCash. Echantillon de 1015 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. Du 28 février au 1er mars 2018.

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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