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Plus que de ses pronostics en matière d’évolution du cours de l’once d’or, je suis friand des publications du World Gold Council (WGC) qui portent sur l’offre et la demande de métal. Fort de ses 34 ans de recul sur la question, le Conseil mondial de l’or dispose d’une certaine expertise en la matière – quoi que les données disponibles soient encore loin d’être parfaites.

Dernièrement, je vous ai proposé un panorama de l’offre et la demande en 2020 en m’appuyant sur les données du WGC. Aujourd’hui, je vous propose un focus sur ce qui est devenu l’une des composantes de la demande après avoir longtemps pesé du côté de l’offre, j’ai nommé la demande dite « officielle ». Cela fera un parfait complément à l’analyse que je vous avais proposée au sujet de la relation qu’entretiennent les banques centrales et l’argent métal.

En 2020, la demande du secteur officiel s’est effondrée de 59%. Elle est néanmoins restée positive, avec un très modeste 272,9 tonnes.

Grâce à deux publications du WGC, nous allons pouvoir prendre du recul sur la situation. Je vais en particulier m’appuyer sur le « Gold Market Primer » dédié aux banques centrales publié le 26 mars 2020, et le « 2020 Central Bank Gold Reserve Survey » publié le 18 mai 2020. Je renvoie le lecteur désireux de rester à jour sur ce genre de chiffres aux « Monthly central bank statistics » du WGC qui, outre de nombreuses données regroupées sur des tableurs Excel, proposent un graphique interactif permettant de visualiser l’évolution trimestrielle des réserves officielles d’or par pays depuis 2000.

Quelles banques centrales disposent des plus importants stocks d’or (en tonnes) ?

Commençons avec un peu de sémantique, histoire d’être sûrs que nous parlons bien de la même chose. Par « demande officielle », il faut comprendre la demande en provenance non seulement des banques centrales, mais également des institutions supranationales comme le FMI ou encore la Banque des règlements internationaux. Cependant, par abus de langage, on parle le plus souvent de la « demande des banques centrales. »

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Au total, le stock d’or détenu par les institutions officielles se montait en mars 2021 à 35 244 tonnes de métal, dont 30,5% pour les pays de la zone euro (10 772 tonnes).

Voici le détail par pays (j’ai fluoré en jaune et en vert les pays sur lesquels nous nous attardons régulièrement dans ces colonnes) :

Et voici enfin l’évolution sur les 20 dernières années pour une sélection de pays.

Evolution du stock d’or de la Banque d’Angleterre, de la Chine, de la Fédération de Russie, de la France et des Etats-Unis entre le Q1 2000 et le T4 2020 (en tonnes)

Comme vous pouvez le constater, ce sont toujours les Etats occidentaux qui disposent des stocks d’or les plus importants. Avec 2 436 tonnes d’or, la France se situe loin derrière les Etats-Unis (8 133 tonnes), mais la zone euro dans son ensemble détient plus d’or que les Américains (10 772 tonnes). La Russie arrive loin derrière (2 295 tonnes) et la Chine encore plus – en tout cas si l’on se fonde sur les 1 948 tonnes de métal dont elle reconnait officiellement la propriété.

Voilà pour la vision en termes de tonnes de métal détenues. Mais ce n’est là qu’une première façon de présenter les choses.

Quelles banques centrales disposent des plus importants stocks d’or en pourcentage du total de leurs réserves de changes ?

En retraitant les données du WGC, on peut très facilement arriver à une vision non pas en fonction de la quantité d’or détenue, mais du pourcentage que représente les réserves d’or dans le total des réserves de chacune de ces institutions officielles.

Evolution du stock d’or de la Banque d’Angleterre, de la Chine, de la Fédération de Russie, de la France et des Etats-Unis entre le Q1 2000 et le T4 2020 (en %age du total des réserves)

Certains pays occidentaux, comme les Etats-Unis ou la France, disposent à la fois un stock d’or et d’un ratio stock d’or/réserves officielles parmi les plus élevés au monde. La raison en est que dans les économies avancées, le stock des banques centrales est souvent un héritage historique.

Au contraire, des pays étant classés en haut de tableau en termes de stocks, comme c’est en particulier le cas de la Chine ou de la Russie, se retrouvent beaucoup plus loin, voire en bas de tableau lorsque l’on envisage les choses en fonction de la place qu’occupe l’or en pourcentage de leurs réserves. Dans les pays émergeants et en voie de développement (PEVD), le stock d’or est encore à constituer.

Que représentent les stocks d’or des banques centrales (et leur demande) par rapport au stock d’or mondial ?

Pour rappel, le magot des institutions officielles (35 244 tonnes d’or) représente au total 17% des 201 296 tonnes d’or extraites du sol terrestre au cours de l’histoire.

(Légende : Bijoux : 93 251,1 tonnes (46,3%) ; Investissement privé : 44 384,4 tonnes (22%) ; Banques centrales : 34 210,6 tonnes (17%), Autres : 29 448 tonnes  (14,6%) ; Réserves souterraines : 50 000 tonnes (25%))

Voilà pour les stocks.

Pour ce qui est de la demande du secteur officielle, elle a en moyenne représenté 7% de la demande totale sur la période 2010-2019.

Si les banques centrales de certains PEVD devaient rejoindre le taux de détention d’or de leurs homologues des économies avancées, il ne ferait alors aucun doute que la « demande officielle » serait susceptible de rester positive durant de nombreuses années, pour ne pas dire décennies. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a du potentiel !

J’en profite pour rappeler au passage qu’en ce qui concerne les stocks d’argent détenus par les banques centrales, Stöferle & Valek nous apprenaient dans le dernier rapport In Gold We Trust qu’au cours des cinq dernières années, les ventes d’argent de la part des gouvernements se sont élevées en moyenne à 0 million d’onces par an.

Pour en revenir à l’or, les banques centrales n’ont cependant pas toujours été acheteuses nettes. Mais ça, je vous en parlerai la semaine prochaine…

A lundi !

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Nicolas Perrin
Diplômé de l’IEP de Strasbourg, du Collège d’Europe et titulaire d’un Master 2 en Gestion de Patrimoine, Nicolas Perrin a débuté sa carrière en tant que conseiller en gestion de patrimoine. Auteur de l’ouvrage de référence "Investir sur le Marché de l’Or : Comprendre pour Agir", il est désormais rédacteur indépendant. Il s’intéresse au libéralisme, à l’économie et aux marchés financiers, en particulier aux métaux précieux et aux crypto-actifs, sans oublier la gestion de patrimoine. Twitter : @Nikookaburra

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