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Si le cours de l’or baisse régulièrement depuis plusieurs mois, c’est peut-être aussi parce que les investisseurs veulent profiter une dernière fois du dollar avant son effondrement…

Durant le deuxième trimestre écoulé, tandis que le dollar voyait son cours s’apprécier progressivement sous l’effet cumulé de la croissance économique et de la remontée des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine, l’or en revanche, en sa qualité de valeur refuge au destin inversement corrélé à celui du billet vert, connaissait quant à lui une dégringolade historique d’environ 10% sur 3 mois.

Pire, cette chute des cours du métal jaune semble aller crescendo : -0,8 % en avril, -1,2 % en mai, -3,6 % en juin et, déjà près de 3 % depuis le début du mois de juillet.

Quand Trump limite involontairement la chute de l’or

Fort heureusement, si l’on peut dire, les sorties médiatiques de Donald Trump viennent régulièrement mettre à mal la confiance des investisseurs dans l’économie américaine, que ce soit quand il menace telle ou telle puissance de conflit armé, quand il relance l’idée d’une guerre économique totale basé sur un protectionnisme digne des années 1920-1930 ou encore quand il s’oppose avec véhémence à de prétendues manipulations de devises de la part des Chinois comme des Européens (tout en cherchant lui-même à faire baisser le dollar en dehors des marchés).

De fait, même si le dollar continue à progresser, il ne le fait pas forcément au pas de charge auquel on pourrait s’attendre, et cela permet notamment à l’or de souffler un peu par moments durant sa descente. Mais il n’empêche que le cours du métal précieux est déjà retombé à son plus bas depuis un an, effaçant en quelques semaines douze mois de croissance déjà modeste.

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Une baisse de l’or en dépit de signes qui devraient au contraire entraîner sa hausse

Et la plupart des analystes prédisent une poursuite de la baisse, face à un comportement vendeur extrèmement agressif des hedge funds et autres fonds spéculateurs. Ainsi, en une semaine à peine, du 10 au 17 juillet, ces investisseurs majeurs ont cédé tellement de leurs positions sur l’or qu’on n’avait plus vu ça depuis au moins 2006 !

Pourtant, les signes habituellement favorables au renforcement de l’or sont bien présents, ce qui déconcerte énormément les observateurs. Par exemple, la remontée de l’inflation américaine, qui a atteint une valeur inédite depuis 2012, et le risque politique induit par les nombreux scandales à la Maison Blanche auraient dû profiter à l’or. De la même façon, les menaces de conflit commercial avec l’Europe ou avec la Chine, laquelle pourrait d’ailleurs connaître elle aussi un net ralentissement économique à plus ou moins long terme, auraient dû également se traduire par un renforcement de l’or en sa qualité de valeur refuge.

Au lieu de cela, l’or a continué à plonger, comme si les investisseurs étaient subitement devenus insensibles aux signaux habituels indiquant la nécessité de consolider leurs actifs en les protégeant des turbulences économiques. À la place des métaux précieux, les voilà qui achètent massivement du dollar, alors même que tous les économistes s’accordent à dire que cette devise est menacée d’implosion sous le poids excessif d’une masse monétaire devenue incontrôlable.

Le dollar proche de l’effondrement ?

Ces investisseurs sont-ils devenus inconscients ou simplement mus par l’appât du gain ? Car il est évident que si la devise américaine devait un jour s’effondrer, tout serait tenté pour retarder l’échéance fatale. Et c’est peut-être d’ailleurs déjà le cas, notamment par un récent relèvement du plafond de la dette américaine, qui atteint déjà des niveaux stratosphériques (20 000 milliards de dollars).

Quoi qu’il en soit, une telle stratégie de sauvegarde à tout prix, si elle devait se confirmer et perdurer, entraînerait rapidement un formidable et ultime renchérissement de la valeur du dollar, un peu comme un chant du cygne ou le brusque flamboiement d’une étoile juste avant sa mort. Si nous sommes effectivement à l’aube d’une telle situation, alors il n’est guère surprenant que certains aient fait le pari de s’enrichir au maximum (et jusqu’au bout !) sur le dos d’un dollar artificiellement gonflé avant que celui-ci ne s’effondre, en espérant bien évidemment sauter en marche au dernier moment et éviter de disparaître avec lui.

La baisse actuelle de l’or ne reflète pas la progression des cours à long terme

Finalement, si l’or baisse actuellement de manière totalement incohérente, c’est probablement davantage lié à la politique abusivement séduisante des marchés financiers qui jouent sur l’appétit inextinguible des investisseurs pour générer toujours plus de profit, que sur la valeur intrinsèque du métal jaune dont la nature de valeur refuge demeure intacte.

Ce qu’il est important de garder à l’esprit, en revanche, c’est qu’un état à un moment donné n’informe pas nécessairement sur l’orientation d’un processus plus global. Ainsi une baisse ou une hausse récentes des cours ne constituent souvent que des ajustements, des corrections comme disent les analystes financiers, qui viennent compenser des mouvements un peu excessifs venant détonner avec la tendance générale. Par exemple, la très forte hausse du cours de l’or en 2011-2012 a immédiatement été suivie par une baisse tout aussi rapide (et non par une poursuite de la hausse à un rythme moins soutenu par exemple). Mais le cours n’est pas non plus retombé à son niveau d’avant la hausse ; il s’est au contraire retrouvé au niveau qui aurait pu être le sien si la progression de la décennie précédente était restée constante sans « l’accident » de 2011.

Par conséquent, même si l’or se trouve désormais à un niveau relativement faible, il reste néanmoins supérieur à ce qu’il était encore il y a 2-3 ans et pourrait très bientôt connaître une nouvelle correction à la hausse pour renouer avec sa tendance haussière de long terme.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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