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Entre 20 et 25% des bitcoins normalement en circulation n’existeraient plus en réalité, soit une perte de 30 milliards de dollars sur un marché déjà explosif !

L’un des rares points communs qu’on peut trouver entre l’or et le bitcoin, c’est qu’ils existent tous les deux en quantité finie. Pour l’or, on sait que l’homme en a déjà extrait environ 180 000 tonnes et qu’il en reste plus ou moins 60 000 tonnes qui attendent d’être sorties du sol (ou du moins qui peuvent l’être dans l’état actuel de nos connaissance techniques). Pour les bitcoins, c’est un peu la même chose, à ceci près qu’on connaît la date précise où le minage cessera définitivement : 2040. À ce moment-là, 21 millions de bitcoins devraient être en circulation.

Sauf qu’il risque fort d’y en avoir beaucoup moins en réalité.

Des chiffres qui ne coïncident pas

Selon un récent rapport de Chainalysis, un cabinet d’analyse spécialisé dans l’étude du bitcoin, le nombre total de bicoins en circulation aujourd’hui est théoriquement de 16 382 000 environ, en comptant les quelque 605 000 unités produits jusqu’ici sur la seule année 2017. L’ennui, c’est qu’en faisant la liste des bitcoins minés et échangés depuis les débuts de la cryptomonnaie, il en manque entre 2,8 et 3,8 millions. À plus de 9 000 dollars l’unité, ça commence à faire beaucoup. 30 milliards de dollars, pour donner une valeur approximative.

Ils ont alors commencé à chercher d’où pouvaient venir les « fuites », et ils ont segmenté les différents usages du bitcoin afin de quantifier les usages les plus critiques en termes de pertes potentielles. Sans grande surprise, en raison de la valeur désormais stratosphérique de la monnaie virtuelle, les bitcoins minés cette année (et probablement les deux ou trois années précédentes) sont tous parfaitement référencés et identifiés. Il n’en manque pas un.

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Plus délicat, le segment correspondant aux « hodlers », sous-entendez les investisseurs de longue date, semble présenter un taux de déperdition particulièrement important. La raison en est à la fois très simple et totalement prévisible : l’existence des bitcoins ne tient qu’à la fiabilité des systèmes numériques qui les stockent et, au même titre qu’un tas de billets de banque peut s’envoler en fumée en cas d’incendie, un tas de bitcoins peut tout simplement disparaître, par exemple, en cas de corruption de données informatiques, de virus ou de destruction du disque dur sur lequel ils se trouvent.

Quand le bitcoin était une expérience socio-geek amusante

N’oublions pas non plus le cas de ces « investisseurs » qui ont joué le jeu du bitcoin aux tout débuts de l’aventure, dans les années 2009-2010, sans jamais penser que l’histoire irait plus loin qu’une amusante expérience sociale et qui ont depuis changé d’ordinateur en oubliant les « quelques » milliers de bitcoins qu’ils avaient acquis pour 20 ou 30 dollars de l’époque. On se souvient de l’histoire de ce jeune anglais qui, en 2013, a fait un peu de ménage dans son vieux matériel et jeté par inadvertance un disque dur contenant 7500 bitcoins, perdant du même coup plus de 7 millions de dollars. Aujourd’hui, il doit se maudire en pensant qu’il possèderait une fortune dix fois plus importante encore.

Au total, on estime qu’entre 30 et 50% des bitcoins les plus anciens ont été perdus de la sorte, soit 2 à 2,5 millions de bitcoins.

Le mystère Satoshi

Enfin, il y a le cas Satoshi, du nom (ou du pseudonyme) de l’inventeur du bitcoin. Même si Chainalysis reconnaît qu’il lui faut encore affiner ses chiffres, ce serait plus de 1 million de bitcoin, ceux créés à l’origine par Satoshi, qui auraient ainsi purement et simplement disparu en totalité. Or, hormis quelques fausses rumeurs ici ou là, plus personne n’a vraiment eu de nouvelles de ce « Satoshi » depuis 2011. A-t-il envisagé de spéculer sur sa cryptomonnaie en se réservant la possibilité de convertir ses quelques octets de départ en plusieurs véritables milliards de dollars à l’arrivée ? A-t-il seulement perdu lui-même ses premiers bitcoins lors des balbutiements de la cryptodevise ? Ces bitcoins ont-ils seulement existé ?

Quoi qu’il en soit, l’une des question que certains analystes se posent aujourd’hui, c’est de savoir si le marché du bitcoin a d’ores et déjà pris en compte cette différence entre ce qui est théoriquement en circulation et ce qui l’est réellement. Car, dans le cas contraire, la révélation brutale d’une disparition de 20 à 25% des bitcoins prétendument existants pourrait se traduire par un choc assez violent sur le cours de la cryptodevise.

L’or : un investissement durable et inaltérable

À cet égard, et puisque cet article a commencé avec le point commun existant entre l’or et le bitcoin, on peut le terminer en mettant en avant une différence notable cette fois. L’or étant quasiment indestructible, on peut raisonnablement penser que les 187 200 tonnes d’or produites à ce jour existent encore sous une forme ou sous une autre.

Et même s’il arrive que certains trésors se perdent, coulent avec des navires ou soient oubliées au fond de puits moyenâgeux, l’or est toujours là, prêt à être récupéré par qui saura le retrouver. Dans le cas des bitcoin, une fois que l’empreinte numérique a été effacée, elle est irrémédiablement perdue, emportée dans le néant au gré des flux d’électrons qui les constituaient et qui rejoindront peut-être les poussières d’étoiles dont l’Univers est constitué.

 

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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