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Face à l’embellie que connaissent les places boursières depuis quelques semaines, les investisseurs coupent leurs positions sécurisées en ETF (or papier) pour rediriger leurs capitaux vers les actions traditionnelles. Une manœuvre qui nuit à l’appréciation de l’or véritable, l’or physique d’investissement… tout en permettant finalement aux investisseurs de s’en procurer à moindre coût en attendant une remontée probable du cours de l’once d’ici l’an prochain.

Des marchés optimistes qui anticipent un avenir économique radieux

Depuis l’élection de Donald Trump à la la présidence des États-Unis, les marchés veulent croire à une nette amélioration de l’économie américaine à brève échéance. Certes, l’intégralité de cette remontée est exclusivement due à des projections optimistes et à des anticipations de plus-values à venir, lesquelles restent susceptibles de se révéler bien moins réjouissantes qu’espérées, mais, en dépit de la probabilité assez forte que les marchés se soient encore trompés, il n’en reste pas moins que les principaux indices boursiers américains, et par ricochet les indices mondiaux, connaissent un certain rebond qui impacte donc mécaniquement les cours de l’or.

L’ennui c’est que ce processus « naturel » est biaisé par la présence massive d’or papier dans les portefeuilles des investisseurs, et ce sont principalement les entrées et sorties de ces ETF qui fixent désormais les prix de l’or en général. Ainsi, tandis que les détenteurs d’or physique le conservent contre vents et marées au mérite de sa valeur intrinsèque, les possesseurs d’ETF (qui ne sont que des titres sans substance liquidables en quelques secondes) les négocient à tour de bras en fonction des fluctuations quotidiennes du Dow Jones notamment. Ainsi, selon Bloomberg, : »Les actifs dans des fonds négociés en bourse basés sur l’or ont connu leur 14e jour consécutif de baisse, la plus longue période depuis mars 2015« . Et le renforcement du dollar ainsi que la perspective de plus en plus certaine d’une prochaine remontée des taux d’intérêt de la FED n’aident pas à la manœuvre.

Le cours de l’or baisse mais sa valeur perdure

Le cours de l’or baisse donc progressivement (tout en restant néanmoins largement positif par rapport à son niveau de l’an dernier), mais cela ne veut pas dire pour autant que la valeur de l’or physique diminue. Au contraire, même. Son cours actuel étant presque exclusivement assuré par les échanges d’ETF, on peut désormais considérer que ce cours ne valide finalement plus rien d’autre que la valeur de cet or papier, tout en facilitant l’achat d’or physique à moindre coût. Une aubaine pour ceux qui ont pris l’habitude de se constituer petit à petit un patrimoine en métaux précieux en choisissant les meilleurs moments pour acheter. Et c’est justement l’un de ces moments.

Les marchés actions et obligations dans une position inconfortable

Car tout n’est pas rose pour les marchés traditionnels, loin de là. Tout d’abord, l’euphorie des marchés actions entraîne automatiquement une dépréciation des obligations, lesquelles risquent en outre de souffrir de la remontée des taux directeurs de la banque fédérale américaine. Au passage, signalons que les investisseurs américains ont retiré pas moins de 10,7 milliards de dollars des fonds obligataires dans les deux semaines qui ont suivi la victoire de Trump (la plus forte décollecte depuis plus de trois ans), histoire d’accompagner les indices boursiers qui semblaient repartir vers des sommets. Mais nul ne sait finalement de quoi sera fait demain, et certains commencent déjà à se dire que, dès 2017, de nouvelles difficultés pourraient bien se faire jour.

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Par exemple, le nouveau locataire de la Maison Blanche pourrait bien se retrouver totalement dépourvu une fois confronté à la réalité de l’économie d’un pays surendetté et complètement dépendant du reste du monde. Sa politique pour sortir le pays de la crise et relancer sa croissance risque alors de ne pas pouvoir être activée comme il le souhaiterait. De leur côté, après l’actuelle période d’euphorie (et aussi un peu de naïveté feinte bien pratique), les marchés pourraient alors marquer le pas et se replier plus ou moins brusquement dans l’attente de vraies mesures qui ne seraient plus de simples promesses électorales. Entre-temps, si le marché obligataire n’est pas entré dans une spirale de bulle d’ici là, les bons du trésor américains (dont ceux à 10 ans sont déjà à leur plus haut depuis 17 mois) pourraient bien se renchérir en réaction au ralentissement des marchés actions… et causer une panique chez les détenteurs d’obligations déjà en circulation qui vont devenir de plus en plus difficiles à liquider.

Au final, entre crise obligataire et baisse des indices boursiers, l’or pourrait bien redevenir le placement sécurisé « à la mode », attirant de nouveau les investisseurs dont la demande pourrait bien faire remonter le cours du métal jaune vers des sommets. Ceux qui auront profité de la baisse actuelle (mais qui reste dans une tendance globale haussière) seront alors les grands gagnants de l’opération.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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